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Les progrès techniques repoussent leurs frontières,
À une allure telle, que demain semble hier :
Ici, l’on cartographie les fins fonds stellaires,
Et là, s’élèvent des tours toujours plus altières.

Nos bons algorithmes règnent en maîtres mutiques,
Et ils nous abreuvent sans cesse de métriques,
Nous y enchaînent, hélas, aux seins les plus privés :
À ces compteurs de « j’aime », nos yeux sont rivés.

Prolifèrent dans leur sillage, les mots coquilles !
Semés en un cimetière de l’inspiration,
Pour plaire à Google, avoir son approbation ;
Les blogs scintillent comme une mer de pacotille.

Qu’il se sent donc à l’étroit, cet Homme nouveau !
Les mesures obsédantes ont sanglé sa pensée :
Elle s’enrichit de chiffres et s’appauvrit en mots,
Elle comprend tout, mais ne peut plus rien exprimer.

À croire que, si l’on questionnait un créateur,
Il saurait nous donner le détail des machines,
Des programmes, des produits sur lesquels il s’échine,
Bien mieux que les ficelles de son propre cœur.

Car cet Homme nouveau n’a pas vraiment changé :
Le sens de sa vie ne peut être calculé,
Il échappe aux prédictions, il échappe aux règles.
La science n’y fera rien, pas plus que les siècles.

L’on pourrait en pleurer, ou l’on pourrait en rire,
Au vingt-et-unième, il faut encore écrire.

Lecture © Yves Pignard, Théâtre des marronniers

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