Chez Trafalgar, on continue de se confiner avec une partie des auteurs qui nous ont appris à nous promener de l’intérieur… L’élégance du hérisson, Paroles, La Vie matérielle, Le jardin d’Epicure, La vie devant soi, Les mots, 1984

POUR ARRÊTER DE JUGER UN LIVRE À SA COUVERTURE

L’élégance du hérisson, Muriel Barbery

Renée a 54 ans, elle est la concierge du 7 rue de Grenelle, un immeuble bourgeois et cossu du 6ème arrondissement de Paris. La place de Renée se trouve parmi les érudits, les penseurs et les philosophes. Mais ça, elle ne le dit pas. Elle cultive les archétypes de la profession pour préserver son jardin secret : sa passion pour les héros de Tolstoï, la grande musique et les films d’Ozu. Elle se cache sous une image que tout le monde se fait d’une concierge d’immeuble : une personne qui ne prend pas soin de son apparence, sans éducation, peu aimable et inculte.

POUR POURSUIVRE SA LÉGENDE PERSONNELLE

Manuel du guerrier de la lumière, Paulo Coelho

Un petit garçon s’entretient sur une plage avec une belle et mystérieuse femme qui porte un voile sur le visage ; celle-ci lui demande s’il entend sonner les cloches d’un temple disparu, un jour englouti par les eaux. Mais le petit garçon n’entend rien, et il est déçu. Ce n’est qu’après un an qu’il finira par entendre les fameuses cloches. Heureux, il rencontre de nouveau la femme voilée. Cette fois, celle-ci se décide à lui enseigner les préceptes qui guident la vie de ceux qu’on appelle les guerriers de la Lumière. Ils se reconnaissent au premier regard. Ils sont au monde, ils font partie du monde. Souvent ils trouvent que leur vie n’a pas de sens. C’est pour cela qu’ils sont des guerriers de la lumière. Parce qu’ils s’interrogent. Parce qu’ils continuent de chercher un sens. Et ils finiront, par le trouver. 

POUR GOÛTER AUX CALEMBOURS

Paroles, Jacques Prévert

“Rappelle-toi Barbara, il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là, et tu marchais souriante, épanouie, ravie ruisselante, sous la pluie. Oh Barbara, quelle connerie la guerre ! Qu’es-tu devenue maintenant, sous cette pluie de fer, de feu d’acier, de sang ? Et celui qui te serrait dans ses bras amoureusement, est-il mort disparu ou bien encore vivant ?” Ce recueil offre une poésie souvent corrosive, contestataire, parfois drôle et tendre, écrite avec des mots de tous les jours.

POUR PRENDRE DE SES NOUVELLES

La Vie matérielle, Marguerite Duras

“Ce livre n’a ni commencement ni fin, il n’a pas de milieu (…) J’ai hésité à le publier mais aucune formation livresque prévue, ou en cours, n’aurait pu contenir cette écriture flottante de La vie matérielle, ces aller et retour entre moi et moi, entre vous et moi dans ce temps qui nous est commun. Chaque existence est un problème insoluble. Les voisins de palier, rangés verticalement dans les immeubles, on se demande comment c’est possible et on fait partie des rangées. Ce qui remplit le temps c’est vraiment de le perdre.”

POUR REGARDER LE SOLEIL EN FACE

Le jardin d’Epicure, Irvin Yalom

À travers Amelia, James, Mark ou Alice, Irvin Yalom dévoile à chacun de nous comment affronter les défis d’une vie tout en savourant ce que chaque instant a de précieux. Un livre sur le défi le plus exigeant, le plus prégnant que nous rencontrons : surmonter notre peur de la mort. Une préoccupation majeure, omniprésente et universelle qui ressemble au fait de “regarder le soleil en face”. 

POUR DIALOGUER AVEC SA BIBLIOTHÈQUE

L’ombre du vent, Carlos Ruiz Zafon

Dans la Barcelone de l’après-guerre civile en 1945, un homme emmène son petit garçon – Daniel Sempere – dans un lieu mystérieux : le Cimetière des Livres Oubliés. L’enfant est ainsi convié par son père à un étrange rituel qui se transmet de génération en génération : il doit y adopter un volume parmi des centaines de milliers. Là, il rencontre le livre qui va changer le cours de sa vie, le marquer à jamais et l’entraîner dans un labyrinthe d’aventures et de secrets enterrés dans l’âme de la ville.

POUR PORTER L’INNOCENCE EN BOUCLIER

La vie devant soi, Romain Gary

Mohammed, dit Momo, raconte sa vie à Belleville chez Mme Rosa, une juive âgée et malade, rescapée d’Auschwitz. Ancienne tenancière de maison close, elle élève des enfants abandonnés ou laissés en pension par des prostituées. Momo considère Mme Rosa comme sa mère. S’il a la vie devant lui, Madame Rosa, quant à elle, est hantée par ses souvenirs d’Auschwitz, se laissant gagner peu à peu par la maladie : « Moi je trouve qu’il n’y a pas plus dégueulasse que d’enfoncer la vie de force dans la gorge des gens qui ne peuvent pas se défendre et qui ne veulent plus servir. »

POUR APPRENDRE LE NOVLANGUE

1984, Georges Orwell

Souriez, vous êtes filmés. Ce roman de science-fiction décrit un régime totalitaire à la tête duquel Big Brother dirige le monde. Ce nom est connu de tous et fait référence à tout système qui cherche à s’infiltrer dans nos vies et à nous contrôler. Smith décrit la société qui l’entoure : la délation généralisée, la négation du sexe et de toute sensualité, la police de la pensée et de la langue, et surtout la surveillance de Big Brother. Liberté est Servitude. Ignorance est Puissance. Telles sont les devises du régime. Pourtant Winston refuse de perdre espoir. Avec l’insoumise Julia, ils vont tenter d’intégrer la Fraternité, une organisation ayant pour but de renverser Big Brother. 

POUR CULTIVER LA FLAMME DE LA CORRESPONDANCE

Les Liaisons Dangereuses, Pierre Choderlos de Laclos

Ce livre est principalement basé sur le pouvoir de l’intrigue et de la séduction. Le comte de Gercourt a quitté la marquise de Merteuil. Celle-ci, furieuse et blessée, décide de fomenter une vengeance terrible lorsqu’elle apprend que Gercourt va bientôt épouser la jeune et innocente Cécile de Volanges. Mme de Merteuil confie une mission de choix à son ancien amant, le Vicomte de Valmont : user de son talent pour le libertinage afin de séduire, et de corrompre, Cécile de Volanges. Valmont n’est pas homme à refuser pareil défi, mais l’objet de toutes ses attentions est ailleurs : il a jeté son dévolu sur une autre femme, réputée dévote et incorruptible, la présidente de Tourvel. 

POUR S’AFFRANCHIR DES CROYANCES

Les mots, Jean-Paul Sartre

Dans cette autobiographie, Sartre raconte ses souvenirs d’enfance. Le livre est divisé en deux parties : « Lire » et  « Écrire » car l’apprentissage de la lecture et de l’écriture ont été les deux événements les plus marquants pour cet enfant solitaire. Sartre se livre à cet exercice avec un esprit critique et une grande ironie. Il démystifie l’attendrissement dont beaucoup entourent cette époque de la vie : “J’étais un enfant, ce monstre [que les adultes] fabriquent avec leurs regrets.” Pêle-mêle, il rabroue et piétine les illusions d’une vocation littéraire, le mythe de l’écrivain, la sacralisation de la littérature dans un procès dont il est à la fois juge et partie.