« Je suis ce mot BANAL, mais qu’on juge bien utile,
Je suis là quand les mots plus justes se défilent,
Quand l’envie n’y est pas, ou bien quand le temps PRESSE,
Je me glisse PARTOUT sans astuce ni adresse.
Si je passe inaperçu, je suis apprécié,
Je suis le bon copain ! Le SI VITE OUBLIÉ,
Mais je me lasse d’orner le moindre propos,
Et de peu à peu perdre le sens des mots.
Je parle de vision, de PASSION, d’engagement,
Je choisis « aimer » – car j’ai PEUR des sentiments –
Sans nuance pour un plat, pour un homme, pour un vers,
Tout est AUTHENTIQUE, tout est révolutionnaire.
Je m’escrime à écrire qu’un rien est convivial,
Pour moi chaque ambiance est toujours familiale.
Je dis beau, je dis GRAND, je me fais transparent,
Loin d’être original, je laisse indifférent.
J’étiquette à TOUR DE BRAS « fait avec amour »,
Sans jamais chercher à affiner mon discours.
Je préfère les routes du coeur libéré,
Je me CONTENTE bien des images galvaudées,
De ce nouvel élan, ou du train vers demain,
J’aime les mots TORDUS qui me viennent de loin,
L’ubérisation me donne l’air érudit,
Je me perds à vouloir cueillir les ressentis.
À parler d’humanisme je deviens LIVIDE,
Je suis grandiloquent, mais comme une COQUILLE vide,
Je veux tout et rien dire, et NULLE PART je résonne :
CAR À PLAIRE À TOUT LE MONDE, ON NE PLAÎT À PERSONNE. »