La Valse des pantins, Martin Scorsese


Avec un ton constamment sur le fil qui peut faire basculer ses personnages dans le drame le plus total ou dans un ridicule des plus comiques, la Valse des pantins est de ces œuvres qui déroutent. Satire du monde du spectacle et de son cortège d’illusions, le film dépeint les tribulations de Rupert Pupkin, un doux rêveur persuadé d’être un comique hors pair et prêt à tout pour exposer son talent à la face du monde, quitte à kidnapper son idole, Jerry Langford, une star des plateaux de télévision. Une course à la célébrité qui n’a pas perdu de sa résonance à l’heure où l’on s’édifie des existences en forme de stories et d’instants insta. C’est en allant gratter derrière l’existence du loser et la réussite de la vedette, que le film met à jour une solitude qui unit celui qui prétend au trône et celui qui l’occupe. Et de cette réalité déterrée en osant franchir les préjugés qui vernissent chacun des personnages, le spectateur ne peut qu’en sortir touché en plein cœur ; hébété par cette valse qui impose sa cadence à deux temps : rire et pleurer.