Auteur, comédien, musicien – Alexandre Astier ne cumule finalement que les mandats du passionné. D’avoir autant été invoqué, le mot paraît écorné, mais Alexandre en est rempli au point de déborder. Peut-être se chagrine-t-il, d’ailleurs, que son legs se résume pour beaucoup à des bordées d’injures, ces « on en a gros » et autres « c’est pas faux », car il suffit de se pencher sur la pièce Que ma joie demeure pour découvrir un féru d’Histoire qui ferre sans coup férir. Non content de nous faire rire, Astier devenu Bach nous fait pleurer ; non content d’incarner, il sait enseigner, sans pourtant saigner à blanc son humour parfois noir. On s’y familiarise avec les montées diachroniques entre deux vannes sur les maladies chroniques, la complexité d’un orgue et de sa tuyauterie dans un local où sèche du saucisson. Parce qu’il n’est jamais entièrement humoriste et jamais complètement tragédien, Alexandre Astier a cette justesse terrible de la fatalité qui jaillit dans le sillage de l’hilarité.