Charlotte Abramov


Derrière l’objectif de Charlotte Abramov s’enlacent et s’embrassent douceur et provocation. La photographe et réalisatrice belge souffle depuis peu un vent de fraîcheur sur la scène francophone, tant par la jeunesse d’un regard sans concession que par la créativité de son esthétique aux inspirations surréalistes. Il semble impossible de rester indifférent à l’adresse de cette jeune artiste engagée et bouillonnante, tant ses photos et ses clips partagent une vision du corps et du beau qui tranche, bouscule et réinvestit le pouvoir de l’image. Son travail touche autant qu’il trouble, peut-être justement par ce qu’il implique de réflexif ; face à l’éclectisme rare des corps mis en lumière, le spectateur est inévitablement confronté à l’image de son propre soi : « le prisme du surréalisme et même de l’absurde, et plus généralement de l’humour ou de l’onirisme, permet un certain recul sur le rapport au corps. » Au chapitre de la sensualité et de la féminité, elle ne s’effraie pas de donner tout autant voix à des muses anonymes qu’à des artistes déjà illustres – des poèmes éternels de Brassens aux textes frais et pop d’Angèle. Mais lorsqu’elle célèbre sur pellicule la beauté d’une septuagénaire à la nudité que l’empreinte du temps a sublimé, le projet dépasse l’enjeu féministe pour livrer, l’espace d’une photographie, un supplément d’âme. Talent à suivre, et de près.