Carte de voeux. Les Ateliers Jouffre célèbrent la nouvelle année avec un poème signé Maison Trafalgar !

“Nous vous souhaitons une année belle à chaque seconde, et d’éprouver la poésie dans tout ce qu’offre le monde.” Partenaire d’écriture des Ateliers Jouffre depuis plusieurs années, notre Maison a été ravie de relever à leurs côtés un nouveau défi créatif : mettre en lumière le savoir-faire des artisans d’excellence en matière de confection, à l’occasion de la nouvelle année 2023. Métier de légèreté, de précision, autant que de sensibilité, la confection se prête merveilleusement à la forme lyrique. Entre technicité, émotion et repères sensoriels, cette réalisation prouve une fois de plus que la poésie a toutes ses raisons d’exister dans le monde de l’entreprise. En rendant hommage à la maîtrise de leurs équipes, la Maison Trafalgar rappelle aussi cette capacité que les Ateliers Jouffre n’ont jamais manqué de cultiver : celle de continuer à s’émerveiller.

Qu’elle occulte, qu’elle tamise, ou qu’elle dévoile,
Légère, feutrée, rigide, ou translucide tel un châle,
Placée en brise-vue ou encore drapée aux fenêtres,
Chaque étoffe accompagne une émotion à naître.
(…)
Ici, les mains expertes s’accordent en trois dimensions,
Guident leurs outils, ourleuses, surjeteuses, avec précision.
Nos talents partagent, aiguisent leur habileté sans trêve,
Pour assembler cette trame dont sont faits les rêves.
(…)
Tapissiers, tapissières, remplissent bien plus que leur rôle :
À travers leur carrelet, et tous leurs gestes en contrôle,
C’est une part d’eux-mêmes qui imprègne les fibres,
Un fragment d’artisanat qui se transmet, et qui vibre.

Nous vous souhaitons une année belle à chaque seconde,
Et d’éprouver la poésie dans tout ce qu’offre le monde.


Le co-fondateur du Projet Voltaire confie son Portrait écrit à la Maison Trafalgar pour accompagner sa prochaine aventure !

Après avoir défendu la cause de l’orthographe via le Projet Voltaire, François Paret, ancien directeur technique et associé fondateur de Woonoz, s’est naturellement tourné vers la Maison Trafalgar pour placer les mots justes sur ses engagements. Car en marge de son implication pendant plus de quinze ans, le Lyonnais a multiplié les points d’attache avec le monde entrepreneurial et associatif : investisseur dans des start-ups et investi dans des projets à portée sociale, partie prenante des écosystèmes French Tech, EdTech, membre du conseil de surveillance de Time For The Planet, le créateur du fonds de dotation « Sous l’étoile, une étincelle » a souhaité prendre le temps d’inscrire et de rassembler. Notre Maison a répondu à ce défi en revenant sur chacun des fragments qui composent sa fresque ; du petit gone qui détonnait déjà par ses expérimentations au dirigeant qui défendait les principes sociocratiques, jusqu’à la création du fonds de dotation, notre Maison est fière de porter à ses côtés son ambition de se présenter sincèrement et en profondeur à ses prochains partenaires et associés.

Extraits du Portrait de François Paret : 

À l’étroit dans les cursus généralistes car il fonctionnait déjà en mode test and learn, François n’emprunta pas exactement ce qui était considéré comme la voie des altesses : il enchaîna plutôt par un lycée technique, un BTS, et n’eut pas non plus le choix du roi s’agissant du supérieur, mais son « exil temporaire » à Perpignan s’avéra palpitant. Entre les cours d’informatique, de robotique, et tous ces projets qui le faisaient volontiers revenir sur le campus pendant les week-ends, pour peaufiner cette voiture miniature autonome, ou ce bras articulé capable de scorer des tirs à trois points, sa réputation de fainéant est vite passée à « celle du fada » auprès de ses professeurs. Des joies du fer à souder au paramétrage des capteurs, François a très tôt découvert que le déblocage des potentiels tenait surtout à un faisceau de facteurs.

Recruté à l’issue d’un stage où il transposait des logiciels antiques en langage Java, François entra dans les arcanes de l’ordonnancement de la production industrielle. Un univers tout en planifications, en algorithmes et en séquençages, dont il regrette le fonctionnement fractionné en silos. Cinq années à se nourrir d’un modèle dont il prendra un contrepied radical ; cinq années à besogner sur une nouvelle solution, qui culminèrent sur une aberration, son point de non-retour. En implémentant le fruit de ses efforts chez un géant pharmaceutique de Denver, le jeune cadre s’aperçut que le moment était venu d’abandonner les habitudes des dinosaures.

Le e-learning en était encore à ses balbutiements lorsque Woonoz fit le pari de développer des programmes d’Ancrage Mémoriel ©. En 2005, c’était l’année qui les a vu partir « le couteau entre les dents », et où les hypothèses s’appuyaient aussi sur des hypothèques. La période où la start-up n’avait qu’un prototype à son nom et devait s’affiner dans le salon de son appartement, où les deux compères devinrent papa simultanément, et où les plans changèrent du tout au tout. Lui qui a grandi entouré de « quarante-deux cousins germains » ne pouvait que suivre ce fil conducteur familial pour bâtir son réseau, et parvenir naturellement à tisser des liens ; cet introverti – sociable –, qui ne rognerait en aucun cas sur ses « temps de centrage », ce timide qui aurait pu faire une carrière discrète derrière un ordinateur, a planté pavillon dans de nombreux écosystèmes de la ville de Lyon.

François restera toujours ce rêveur incurable qui serpente dans les Monts du Lyonnais avec son grand frère, au volant d’une voiture qu’ils admiraient gamins dans leur chambre, en poster. Il restera toujours celui qui refait le monde jusqu’à six heures du matin, celui qui procrastine au lieu de répondre aux mails mais brainstorme au téléphone pendant qu’il se brosse les dents. Il restera celui qui s’échappe pour le berceau des Paret, dans la vallée du Glandon, cet olibrius qui cultive ses paradoxes tambour battant, à moins qu’il n’utilise celui d’un vieux lave-linge, pour agrémenter une histoire de soucoupe volante que les scouts se racontent autour du feu.


Le Bon Marché : 170 ans. La Maison Trafalgar réalise une nouvelle galerie de Portraits écrits et photographiques, sous un angle inédit !

Depuis plusieurs années, Le Bon Marché et la Maison Trafalgar ont noué une relation forte autour de la réalisation de différentes galeries de Portraits de talents. Sollicitée cette fois dans le cadre du 170e anniversaire, notre Maison a eu le plaisir de retracer le lien particulier qui unit ce lieu iconique à différentes collaboratrices. Par-delà l’exploration d’un cheminement professionnel, ces Portraits s’attachent à dévoiler ce qui fonde la singularité de ce grand magasin, à travers le regard de trois femmes qui le connaissent chacune à leur manière. Qu’elles soient Conseillère mode Homme depuis plus de quarante ans, Chargée de Mission Développement Clients ou Responsable de Projets Culturels, elles y ont construit une part de leur carrière et de leurs souvenirs ; ont vu Le Bon Marché évoluer, se parer de nouveaux agencements ou se réinventer au gré de thématiques artistiques. S’il imprime durablement sa marque, l’émotion qu’il suscite chez celles et ceux qui œuvrent à sa réussite, est assurément intact. Un grand merci aux équipes Le Bon Marché Rive Gauche pour cette confiance renouvelée et pour leur fidélité ! 

Extraits des Portraits : 

Paule, Conseillère sénior mode Homme

“Avant d’intégrer Le Bon Marché Rive Gauche il y a des années de cela, c’est dans la Bretagne de son enfance que Paule s’en figurait déjà l’ambiance par les œuvres d’Émile Zola. Ce soupçon de candeur tient sans doute à ces contrées qui l’ont vu naître, car Paule a découvert le grand magasin vêtue d’une jupe plissée jusqu’à la cheville, d’un pull bleu marine surmonté d’un col Claudine à cerises. (…) Parce que son amour de l’endroit la pousse à toujours s’investir, Paule bénéficie d’une retraite progressive de sa propre initiative ; un lien singulier qu’elle entretient aussi lors des périodes vacantes, quand sa curiosité l’appelle à chiner les brocantes. Constituant un trésor qu’elle destine à ses petites-filles, elle se plaît à dénicher les objets en tous genres en rapport avec Le Bon Marché. Il y a ces catalogues des années quatre-vingt-dix, ces colifichets d’une autre époque, ces anciennes affiches baroques, mais aussi toutes ces précieuses anecdotes prêtes à être lues dans ce petit carnet qu’elle alimente quand l’occasion lui est donnée. Des « brèves de comptoir », des replis et des volumes où Paule raconte, du bout de sa plume, ce que la rue de Sèvres recèle de secrets.”

Margaux, Chargée de mission développement clients, événements et partenariats

“Au contact des références qui la fascinent depuis toujours, par le biais de ces exclusivités que seul Le Bon Marché Rive Gauche est capable de proposer, la Chargée de mission développement clients, événements et partenariats sait s’y prendre pour surprendre. Puisant l’inspiration dans les lointains voyages qu’elle entreprend, autant que dans le dynamisme de la capitale, Margaux s’implique, avec ses collègues de la cellule dédiée, pour faire du Bon Marché Rive Gauche un lieu atypique qui répond à toutes les attentes, même les plus élevées. Elle s’enthousiasme à ce titre de la carte blanche qu’il lui est laissée pour convier la clientèle à rencontrer ces plumes qui font l’actualité littéraire, à profiter d’une privatisation, d’un tea time ou d’une masterclass avec, en invité, le nez d’un parfumeur renommé, ou encore pour une soirée avec le mixologue d’un grand palace parisien. Émaillant aussi la vie culturelle du magasin, son action s’exprime jusqu’aux visites privées avec la fondation Vuitton, le musée Rodin, le Grand Palais, dans les ateliers des maisons de prestige, ou encore au Palais de Tokyo. N’hésitant pas à faire découvrir les coulisses du Bon Marché Rive Gauche, Margaux coordonne et entretient « tout ce qu’il porte pour symbolique » jusqu’à ce plaisir, en dehors des heures d’ouverture, d’actionner elle-même les rotors, en ajustant aussi bien les jeux de lumière que la cadence des escalators.”

Éléna, Responsable Projets Culturels

“Formée à l’Histoire de l’art, passée par l’agence de presse Magnum, l’esthète découvrit le grand magasin parisien en se rendant à une présentation des films de Guy Bourdin ; une épiphanie pour la Responsable Projets Culturels qui se rend alors compte qu’un haut lieu de commerce peut aussi fusionner des mondes aussi divers que la gastronomie, la mode, le design ou le street art. (…) De ces photographies immortalisant l’inauguration, en 1923, du bâtiment actuel de La Grande Épicerie Rive Gauche, aux seventies en version flower power, quand les bureaux respiraient encore les effluves des Gauloises, Éléna a pu constater que si chaque époque a apporté sa patte, cette fibre sociale est demeurée intacte. D’ailleurs, se glissant parfois dans un rôle de médiatrice culturelle, il lui tient d’orchestrer des visites singulières pour ses collègues, des moments où l’ouvrage se contemple, et se raconte d’une manière parfois insoupçonnée. À la manière du cent-soixantième anniversaire du Bon Marché, qui détonna grâce aux vitrines enjolivées par Marjane Satrapi et à la présence de Catherine Deneuve qui en fut l’égérie, pour les prochaines bougies, Éléna pilote l’intervention du duo Toqué Frères pour une célébration pop qui s’inscrit dans le flow de son époque.”


Les Zouzous Lyonnais. La Maison Trafalgar signe le Portrait écrit et photographique de sa fondatrice, Stéphanie Chaudet.

Les Zouzous Lyonnais a essaimé trois agences dans la capitale des Gaules, et maintient son indépendance depuis plus de treize ans. Si l’entreprise connaît une croissance continue, le secteur et le métier de baby-sitter sont encore victimes de nombreux a priori que Stéphanie Chaudet n’a jamais cessé de battre en brèche. Montrer la cohérence d’un cheminement qui l’a menée au lancement de sa société, incarner les valeurs qui fondent sa démarche et ancrer sa vision de la profession en confiant son histoire à la Maison Trafalgar tenait pour elle de l’évidence. Outre son approche qui lui permet de constituer un réseau de Zouzou-sitters finement sélectionnés, Stéphanie fait valoir de solides engagements à travers un parcours d’entrepreneure singulière qui la voit œuvrer avec détermination à l’amélioration du secteur et à sa professionnalisation. De son implication au sein d’associations à la création du centre de formation AZAP, ce sont aussi ces nombreux pas de côté que s’attache à souligner son Portrait. 

 Extraits de son Portrait de dirigeante :

« Entreprendre, oui mais dans quoi ? » La naissance du premier fils de Stéphanie Chaudet y répondra en soulevant tout ce qu’il y avait encore à faire pour concilier la maternité et le devoir des affaires. (…) Celle qui s’avoue plus forte tête que « maman cupcake » s’affranchit rapidement du système de franchise et cisela son processus pour répondre à un tout nouveau cahier des charges. Arrivée dans la capitale des Gaules, Stéphanie se mit à mailler son réseau en partant de zéro ; elle se sentait parée depuis son bureau de six mètres carrés, situé au « 33 rue de la Ré ». Tandis que ses proches la voyaient arpenter la CCI, les missions locales et les OPCO, le quidam l’apercevait distribuer des flyers à la sortie du métro, et les familles lyonnaises apprenaient son existence par quelques insertions presse bien pensées qui l’emmenèrent, en 2016, jusqu’au 20h de TF1.”

“Héritière d’un caractère aussi affable que volubile remontant à ses racines italiennes, dans l’histoire familiale de Stéphanie, le goût de la bonne cuisine s’est toujours combiné à celui de l’effort. Si c’est à l’aune de sa propre parentalité qu’elle a bien sûr pu juger de la ribambelle de situations praticopratiques que réclame un bambin, elle révisa aussi les hauts faits de sa grand-mère qui assurait sans hic son rôle auprès de toute cette « joyeuse clique » de cousins et cousines. Il y avait aussi ce grand-père qui avait fui le fascisme ; arrivé en France « la rage au ventre », il parvint à bâtir son entreprise de plâtrerie tout en apprenant à lire et à écrire – « c’est forcément un modèle de résilience qui m’a marquée. ».

Car avant de se lancer à son tour, Stéphanie entama une première carrière à la suite d’un BTS en communication décroché à l’École nationale de commerce, qui déboucha sur dix années de fonctions au sein de la frénésie parisienne, et de grandes firmes œuvrant dans le conseil et le numérique. Les changements de missions au gré des restructurations et des rachats, les postes en marketing et en commercial qui la menèrent jusque dans les entrailles des multinationales ; les tours de la Défense, la compilation des chiffres de ventes, les projections, la refonte de chartes graphiques, les business model et les incursions dans l’événementiel, ont fini par faire pointer un dilemme : poursuivre une trajectoire confortable, ou se fier à son instinct entrepreneurial.” 

Déjà impliquée auprès de FCE LYON ou des Lyonnes afin de donner une résonance aux initiatives portées par des femmes, celle qui, pour chaque problème, ne voit que « des solutions en file d’attente » entend bien s’adresser à des publics que beaucoup ignorent – des personnes en situation de handicap aux séniors. Ouvrir ici une nouvelle agence pour asseoir un peu plus sa place de challenger, étendre là son activité à d’autres frontières pour répondre à ses élans voyageurs : en tous points, Stéphanie s’attèle à ce que son entreprise fasse toujours exception à la règle – bijou, caillou, genou, hibou, zouzou.


Expression explicitée : Aller se faire cuire un oeuf

Au temps où seules les femmes étaient responsables du repas, si le mari se risquait à critiquer le menu, pour l’éconduire, l’épouse l’incitait à se faire cuire un œuf. Une manière de le ramener à son niveau de compétence culinaire et de lui dire qu’il ferait mieux de la laisser tranquille !


Résolutions deux-mille-vingt-trois, par la Maison Trafalgar

Je résisterai à l’envie d’une lecture en diagonale, « juste pour saisir les idées fortes ».

Je ne confierai pas ma parole à une intelligence artificielle, mais à la créativité humaine.

Je ne laisserai pas mon histoire être un mille-feuille de textes isolés, puis rapiécés.

Je remettrai en question la nécessité que tous mes contenus écrits soient simplifiés : plaire à tout le monde, c’est plaire à n’importe qui.

Je glisserai une rime dans un email de travail, juste pour partager ma petite trouvaille.

J’oserai même utiliser quelques tournures ou mots jugés désuets – si cela me sied.

Je lirai des livres qui ne relèvent ni du développement personnel, ni de mon activité professionnelle, mais du plaisir littéraire.

Je ferai la distinction entre la sincérité des lignes et le storytelling simpliste.

Je défendrai la légitimité du point-virgule ; même si je ne suis pas développeur.

J’étofferai ma présentation au-delà des keywords et des bullet points

Je prendrai le temps de faire un clic droit sur les vaguelettes de mon traitement de texte.

Je retiendrai que la confusion entre « plus » et « plus », on n’en veut plus.

Je n’accueillerai plus un message en le jugeant trop long ; à l’autoroute, je préfèrerai les jolies routes de campagne.

 

Pour que le goût des belles lettres se diffuse, même dans les échanges les plus formels, cette année encore, un choix s’impose : celui de bonifier sa prose.

Nous savons que vous êtes nombreux à soutenir le combat de la Maison Trafalgar, et à considérer l’écriture comme un savoir-faire dont il faut réellement prendre soin. Merci d’incarner notre mission avec autant d’élégance, et d’être résolus, comme nous le sommes, à faire du sens des mots la nouvelle norme !


Interview interne - Marion, Dirigeante associée

À quel moment de ta vie as-tu développé un rapport sensible aux mots et à l’écriture ?

J’ai été biberonnée au poids des mots et à leur teneur émotionnelle. En plus d’y apporter beaucoup de soin, ma mère prenait toujours le temps de m’écrire des lettres pour m’exprimer certaines valeurs essentielles ou me donner quelques nouvelles pendant mes voyages de classe. Les scènes se répétaient quasiment tous les lundis matin, à l’époque du lycée ; j’arrivais à l’internat, et je ne pouvais pas ouvrir mon sac sans y retrouver une petite carte, un petit post-it, un petit dicton parfois aussi simple que « la patience d’une mère est comme un tube de dentifrice, il en reste toujours au fond », accompagnés d’un mot d’encouragement. Et puis plus tard, ce furent les SMS à quelques minutes du passage d’un examen, plus récemment, le discours qu’elle a porté devant toute ma famille le soir de mes trente ans… Avant la voie académique, tout cela m’a rendue très attentive à la force de l’expression orale et écrite, à la manière dont les gens restituent les faits, se racontent leur journée, même au téléphone, à la volée. Elle est Italienne, et puisqu’elle a appris assez tard à parler français, elle était extrêmement sensible au fait que je puisse maîtriser rapidement les subtilités de la langue. C’était aussi et surtout sa façon de m’apprendre à dire, à exprimer, à ne pas garder, et donc à écrire. Et si les livres n’étaient pas présents partout chez moi, on ne pouvait pas dire la même chose de la place prépondérante de la musique et des chansons à texte. Certains lecteurs chevronnés sont capables de citer au mot près l’incipit des ouvrages qu’ils adorent. Celui d’Anna Karénine de Tolstoï : « Toutes les familles heureuses se ressemblent, mais chaque famille malheureuse l’est à sa façon. » Celui de Jacques le Fataliste, de Diderot : « Comment s’étaient-ils rencontrés ? Par hasard, comme tout le monde. » ou encore l’incipit d’Aurélien d’Aragon : « La première fois qu’Aurélien vit Bérénice, il la trouva franchement laide. » Les premiers mots du répertoire de Jacques Brel, Barbara, Charles Aznavour, Serge Gainsbourg, Nino Ferrer, ont le même effet sur moi. Et comme j’ai rapidement fait le choix d’un baccalauréat littéraire, j’ai commencé à me constituer une sacrée collection d’ouvrages. Je me souviens qu’il était déjà inconcevable pour moi d’emprunter un livre à la bibliothèque : aujourd’hui encore, j’ai besoin d’annoter les pages, de stabiloter les phrases qui me parlent. Du coup, j’ai une collection de carnets qui comportent la plupart de ces phrases, chaque fois recopiées à la main. Les relire, c’est tout relire.

Et à l’entrepreneuriat ?

L’entrepreneuriat est venu plus tard, au cours de mes études supérieures, mais je n’ai jamais imaginé la passion des lettres et celle de l’entrepreneuriat de manière distincte. Pour moi, la seconde est la continuité de la première. Lorsqu’un plaisir nous tient, on n’a généralement pas envie de s’en éloigner, alors j’ai commencé à écrire. J’ai aussi eu la chance d’être publiée dans deux ouvrages collectifs, par la maison d’édition parisienne l’Art de Lettres. Puis avant de co-fonder la Maison Trafalgar à 22 ans, j’ai également exercé ma plume sur un blog auquel j’avais déjà donné le nom de « Trafalgar », et sur lequel j’écrivais les Portraits de jeunes audacieux lyonnais de moins de 30 ans, pour les aider à raconter leur histoire. Ce sont ces Portraits, réalisés bénévolement, mais avec une forte exigence littéraire, qui ont fait naître les premières demandes des clients de la Maison Trafalgar. Quand une passion nous porte, on baigne dedans, on cherche à rencontrer ses acteurs, à rejoindre une mission plus grande que soi, à évaluer les problématiques constatées au fil d’un parcours, à répondre à des besoins… Et puis on cherche à en vivre, pour ne pas faire autre chose, à fédérer d’autres acteurs qui cherchent aussi à en faire leur métier. J’entends parfois des personnes se dire qu’elles ne sont pas du tout « faites pour l’entrepreneuriat », mais plutôt pour coudre, danser, cuisiner… Je ne vois, personnellement, aucune différence entre les deux. Dès que j’ai compris combien mon rapport aux mots était fort, j’ai juste eu envie d’entreprendre avec eux. Tout le reste est une question de posture, et bien sûr d’engagement et de force de travail. Fonder une entreprise, développer un concept, créer des offres, recruter pour constituer une équipe, trouver son marché, ses clients, puis chercher à les ravir, ne sont pas des actions qui sont guidées par mon rapport à l’entrepreneuriat, mais bien par mon rapport à l’écriture. D’ailleurs, j’ai d’abord été étudiante en classes préparatoires hypokhâgne, mais j’ai très vite fait le choix de coupler cette formation avec un master de commerce et d’entrepreneuriat à l’iaelyon. Je ne me sens pas uniquement littéraire, je ne me sens pas uniquement entrepreneure, je me sens véritablement entrepreneure-littéraire.

L’entrepreneuriat littéraire est-il, selon toi, suffisamment représenté ? 

Absolument pas ! Je me souviens qu’à la création de la Maison Trafalgar, nous n’entrions jamais dans les critères de sélection des concours. Il fallait réellement s’accrocher pour que le dossier soit considéré. Les premières années, lorsque l’on présentait l’entreprise Trafalgar, notre proposition de valeur, notre savoir-faire, l’écosystème entrepreneurial trouvait souvent cela mignon et attendrissant, alors qu’on était souvent trois fois plus rentable que dix startups « scalable » qui n’existent plus aujourd’hui. Pour entrer dans des catégories « innovation », une comptable nous avait même conseillé un jour de développer un logiciel d’intelligence artificielle afin que les Portraits puissent s’écrire tout seul, ou même d’élargir aux présentations rédigées sur les profils des applications de rencontres pour être plus grand public… L’entrepreneuriat littéraire est sous-représenté, mais il est aussi trop souvent décrédibilisé. Il est essentiel que les étudiants en lettres, actuels ou futurs, entendent parler d’entrepreneuriat et nous rejoignent ! Ils peuvent véritablement faire des miracles.

Quelle est la phrase que tu ne supportes plus d’entendre ? 

« Plus personne ne lit » et son acolyte légèrement plus subtil : « pensez-vous réellement que les gens prennent encore le temps de lire ? », venant parfois de grandes institutions, qui ont plusieurs siècles d’histoire. Si les lecteurs sont noyés de posts LinkedIn à la sauce développement personnel, non. Si les entreprises dans lesquelles ils travaillent se contentent de leur proposer des textes corporate souvent réchauffés, non. Si les collaborateurs sont présentés sous la forme de portraits chinois, pas toujours. Si les histoires de dirigeants et d’entrepreneurs donnent toutes l’impression qu’un bon mindset mène à tout, encore moins… Mais si l’on se donne la peine de s’adresser à eux comme ils le méritent, si les lignes sont sincères, que le récit leur ressemble et les embarque, si leur Portrait, ou celui d’un autre les touche, alors oui, bien sûr que oui ! Écrire vite et mal n’a rien d’une tendance à suivre. Écrire bien et au-delà de dix lignes n’est ni rétro, ni démodé. Qu’il soit parfois inquiétant et le plus souvent excitant, ce combat est pour nous on ne peut plus sérieux. Quant à la suprématie de l’image, nous avons récemment signé une tribune intitulée Une image ne vaut pas mille mots. Virgile Deslandre, expert en art oratoire et en éloquence de la Maison Trafalgar conclut très bien : « Les mots éduquent le regard. Les images ne sont pas belles ou impressionnantes en elles-mêmes : elles ne le sont que parce que nous avons des mots pour les regarder. »

Quel est le retour client qui t’a le plus touchée ? 

Je pense à celui de Romain, concernant une galerie de Portraits d’artisans tapissiers : « L’entretien et l’écrit resteront certainement le plus beau témoignage d’un amour souvent difficile à exprimer en entreprise. Merci d’avoir su créer cette belle équipe et cette entreprise indispensable. » À celui de Marie-Anne, concernant son propre Portrait : « Non seulement l’expérience était belle artistiquement, mais elle était également riche humainement. Et c’est toujours la cerise sur le gâteau ! Merci, car non seulement la cerise était là, mais en plus elle était délicieuse. Les personnes que vous êtes, le soin et la passion que vous mettez dans votre travail, le respect que vous avez pour vos clients et vos collaborateurs… Tout cela m’a beaucoup touchée. » À celui de Pascal, un dirigeant qui nous a confié le Portrait personnifié d’un objet très atypique : « Tout est dit avec simplicité et grandeur ; l’excellence est bien là, c’est un travail d’orfèvrerie ! L’Art des belles lettres a maintenant un nom : Trafalgar. » À celui de Sophie, directrice communication d’un groupe leader de son secteur : « Je n’ai rien à redire : vous prouvez que l’écriture est extrêmement puissante quand elle est maîtrisée. » À celui de Bruno, diplomate : « À la lecture du portrait que vous avez réalisé, je ne retranche rien. Vous avez su pénétrer parfaitement le territoire de mes aspirations profondes et les révéler avec beaucoup de subtilité et de délicatesse. Soyez-en infiniment remerciés. Vous êtes comme un cuisinier qui doit sortir un plat d’exception avec des ingrédients qu’il n’a pas choisis et ne correspondent à aucune recette. C’est un exercice d’une exigence rare. Chapeau bas. Ce portrait Trafalgar est un cadeau précieux qui ne quittera jamais mon cœur. J’ai été très honoré et chanceux de pouvoir vous rencontrer. » Et généralement, quand une Maison de luxe ne modifie pas une virgule des réalisations que nous venons de livrer, c’est un retour qui dit tout, et qui ne manque pas de nous toucher.

Quelle est la partie que tu préfères dans ton métier ?

La première lecture des Portraits lorsqu’ils sortent tout juste du four ! C’est un moment précieux, durant lequel l’on voit danser ensemble le besoin client, le talent du Portraitiste, et celui de tous les membres de notre équipe qui se sont réunis en comité de lecture. Mais cette réponse serait incomplète sans évoquer le travail qui m’occupe sur la stratégie de développement de la Maison Trafalgar. Questionner le marché, comprendre ce qui résiste, ce qui est attendu, faire des choix à contre-courant de la concurrence, cultiver cette science du coup d’avance, affiner l’expérience client, et tout faire pour que chacun en garde une trace indélébile… Beaucoup trop d’entrepreneurs font le choix de créer une entreprise pour eux, mais ils semblent oublier qu’elle existe aussi pour leurs clients. Et puis le temps consacré au recrutement. C’est une partie qui réclame énormément d’efforts et d’implication émotionnelle, car lorsque l’on entre chez Trafalgar, l’on n’arrive pas comme dans un moulin, l’on prend ses marques dans une Maison. Les Portraitistes historiques arrivés quelque temps après la création de l’entreprise sont toujours là pour développer la Maison Trafalgar avec talent ; quand j’ai rencontré Benjamin, j’avais 23 ans – j’en ai 30 aujourd’hui. Entretemps, il est devenu papa deux fois, c’est peu dire que nous en avons vécu ensemble ! Maxime, lui, a commencé correcteur, il est devenu Portraitiste, et a désormais évolué en tant que Responsable de la production et des comités de lecture, que j’étais encore seule à diriger. Gilles est là depuis bientôt deux ans, et affirme voir Trafalgar comme un véritable projet de vie. Il n’est pas seulement question d’évolution d’un style d’écriture ou de carrière, mais d’évolution personnelle, et qu’il s’agisse de Portraitistes ou d’autres postes essentiels à notre Maison, comme la communication ou la gestion de projet, c’est pour moi très fort d’imaginer avec quels autres talents nous allons avoir le plaisir d’avancer et de grandir.

Comment sens-tu qu’un talent peut intégrer la Maison Trafalgar ? 

Cela ne relève jamais d’un sentiment personnel. Qu’il écrive ou non, il est essentiel pour notre équipe que ce talent vibre autant que nous pour la mission de l’entreprise. Il est important qu’il partage notre précision, notre exigence, et surtout notre goût des autres. Si l’intériorité me touche, parce qu’elle donne toujours beaucoup de couleur à une personnalité, il me semble délicat d’intégrer la Maison Trafalgar si la rencontre vers l’autre représente un effort.

Quelles sont, selon toi, les plus belles réussites de Trafalgar ? 

La Maison Trafalgar a fêté son 7e anniversaire en novembre dernier. Si 7 ans est l’âge de raison, alors ces 7 belles années nous auront donné raison d’avoir :
– Inventé notre métier de Portraitiste sur un marché de niche ;
– Élaboré, puis perfectionné un processus de création qui ose faire confiance aux talents et au temps long ;
– Démontré combien l’écriture pouvait être le socle d’une entreprise pérenne ;
– Porté l’amour des mots au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, dans les universités, les comités de direction, les conseils stratégiques de la Métropole, mais aussi dans des lieux aussi cruciaux qu’une maison d’arrêt ;
– Ciselé une signature textuelle forte sans rentrer dans le rang des marques blanches ;
– Cru en des profils atypiques, et repéré des potentiels qui se sont révélés au sein de notre Maison d’écriture ;
– Boudé la facilité en internalisant notre savoir-faire et en construisant des carrières, dans une époque où les métiers d’écriture sont le plus souvent précarisés ;
– Dit « non » à des propositions qui nous auraient dénaturés ;
– Démocratisé la littérature en entreprise, en faisant parler les objets, les lieux, les marques et les concepts autant que les femmes et les hommes ;
– Continué d’ouvrir nos portes à tous les acteurs, des startups naissantes aux plus grandes références du monde du luxe, en passant par les entreprises de Métiers d’art, les groupes leaders, les TPE et les PME familiales ;
– Tenu à apporter notre expertise à tous les secteurs, que nos clients soient agriculteurs, stylistes, chimistes, ingénieurs, transporteurs, horlogers, chocolatiers, vignerons, confiseurs, hôteliers, développeurs, franchisés, repreneurs ;
– Donné de notre temps à de nombreux autres entrepreneurs, et soutenu à notre tour les différentes structures d’accompagnement qui nous ont vu naître ;
– Témoigné de notre fidélité à des photographes, illustrateurs, graphistes, traducteurs, pianistes, sound designers passionnés, partenaires de confiance depuis le début de notre histoire ;
– Diversifié nos domaines d’activité, en développant également nos formations à l’éloquence et à la prise de parole en public ;
– Déjoué tous les pronostics et toutes les prophéties pour réaliser une croissance continue, année après année ;
– Pris autant de plaisir à vivre ensemble, depuis 2015, cette ravissante, touchante, courageuse, ambitieuse, prometteuse aventure entrepreneuriale !

Un développement à l’international est-il envisagé ?

Pas encore ! Nous avons tenu à bâtir une Maison de plus en plus complète, en privilégiant le développement de différentes offres comme le Portrait photographique, le Portrait dessin, le Portrait vidéo ou encore le Portrait audio. Nous tenons à notre croissance organique et mesurée. Nous sommes heureux d’avoir fait le choix d’installer notre Maison de Portraits dans notre ville de Lyon, et d’avoir le plaisir d’y accueillir des clients qui se trouvent partout en France, et à l’étranger – certains se sont déplacés depuis la Nouvelle-Zélande, et plus récemment depuis l’Afrique du Sud pour vivre l’expérience Trafalgar. En revanche, beaucoup de nos clients commandent leur Portrait en français et en anglais, et nous menons aussi des entretiens d’extraction dans la langue de Shakespeare, tout cela est de très bon augure. En même temps, en s’appelant Trafalgar…

Une anecdote liée à ton associée Bérengère ?

Les parents de Bérengère, qui viennent de Haute-Savoie, lui ont donné ce prénom en clin d’œil à une montagne située dans la réserve naturelle des Contamines. Sachant que je suis née à l’île de la Réunion – je me surprends parfois à penser qu’on aurait pu se louper quinze fois dans notre vie… Certains entrepreneurs se plaisent à marteler « qu’importe d’où l’on vient, ce qui compte, c’est où l’on va ! » Cela me résiste complètement. Cette entreprise s’est développée sans tricher, et aucun de nous n’a jamais renié cette notion d’ancrage ; elle est propre à chacun, et elle est une force pour travailler ensemble et se rejoindre ici ; au sein de la « Maison » Trafalgar, un autre point d’ancrage. Comme Georges Perec : « J’aimerais qu’il existe des lieux stables, immobiles, intangibles, intouchés et presque intouchables, immuables, enracinés ; des lieux qui seraient des références, des points de départ, des sources. »