Portrait de dirigeante, Sophie

Si une ville trouve son caractère et sa raison dans la pierre et le béton, les rebords de fenêtres, les arrière-cours et les salons sont autant d’interstices offrant à la verdure un peu de justice. Afin que ces espaces soient pris d’assaut par les végétaux, Sophie creuse des solutions pour que les citadins – plus optimistes que candides – cultivent leur jardin en un tour de main. Ce que les vaches relâchent en gros, l’entrepreneure le réinvente en grains, colportant de bon gré une ruralité qui cimente son entrain. Sobrement empaquetée dans un sachet qui se passe volontiers de l’imagerie petites fleurs, petits lutins, La Belle Bouse et sa gamme de produits sans odeur, au slogan bien senti, se sont faites expertes en oxymores.

 

La Belle Bouse expose désormais sa conscience locale sur une diversité d’étals : boutiques biologiques, fleuristes experts et marchés de taille hyper. Ayant dépassé l’univers des start-up qui l’a vue se former, Sophie porte ses réflexions auprès d’une chaîne de partenaires, reliant les agriculteurs perchés sur les plateaux de la Savoie aux revendeurs nichés dans des cités où l’urbanisme fait loi.  Elle fut peut-être la première cliente de sa société, Sophie fit vite un malheur en remportant l’adhésion des jurys, des jardiniers apprentis comme des plus aguerris. Au-delà du trophée Jeune Entrepreneur de l’Année, elle conserve surtout les résultats des bienfaits qui traversent potagers, arbustes et autres bananiers. Et parce que les graines qu’elle plante sans concession dans son entreprise lui confèrent pleine santé, Sophie ne saurait chercher l’herbe que l’on dit plus verte ailleurs ; elle préfère cette place qu’elle s’est aménagée, et qui lui permet de prouver par elle-même que l’on récolte tout ce que l’on sème.