Accident d’expression

C’est joli, coloré, naïf, parfois agressif, toujours inventif !

© « 300 accidents d’expression : une seule victime, la langue française. » Par E. Blervaque, S.Ellias & L. Ribet


Écrit Couture, Les Quatre saisons du Ritz Paris

Mû par le désir de se rappeler au souvenir de ses clients avec délicatesse et raffinement, le Ritz Paris a confié à la Maison Trafalgar la confection écrite de quatre cartes postales, spécialement ciselées pour exprimer le passage des saisons vécu par l’hôtel, et envoyées à un trimestre d’intervalle. Rehaussant ce défi de concision et de puissance d’évocation, des illustrations signées par un artiste partenaire du Ritz furent réalisées au recto des cartes, sur l’inspiration des images littéraires proposées par la Maison Trafalgar.


Dictée solidaire ; Nous soutenons Marin

Toute l’équipe de la Maison Trafalgar s’est retrouvée à l’Université Jean Moulin LYON III afin de se mobiliser autour de Marin Sauvajon, jeune lyonnais victime d’une terrible agression parce qu’il avait osé prendre la défense d’un couple insulté parce qu’il s’embrassait dans la rue. Attaqué à coup de béquille et laissé quasiment pour mort, Marin est miraculeusement sorti du coma et a entrepris une lente et couteuse rééducation. Sa maman a créé l’association « La Tête Haute – je soutiens Marin » qui a aujourd’hui élargit son objet dans le but d’aider toutes les familles confrontées au douloureux problème d’accompagnement d’un cérébrolésé. Deux grands talents d’origine lyonnaise étaient présents pour cette très belle dictée solidaire : Marc Lambron, journaliste écrivain et académicien, a accepté d’écrire le texte, lu par l’imitateur et humoriste Laurent Gerra.


Le billet de Marie : Cessez la cure d’amincissement

     Cet été, vous avez une carte à jouer.

     Contre l’injonction du régime estival, il est urgent de cesser d’amaigrir notre rapport à l’écriture. Comme un exercice quotidien de musculation de l’esprit, il est tout aussi sain de travailler sa langue. Si les mots ne sont pas encore vos compagnons favoris, profitez de l’été pour vous échauffer, en commençant par de petites foulées. Familiarisez-vous avec le terrain de l’expression et apprenez à manier le crayon avec la dextérité du lanceur de javelot. Pas à pas, vous rectifierez le tir, et vos mots, de plus en plus précis et aiguisés, finiront par toucher la cible : vous arrivez au sprint final, sortez la pointe ultime. Vous pourrez alors étirer vos phrases et vos membres engourdis, exposer vos sentiments comme votre corps au soleil; le jeu en vaut la chandelle, et le voyage l’insolation. 

     Après tout l’écriture, c’est comme le vélo : ça ne s’oublie pas. Et il est un mérite de pédaler un peu. L’essentiel étant de laisser une trace, votre trace, par un style bien à vous, même au dos d’une photo de vaches normandes. Pour combattre, à l’épreuve du temps qui passe, l’obsolescence des idées et l’oubli des âmes. Pour réapprendre à parler en écrivant, réapprendre à écouter en lisant, réapprendre à donner en prenant le temps de s’arrêter.

     Il y a votre course et celle des missives que l’on s’envoie, qui traversent des kilomètres d’une boîte à lettres à une boîte à l’autre. Quelques lignes suffisent à faire renaître le charme, la délicatesse des termes qui, couchés sur le papier pour une autre destination, se teintent d’une toute autre saveur en changeant de maison, prennent d’autres amplitudes et d’autres significations.

     Il est primordial, mais aussi profitable, de s’octroyer une parenthèse, ce tête-à-tête en solitaire. Et si vous n’avez personne à qui écrire, si vous avez peur de finir sur un frigo, au milieu d’un album jauni ou dans une boîte mail saturée, écrivez-vous cette carte postale, et accordez-vous le temps de prendre de vos nouvelles.

Marie Hauvy, en immersion dans la Maison Trafalgar

Photographie : Natalia Lyczko