Kery James


Depuis trente ans, Kery James explore toutes les sonorités que la rime a à offrir. Une carrière bâtie sur la durée qui a permis à son public de le voir grandir et mûrir. Car c’est à treize ans qu’il fonda avec quatre de ses comparses Ideal J, dont la verve parfois virulente permit au groupe tant de se rallier d’ardents défenseurs que de se créer une base solide de railleurs. Ainsi le verbe amer et les vers acerbes de Hardcore les propulsèrent sur le devant de la scène du rap avec ce gimmick toujours porté en étendard par le quarantenaire : « Hardcore jusqu’à la mort ! » C’est avec sa carrière solo, des projets qui ne cessent de dénoncer les inégalités et raconter la vie des quartiers, comme l’album Ma Vérité, que Kery James assoit son statut de « rappeur conscient ». De ses prises de position sans concession à sa conversion à l’Islam qui signe un tournant dans cette écriture qui se déclame, Kery James a évolué sans jamais cacher ses contradictions, teintant son œuvre de cette complexité qui fait l’homme : « Moi aussi j’ai ma part d’ombre, et je suis seul face à elle quand ma part de lumière tombe. » Aujourd’hui, le rappeur brûle les planches après avoir enflammé les fosses grâce à la pièce À vif, une joute verbale entre deux avocats qui s’affrontent sur la question de la responsabilité de l’État dans l’état des banlieues. Politique, radical et volontiers facétieux, Kery James est de ces éternels contestataires qui ont toujours eu « tendance à ne jamais suivre la tendance ».