À quel moment de ta vie as-tu développé un rapport sensible aux mots et à l’écriture ?

Il n’est pas impossible que ce rapport aux mots m’ait été transmis de manière héréditaire et symbolique. Maupomé est mon nom de famille ! Mots paumés. Tête en l’air, dans la lune, habitée par une gaieté folâtre, je ne m’y suis jamais opposée. Fillette décalée voire un brin farfelue, je n’éprouvais pas nécessairement le plaisir de quelconques lectures, ayant démesurément la bougeotte ! En revanche, je m’adonnais très régulièrement à l’écriture, et concoctais de jolis petits alexandrins que je m’empressais de conter à mon paternel, lui qui m’offrait une écoute sans confins. Auteur-compositeur-interprète, mon père eut la témérité de m’inonder, dès mon plus jeune âge, de spectacles de chant, de sages paroles et de poésies conjuguant mélancolie et fantaisie. Véritable corpus de sensibilité à mi-chemin entre Louis de Funès, Bourvil, Aznavour et Jean Ferrat, il a ce pouvoir de capter l’émotion. Cette sensibilité familiale induisit fortement mon appétence pour l’art de manier les mots, de façonner le beau.

Comment se passe la cohabitation avec les littéraires de la Maison ?

Pendant longtemps, j’ai assimilé la sonnerie de mon radioréveil à une source de frissons, à cause du costume de Bozo que je devais revêtir chaque jour pour entrer dans les clous du cosmos professionnel. En raison de ma sensibilité et de mon amour abyssal pour les envolées lyriques, je peinais à me plaire dans un environnement qui m’imputait l’image d’un O.V.N.I. Évoluant auparavant dans un écosystème où la richesse de la langue française tendait presque à être satirisée, il m’arrivait de me sentir un brin désorientée. Semblable à un rossignol, j’étais, et je suis encore, comme dirait-on, un peu perchée sur ma branche. Incarnant cette image d’oiseau chantant, je me nourris désormais de chaque graine de culture que je peux trouver sur mon chemin. Cette vision me traverse justement lorsque je suis amenée à cohabiter avec cette fine équipe. Mes collègues offrent constamment matière à réfléchir, sont dotés d’une sensibilité hors-pair, qui transpire rien qu’en les observant. Finalement, la Maison Trafalgar et ses talents littéraires osent enfin pointer du doigt mon attrait pour l’écriture en la normalisant, à juste droit. Quelle libération !

Comment es-tu parvenue à faire un choix entre le secteur des lettres et celui de la communication ? 

Je n’ai pas le sentiment d’avoir été confrontée à ce fameux dilemme cornélien qui suggérerait une prise de parti. A contrario, il m’a semblé aisé de conjuguer les lettres et la communication en occupant ce poste de responsable communication de la Maison Trafalgar. À vrai dire, mon motto prend sa source dans la volonté de faire cohabiter ces deux secteurs, et d’en tirer la quintessence. En naviguant entre ces écosystèmes, je soupçonne finalement en moi un profond désir de pluridisciplinarité et souhaite ne me ranger dans aucun compartiment, ni aucun moule, sous peine de devenir tarte.

Qu’est-ce qui t’a donné envie de rejoindre la Maison Trafalgar ? 

La version Laurine 2021 se questionnait sans cesse quant à la nature de ses désirs professionnels. Après une expérience à la Henry Ford au sein d’un hub de communication qui aspirait à développer la production d’un nouveau modèle d’agence contemporaine, j’ai réalisé que ma vocation était de rejoindre un espace sincère, entier, bourré de sensibilité. C’est dans cette dynamique que j’ai tiré la chevillette de la Maison Trafalgar, troquant mon costume 3 pièces de businesswoman contre mon tablier d’artisane des mots !

Selon toi, que faut-il pour candidater en tant que responsable communication au sein de la Maison Trafalgar ? 

Il faut être complètement habité. Se sentir éveillé, autant qu’enivré, par l’ardeur des mots tel Flaubert et son épreuve du « gueuloir », dans lequel il frémissait à l’idée de créer une rime chantante. Animé tel que l’était Brel lors de son tour de chant amsterdamois. Habité de manière à ne vouloir faire qu’un avec le verbe, revêtir chaque syllabe et chaque mot de sens afin de créer la symbiose parfaite. Et tout le reste est apprentissage.

Comment déploies-tu la communication d’une Maison telle que Trafalgar ?

C’est une histoire de justesse. Autrement dit, une affaire de mesure et d’harmonie. La communication de la Maison Trafalgar se veut aussi délicate qu’une plume de colibris, aussi raffinée que le serait un médaillon de lotte tout juste sorti de la cuisson. Partant de ce constat, et à l’heure où le terrain de jeu de la communication en entreprise mute rapidement et se perd parfois en chemin, communiquer pour la Maison revient à rendre chaque fois ses lettres de noblesse à la langue française ; à assumer notre signature différenciante, que l’on retrouve sur papier mais aussi sur les réseaux les plus modernes !

Comment décrirais-tu la signature de la Maison Trafalgar ? 

Avant même d’évoquer le versant écrit, je perçois la signature Trafalgar comme attentionnée. Cela se ressent dans ses marques de bienvenue, sa disponibilité continue. Elle se pare ensuite d’élégance, sa plume intrépide qui laisse sur le côté chaque verbe inanimé. La signature Trafalgar se rencontre et se vit au même titre qu’un solo de Ludovico Einaudi. Elle adoucit les mœurs et rend la sensibilité légère, tel un pétale enivré par un délié courant d’air. C’est un virage d’émotions ! C’est tout cela, pour moi, la signature Trafalgar !

Pourquoi est-il nécessaire qu’une Maison comme Trafalgar existe ? 

On note, à chaque décennie, un désintérêt grandissant de la part des nouvelles générations pour la chose littéraire, et je suis diablement bien placée pour constater le décrochage de mes pairs. Les phrases bâties sur des syntaxes riches sont troquées pour des abréviations. Quant aux expressions orales, « en fait » et « du coup » se bataillent la première place ex aequo, ratatinent sans équivoque l’infinité des caractères oraux. Il est urgent de revaloriser la langue française et de se réconcilier avec la création littéraire. Il est pressant de remettre l’écriture et les nuances vibratoires des mots au goût du jour !

Quelles sont tes ambitions pour la Maison Trafalgar ?

Je souhaite qu’elle puisse conserver sa place si méritée sur le marché de l’écriture, un marché très atomisé ; mais aussi qu’elle puisse continuer à se démarquer, par le caractère inédit de ses offres et par sa signature textuelle, qui fait tellement la différence. D’ailleurs, je ne fais pas que le souhaiter, je travaille – et nous travaillons tous activement – à donner vie à nos ambitions et à celles de la Maison, c’est aussi tout cela, le sens de mon métier ! 

Une anecdote liée à la Maison ? 

Je me souviens d’une aube qui commençait à poindre, d’un dîner orchestré par la Maison Trafalgar. J’ai en mémoire ce chemin du retour jusqu’à chez moi ; ce flyer online annonçant un événement imminent : le Grand Oral de l’UCLy. L’évidence. Notre dîner de Noël en équipe a nourri chez moi une sorte d’élan créatif. Laissant le frisson de côté, je me suis inscrite à ce concours d’éloquence au beau milieu de la nuit. Le temps de préparation encore disponible sur la montre à gousset me faisait de jolis pieds de nez, mais ainsi soit-il : il faut oser d’abord, doser ensuite !