Chez Trafalgar, on continue de se confiner avec une partie des auteurs qui nous ont appris à nous promener de l’intérieur… Eloge du repos, Huis clos, La place, Just Kids, L’invention de la solitude, Vers une sobriété heureuse…

POUR S’AMUSER DE SON DÉCALAGE

Tout le monde est occupé, Christian Bobin

« Il y a des fous tellement fous que rien ne pourra jamais leur enlever des yeux la jolie fièvre d’amour. C’est grâce à eux que la terre est ronde et que l’aube, à chaque fois se lève, se lève, se lève. » Un court roman terriblement insolite, un conte des temps modernes, où un homme fait l’amour avec les yeux, une femme est enceinte pendant 3 ans, et une petite fille de 6 ans prédit l’avenir. On y croise aussi un canari du nom de Van Gogh, qui a des discussions animées avec Rembrandt, un chat lecteur et philosophe. 

POUR ARRÊTER DE CULPABILISER

Eloge du repos, Paul Morand 

À quoi bon gagner du temps si nous ne savons pas en profiter ? Se reposer est un art. Pour éviter que le temps gagné ne soit aussitôt perdu, Paul Morand se livre ici à une pédagogie ironique : les vacances et les voyages s’apprennent, comme le reste. Cette pratique du repos n’est pas seulement une question de lois et de congés payés, c’est d’abord avec l’âme qu’elle a affaire.

POUR S’AIMER LES UNS LES AUTRES

Huis clos, Jean-Paul Sartre

Un garçon d’étage introduit dans un salon Style Empire, Garcin le journaliste-publiciste, Inès l’ancienne employée des Postes et Estelle, la mondaine. Ainsi débute un hallucinant huis clos. Ils vont se livrer un combat de mots qui leur fera réaliser le sens de la vie et de la mort. Ils s’interrogent sur leur damnation et se cachent sous le masque de la mauvaise foi. Chacun a besoin de l’autre pour exister, prendre conscience de soi ; le regard d’autrui est aussi une menace. La violence, l’humour, le désespoir et la révolte traversent cette pièce d’une simplicité diabolique et à la mécanique implacable.

POUR TRAVERSER LA FRANCE ASSIS

Un fauteuil sur la Seine, Amin Maalouf

En racontant la vie et les aventures des dix-huit personnages qui se sont succédé au 29e fauteuil de l’Académie française depuis 1634, Amin Maalouf nous fait revivre de manière charnelle, quatre siècles d’histoire de France. On revisite ici la querelle du Cid et la révocation de l’Édit de Nantes, l’expulsion des jésuites et l’émergence de la franc-maçonnerie, la Révolution de 1789, le Second Empire, la guerre de 1870 et la Commune de Paris, l’invention de l’anesthésie et celle des funérailles nationales, l’Affaire Dreyfus et les grandes guerres du XXème siècle…à partir d’un simple fauteuil, Amin Maalouf nous fait redécouvrir les riches heures du passé de la France, la permanence de son génie national, ainsi que ses constantes métamorphoses.

POUR FUIR LES BONIMENTEURS

Le Misanthrope, Molière

Alceste, le misanthrope, est le plus loyal et le plus droit des hommes. Malheureusement, il lui manque une vertu : l’indulgence pour la conduite des autres. Dans son rigorisme, il pousse la franchise jusqu’à la brutalité. Un compliment banal, de pure politesse, en voilà assez pour le faire crier au mensonge, à l’hypocrisie, et il ne voit partout qu’imposture, intérêt, trahison, fourberie. Aussi dans sa colère peu réfléchie, il n’épargne personne et ne craint pas de dire qu’il hait tous les hommes.

POUR NE PAS RENIER SES ORIGINES

La place, Annie Ernaux

Il n’est jamais entré dans un musée, il ne lisait que Paris-Normandie et se servait toujours de son Opinel pour manger. Ouvrier devenu petit commerçant, il espérait que sa fille, grâce aux études, serait mieux que lui. Sa fille, Annie Ernaux, refuse l’oubli des origines. Elle retrace la vie et la mort de celui qui avait conquis sa petite place au soleil, et dévoile aussi la distance, douloureuse, survenue entre elle, étudiante, et ce père aimé qui lui disait : « Les livres, la musique, c’est bon pour toi. Moi, je n’en ai pas besoin pour vivre. »

POUR MÊLER TOUTES LES PASSIONS

Just Kids, Patti Smith

Véritable conte, Just Kids commence comme une histoire d’amour et finit comme une élégie, brossant un inoubliable instantané du New York des années 60-70, de ses riches et de ses pauvres, de ses paumés et de ses provocateurs. Pendant les années de vache maigre, deux gamins font le pacte de toujours prendre soin l’un de l’autre. Romantiques, engagés dans leur pratique artistique, nourris de rêves et d’ambitions, ils se soutiennent et se donnent confiance.

POUR INTERROGER LA MÉMOIRE FAMILIALE

L’invention de la solitude, Paul Auster

Paul Auster est devenu écrivain parce que son père, en mourant, lui a laissé un petit héritage qui l’a soustrait à la misère. Le décès du père n’a pas seulement libéré l’écriture, il a littéralement sauvé la vie du fils. Celui-ci n’en finira jamais de payer sa dette et de rembourser en bonne prose, le terrifiant cadeau du trépassé. L’écrivain ne cherche pas le sens de la vie. Au contraire, il en souligne le caractère insaisissable par plusieurs commentaires sur la nature du hasard, ces accidents ou contingences qui parsèment le cours d’une existence. « J’avais une blessure et je découvre maintenant qu’elle est profonde. Au lieu de la guérir, comme je me le figurais, l’acte d’écrire l’a entretenue. »

POUR SE DÉDOUBLER

Le Carnet d’or, Doris Lessing

La jeune romancière Anna Wulf, hantée par le syndrome de la page blanche, a le sentiment que sa vie s’effondre. Par peur de devenir folle, elle note ses expériences dans quatre carnets de couleur. Mais c’est le cinquième, couleur or, qui sera la clé de sa guérison. Le Carnet d’or est le portrait puissant d’une femme en quête de sa propre identité, personnelle et politique.

POUR SE SENTIR L’ÂME D’UN COLIBRI

Vers une sobriété heureuse, Pierre Rabhi

« J’avais alors vingt ans, et la modernité m’est apparue comme une immense imposture. »

Dans cet ouvrage, Pierre Rabhi apporte son témoignage sur ce qu’il appelle la « sobriété heureuse », prise en tant que réelle valeur de bien-être, force de libération physique et morale. Il expose de manière claire les failles de la société actuelle et nous invite à réfléchir à une nouvelle forme de société, différente dans ses valeurs, dans les relations humaines et dans le lien à la Terre. Pierre Rabhi nous fait valoir qu’un autre monde est en train de se créer, il nous invite à sortir du mythe de la croissance indéfinie, à inaugurer une nouvelle éthique de vie, vers une sobriété tranquille et heureuse.