La Vie est belle, Roberto Benigni


Les prémices de l’histoire laissent deviner un conte de fées plein de fantaisie, pourtant bâti sur un déni de la réalité ; cette oeuvre, à mi-chemin entre le dramatique et le burlesque, dépeint avant tout le périple du petit Giosué, dans l’Italie de Mussolini et l’horreur d’un camp de concentration nazi. Premier film présentant la montée du fascisme et déguisant l’impensable en bouffonnerie, La Vie est belle transgresse l’interdit d’une époque sous une dictature grandissante. Roberto Benigni fait honneur au pays de la comedia dell’arte, spécialiste des masques et des mascarades, il met en scène la beauté de la farce avec beaucoup d’insouciance et de légèreté. L’intelligence de ce film, à la sincérité désarmante et d’une rare poésie, repose également sur le fait de mettre en exergue l’atrocité de la déportation en la présentant comme un jeu de piste organisé. Parfois qualifié de “comédie sur la Shoah”, La Vie est belle s’apparente en vérité à un conte philosophique, démontrant à travers les yeux de l’enfance l’absurdité tragique d’un drame historique.