Anna Karénine, Leon Tolstoï


Si les premières pages vous font oublier comment vous vous appelez, submergé par une dizaine de prénoms, noms et surnoms à rallonge, c’est que vous venez de vivre une immersion instantanée dans le froid russe. Demain, Stépane Arkadiévitch Oblonski et Alexis Alexandrovitch Karénine feront partie de votre famille. Une famille que Leon Tolstoï, maître en l’art du portrait, explore avec une finesse et une acuité capables de brosser, par la peinture d’une même génération, une fresque de toute la Russie de la fin du XIXème siècle. Une famille dont chaque membre porte la souffrance de désirs dévorants, freinés par les obligations bourgeoises, qui gravite et se brise autour du personnage central : Anna, la seule qui ose briser le carcan matrimonial qui l’étouffe et s’abandonner à la passion de vivre. “Toutes les familles heureuses se ressemblent, mais chaque famille malheureuse l’est à sa façon ”. Leon Tolstoï pose d’emblée la complexité de son roman, qui ne se réduit pas au triangle amoureux classique, que les premières intrigues pourraient dessiner. Réflexions politiques et longues pages méditatives se mêlent au tableau incisif de l’élite moscovite et de la misère paysanne. Une poésie et une justesse qui haussent le roman au rang de chef d’oeuvre, et pourront le hisser en belle place sur votre étagère.