Twin Peaks, David Lynch


Alors que les deux premières saisons de Twin Peaks avaient tourmenté les émois et fait sauter tous les carcans du monde télévisuel par son audace artistique au début des années 90, David Lynch en tira un long-métrage dans la foulée ; un film-somme et annonciateur du choc Mulholland Drive. Car Twin Peaks est une expérience qui transperce les sens avant la raison. Qu’importe que tous les tenants de l’histoire ne soient pas éclaircis ou que des pans entiers de la narration défient les envies de compréhension : assister à une projection de Twin Peaks est l’assurance de se bâtir des souvenirs de cinéma qui resteront vivaces. C’est ancrer dans sa mémoire les frasques des affreux frères Renaud, les cheveux blancs de Ray Wise, les amourettes de James, les paroles sibyllines de la log lady, les cafés de l’agent Cooper, le sourire de Laura Palmer, le rictus menaçant de Bob, le mysticisme d’une ville hors du temps, le rouge de la Black Lodge et la noirceur d’un récit qui sait aussi se parer des atours de la drôlerie. Assister à une projection de Twin Peaks, c’est simplement l’assurance d’éprouver et de ressentir.