Reconnue pour ses Portraits de lieux iconiques, la Maison Trafalgar a été sollicitée par la Métropole de Lyon afin de partager ses techniques d’écriture. Maxime, un de nos talentueux portraitistes, a pu revenir sur l’importance de la préparation mentale et physique – « la mise en écriture » –, se consacrer au sujet de la structure, au choix des mots, et à l’étape essentielle de la prise de recul. Un atelier durant lequel chaque participante put choisir un lieu, un monument, un repère, et tisser un écrit autour de ses sensations, ses souvenirs – étayé par des mécaniques concrètes. Par son angle ludique, qui prête un « je » aux bâtiments, le regard de la Maison Trafalgar a contribué à revisiter, à leurs côtés, des lieux déjà références.
Retour client de Pascale G, Responsable Marketing et Promotion, Direction de la Valorisation Territoriale, sur l’atelier d’écriture :
« Avec Trafalgar, notre équipe s’est prêtée à un exercice original et quelque peu déroutant : l’atelier d’écriture. La précision des conseils, la rigueur et la maîtrise de la langue de ces professionnels des mots nous auront toutes marquées ! Un grand merci pour cette attention portée à notre demande et pour les bénéfices que nous en tirerons sur le long terme. »
Extrait du Portrait du quartier de La Part-Dieu, par la Maison Trafalgar :
Les amateurs de raccourcis diront que je ne suis qu’un pur produit de modernité, qui se décline en avenues goudronnées et tours surchauffées. Mais sur ma cuirasse de verre se projettent les âmes qui m’arpentent : je suis ce voyageur qui sort de gare, satisfait d’être arrivé, comme je suis cette étudiante impatiente qui rentre chez ses parents ; je suis cette amoureuse de mode qui s’égare, béate, dans les alvéoles de mon poumon commercial, je suis cet homme d’affaires qui surplombe son ancienne faculté, du haut de son perchoir chromé. Je suis le carrefour des habitudes, le quartier où l’on ne fait que passer, mais qui tombe le costard si l’on ose gratter le bitume pour que perce le pavé, gratter l’ambition pour qu’apparaisse l’humain : ici, Paul Bert le bigarré et le pragmatique Vivier-Merle se serrent la main. En fin de compte, la Part Dieu fait la part belle aux mélanges surprenants. L’horizontalité de mes rues côtoie la verticalité de mes vues, et mon doigt tutoie le ciel de la pointe de son Crayon pour y écrire en toutes lettres : « je suis le perron de Lyon », là où le blues du businessman peut se guérir d’un voyage immédiat, que l’on choisisse de rester à quai ou pas.
Extrait du Portrait du quartier de la Guillotière, par la Maison Trafalgar :
Ils ont surnommé mon voisin « Vieux Lyon ». On croirait un monarque de savane perché sur son rocher, à qui on demanderait conseil avec un air respectueux et le dos courbé. Je trouve que ça a son petit côté vénérable ; ça rallonge. Moi, on m’a raccourci ; les gens qui me fréquentent me regardent droit dans les yeux. Ils m’appellent « La Guille ». Je suis un pont. Entre les pays, les peuples, les siècles. Loin des silences de cathédrale que les diacres de la modernité consacrent dans le Business Center de la ville, loin des voix robotiques toujours plus rapides qui résonnent à la Part-Dieu, j’accueille la clameur et le raffut des mioches comme des ancêtres. Des hommes comme des femmes. Je suis un chaudron où les accents, les grains de peau, les couleurs et les yeux s’entremêlent, s’épousent, se courtisent et se fâchent. Unicité dans la multiplicité, égalité des inégalités, l’on dit de la Guille qu’elle traite tous ses invités avec la même bonne humeur. On n’a pas tort. Certains pensent que c’est une grande âme qui habite la nation et se morcelle vers le peuple ; je pense habiter un peuple de petites âmes qui forme une grande nation. La nation du monde.