Portrait de collaborateur, Jacques
Si les plus anciens se souviennent de Jacques le chef de chantier, la plupart se rappelle surtout avoir tapé à la porte de M. Basile, directeur régional puis délégué de Campenon Bernard. Pourtant, plutôt que d’ériger des ouvrages d’art en précontrainte, ce dessinateur aguerri s’imaginait faire fuser les fusains sans astreinte.
De cette relation galvanisante avec son mentor, Jacques sut tirer la force nécessaire pour affronter un baptême du feu des plus brûlants : le parking de la Part-Dieu. La Part-Dieu, c’était le rythme éreintant des trois-huit et la gestion « de deux-cent gars » pendant des journées interminables. C’était les problèmes de dernière minute et les ennuis dès la première heure. Les signes d’une dépression pansés par un repas aux Halles de Lyon avec Perillat. Les grèves tempétueuses, les colères à tempérer et le repaire d’une motivation à bout de nerfs. La Part-Dieu, c’était le chantier de tous les états d’âme ! Mais c’est aussi celui que Jacques évoque désormais avec fierté et dont il peut dire : « J’y étais ».
Portrait de collaborateur, Habib
Certes, ce gardien zélé a fait de ce site, un monde à part dans la galaxie Campenon. Certes, il est de ceux qui savent oublier les tours de cadran quand le travail l’exige. Oui, Habib n’a pas volé ce surnom de « fils du patron », attribué par les copains comme pour railler son dévouement ; mais cette abnégation était aussi celle d’un locataire soigneux prêt à élire domicile sur place. Un mobil-home paumé au beau milieu de l’Isère, un bureau devenu maison, bordé par le goudron de l’A43 et les jeunes pousses d’herbes aromatiques. Car Habib fit de ce foyer un improbable emblème de l’esprit d’entreprendre qui a cours chez Campenon, en cultivant un jardin là où peu de mains vertes se seraient aventurées. Qui pourrait ainsi se targuer d’avoir planté pêchers et figuiers en pleine zone industrielle, ou se prévaloir d’avoir embelli barrières de métal et dalles de béton par quelques fleurs ramenées de Tunisie ? Ici, c’était chez lui.