L’Écriture ou la Vie, Jorge Semprún


Ce qui marque ce roman autobiographique est énoncé dès le titre : cette idée d’abord de « vivre sa propre mort », en l’exorsisant par l’écriture. Un tourbillon de mémoire avec mille scènes qui rendent ce livre sur la mort paradoxalement vivant. Jorge Semprún pose des mots sur l’irracontable : sa déportation à Buchenwald, sa participation à un réseau anglais de résistance, sa libération par les troupes de Patton en 1945. Le récit montre comment, avec l’aide d’une femme, et dans les tourments de l’écriture, il lui aura fallu quinze ans pour accepter la vie. L’auteur aurait pu se contenter d’écrire des souvenirs, mais il a composé une œuvre d’art dans laquelle il se place, au fil des mots, en critique de son propre vécu. Un livre que l’on peine véritablement à finir, mais qu’il semble urgent de commencer.