La Maison d’Écriture Haute Couture Trafalgar a lancé une grande chaîne de lettres sur Internet. Le site Lettres Capitales poste anonymement des courriers parfois drôles, souvent touchants, envoyés des quatre coins de la France. Ils seront ensuite envoyés aux destinataires à la fin du confinement.

Quand la crise du coronavirus a déferlé sur la France, elle s’est dite « frappée émotionnellement par toutes les initiatives de solidarité mises en œuvre », et s’est demandé à son niveau ce qu’elle pouvait faire « avec le cœur » pour « apposer une empreinte ». Amoureuse des mots et de la littérature, Bérengère Wolff, co-fondatrice de la Maison d’Écriture Haute Couture Trafalgar, jeune entreprise basée à Lyon, a décidé de revenir aux basiques. La petite équipe de six salariés qu’elle encadre, a lancé il y a quelques jours une grande chaîne de lettres. « L’objectif était de relancer les correspondances pour ceux qui avaient besoin d’extérioriser leurs sentiments pendant cette période de confinement », expose-t-elle. Sur le site dédié, chacun peut remplir gratuitement un formulaire en autorisant l’entreprise à publier une partie ou l’intégralité de sa lettre, ou demander qu’elle reste strictement confidentielle. « À la fin du confinement, nous enverrons ensuite une lettre manuscrite, recopiée avec amour, aux destinataires. On s’engage à ce qu’ils les reçoivent tous », poursuit Bérengère Wolff.

Une cinquantaine de lettres a déjà été postée sur le site de façon anonyme. Une parenthèse poétique pour tout lecteur qui le consulterait. Et les profils des auteurs sont très différents. Comme cette grand-mère résidant en Bretagne, n’ayant pas eu la chance de voir son petit-fils, né trois semaines avant le confinement, et qui s’adresse avec émotion à son « petit Gustave » : « Il y a un mois lorsque j’ai reçu ta première photo sur mon portable, mon cœur s’est emballé. J’ai même eu l’impression qu’il se décrochait, moment magique », déclare-t-elle au bébé.

« Certaines personnes s’écrivent directement pour laisser une trace de cette période, d’anciens amants s’adressent à leurs amours passés, d’autres écrivent à un proche travaillant dans le milieu médical », dévoile la jeune femme. Et d’ajouter : « C’est assez touchant. Nous ne sommes plus forcément habitués à l’exercice d’écrire une lettre. Là, les gens prennent le temps de soigner leurs écritures. Mais certains le font aussi très instinctivement, sans adopter de style particulier. On a reçu des courriers très drôles comme celui de ce jeune homme qui se moque de lui-même en précisant qu’il fait une faute tous les deux mots. Mais il a voulu écrire à une jeune femme dont il est secrètement amoureux et qu’il n’a jamais osé aborder… Finalement, la forme, c’est le fond qui remonte à la surface », conclut Bérengère Wolff empruntant une phrase de Victor Hugo.

Merci à Caroline Girardon pour tout l’intérêt porté à notre initiative !