MOT À MOT avec Benjamin Ouazana, Portraitiste, Maison Trafalgar.

Le mot excessivement employé par votre secteur, dont vous vous êtes lassé ?
Contenu. Un mot-valise qui réduit le travail de création en bouillie, désignant aussi bien des écrits, des vidéos, des photos, ou de la musique… comme si un écrivain, un vidéaste, un musicien ou un photographe exerçaient le même métier : créer du contenu. Paradoxalement, c’est un terme qui manque cruellement de teneur !

Le mot qui vous démarque, que vous êtes fier d’avoir trouvé ? 
Gova. C’est un terme qui veut dire « voiture ». Il vient du mot manouche « vago », passé ensuite par la case verlan. Il représente toute la richesse de cette langue française qui ne se cantonne pas au dictionnaire. D’une manière générale, l’argot me fascine pour toute l’inventivité et les possibilités qu’il brasse.

Le mot réflexe, dont vous aimeriez personnellement vous débarrasser ?
Quoi. Un mot que je transforme en ponctuation orale. Il faut bien faire entendre concrètement qu’une phrase est finie, non ?

Le mot qui fâche dès que vous l’entendez ?
Plagiat. L’entendre n’augure rien de bon, le constater fait péter un plomb. 

Le plus joli mot de votre métier ? 
Aspérité. C’est ce que nous cherchons durant l’entretien d’extraction et ce qui galvanise l’écriture d’un Portrait. Il représente tout ce que certains métiers se plaisent à lisser : le grain, le relief, les creux et les bosses.

Le mot qui fait rire, auquel vous êtes joyeusement attaché(e) ? 
Poulet. Le ressort comique de sa sonorité est indéniable ! C’est aussi le nom d’un groupe de conversation que l’on nourrit en réparties plus ou moins fulgurantes avec une poignée d’amis. Une discussion qui dure depuis des années et que l’on a entamée en se donnant rendez-vous dans un restaurant de poulet frit, et auquel je ne me suis finalement jamais rendu.

Le mot peu utilisé, qui mérite d’être réhabilité ? 
Vespéral. J’aime son côté grandiloquent pour désigner quelque chose de tout à fait banal.

Le mot qui fait rougir, qui ne manque pas de vous toucher ? 
Cinéma. Il renferme un foisonnement de souvenirs, de sensations, et de références qui ont façonné et structuré une grande partie de mon imaginaire.

Le mot dont l’orthographe ou le sens vous fait toujours douter ? 
Bisbille. Je l’utilise pour dire que deux personnes sont complices, et s’entendent à merveille. Puis je me souviens que c’est un mot qui veut dire totalement l’inverse.

L’anglicisme qu’on préfère en français ?
Overbooké. Oui, c’est bon, on a compris que vous étiez très, très, très occupé.

Le mot qui a de l’allure, qui porte une queue-de-pie, qu’on amène en soirée ?
Ratiocination. Une réflexion pointue, et poussée à l’extrême. Voilà qui offre de quoi fanfaronner et donc agacer toute la tablée !  

Le mot qui met tout le monde d’accord ?
Dessert. Puisque tout doit avoir une fin, tout le monde conviendra qu’une conclusion se doit d’être sucrée.

Le mot de la fin ?
À-propos. J’espère en avoir fait preuve chaque fois que j’appose mon point final.