Portrait croisé d’associés, Laurent et Olivier

Érigée en success story au risque de commettre de regrettables raccourcis, la trajectoire de Laurent et Olivier de la Clergerie ne saurait être comprimée dans le cliché des étoiles contraires, ou tout autre monochrome trop net : au-delà des chiffres et des poncifs préconçus, il est des petites histoires qui gagnent à être connues. Outre une répartition des missions qui fait de Laurent l’architecte au trait franc et entier, d’Olivier le méticuleux maître de chantier, les deux frangins se rejoignent dans une cadence de l’entrepreneuriat où rien n’est éternel, sinon le pilier de la synchronicité fraternelle.

 

Si la fratrie de la Clergerie s’orienta effectivement vers l’ingénierie, ils n’eurent pas exactement la même approche de la discipline. À Laurent, déjà un rien provoc devant tout ce qui le choque, d’être l’angoisse des parents, toujours « ric-rac » de la moyenne, à préférer les tables de poker virtuelles à celles où les examens le rappellent. Sa ruse peu orthodoxe l’ayant adoubé The Fox sur Internet, le jeune hacker développa sa propension à casser les codes, à commencer par ceux du réseau étudiant – impliquant la complicité de celui que personne n’a jamais soupçonné.

 

Tel un bernard-l’ermite incessamment à l’étroit, LDLC connaît une croissance trop rapide pour demeurer longtemps au même endroit. Le groupe bondit à Dardilly, à Saint-Quentin, à Écully, ouvre des boutiques aux quatre coins de la France et déclenche des tics nerveux chez ceux qui prédisent un résultat désastreux. Mais au bout de la course, voilà qu’il arrive en bourse ; voilà qu’il emmène Olivier et sa carrure décisionnaire dans une seconde partie de carrière. Les initiales LDLC, réputées comme un incontournable du e-commerce informatique et high-tech, sont passées de la capitale des gones à celle de l’Hexagone, avant de traverser la France, la Suisse, la Belgique et le Luxembourg. Les deux frères, entourés par plus de mille collaborateurs ayant comme eux l’innovation dans le collimateur, ont ajusté leur mire bien au-delà de l’assemblage des ordinateurs afin d’essaimer dans d’autres secteurs, et de confirmer que des filiales pouvaient aller de pair avec les cartes mères.

 

Tous les geeks le savent depuis les avancées des processeurs : l’heure est aux structures qui hébergent plusieurs cœurs. Bien entendu, ceux de Laurent et Olivier seront toujours envoûtés par les nouveautés qui percent dans la Silicon Valley et ailleurs, mais la question se pose de regarder au-delà de graphismes plus fins, d’une escalade à la puissance sans fin. Laurent a donc pressé le bouton « reboot » sur ce projet de restaurant resté à l’échec, lui qui mangeait les pages de magazines culinaires à l’âge où les enfants se mettent n’importe quoi dans le bec. Et fidèle à ses fourneaux autant qu’il l’est à ses manières, l’agitateur continue d’interroger et de déroger à ce qui serait attendu, au risque de s’exposer au bâton qu’il aura lui-même tendu.

 

Portrait de collaboratrice, Christine

C’est en augmentant le pas de son ambition et en quittant son pays natal que Christine prit la décision d’un changement de vie radical. Et la France romanesque et romantique imprimée en image d’Épinal percuta une réalité plus épineuse ; très vite, l’originaire de Tsin Tao dut troquer sa routine pour le chaos. Entre la gestion logistique de premier ordre et la conduite de tractations serrées, Christine rend aujourd’hui un peu de cette fierté à son père entrepreneur qui lui inculqua la puissance de la valeur travail, rassure aussi une mère qui inventa tous les baratins possibles pour empêcher que sa petite Xin ne s’en aille. Les embarquant régulièrement en voyage à travers les continents « histoire d’apporter un peu de douceur dans leur quotidien », Christine se replace toujours sur la ligne de départ, parée à rassembler ce que le monde a d’épars.

 

Portrait de collaborateur, Yann 

Depuis, le haut débit a peut-être chassé les pelotes de câbles pour connecter les unités centrales, il résonne encore l’écho des parties de Quake qui se disputaient rue de Marseille, les frags et les deathmatches poursuivis jusqu’aux aurores pour laver son honneur, avant de réceptionner le matériel dans la bonne humeur. Moins l’élu d’une prophétie pour sauver le royaume que celui d’un système fondé sur d’aventureux axiomes, Yann se fait aujourd’hui le garant d’une intégrité que la croissance du groupe ou les effets de mode ne sauraient ébrécher.

 

Portrait de collaborateur, David

Le goût du labeur glané en terres finistériennes, David fila ses désirs d’imaginatif dès son retour à la vie civile, où un BTS en informatique et quelques CV peu denses, mais très graphiques, lui assurèrent une entrée active sur le marché. À la veille de la trentaine, il s’inscrit parmi les pionniers du e-commerce au sein d’agences parisiennes à la pointe. Il se souvient des prémisses du secteur que seuls les plus impliqués comprenaient ; des journées passées à plancher, des nuits en lits de camp installés sur place, des soirées enfumées, des idées fumantes et des budgets alloués sans latence.

 

Portrait de collaboratrice, Dominique

Le point d’orgue d’une carrière durant laquelle Dominique ne fit jamais preuve d’orgueil, quand bien même son humeur constante et sa gouaille légendaire, remarquées partout, lui ont érigé une réputation d’affable à l’écoute. Il faut dire que la Technicienne de surface ne s’est jamais contentée d’y rester lorsqu’elle tissait quelques affinités à l’occasion d’une pause ou d’une discussion à la volée. De son quart d’heure rituel en compagnie d’Olga, directrice de la compta, à ses déjeuners partagés à l’accueil, aux côtés de Catherine, c’est à force de conversations en pagaille qu’elle s’est hissée à un niveau de savoir que pourrait envier n’importe quel RH ; Dominique connaît les manies de Marie, les habitudes de Harry, les anecdotes glanées à l’informatique jusqu’aux emplois du temps de la logistique.

 

Portrait de collaborateur, Basil

Amenez un Livreur à se livrer, il se produira des effets à réception. Si son métier pris à cœur lui a conféré une renommée d’ambassadeur, Basil soigne une discrétion de fond, lui qui pourrait d’ailleurs en être le convoyeur. Diplômes en logistique classique et sa variante humanitaire, licence en géographie et qualité d’agent de maîtrise en commerce – toutes ces qualifications étagées pourraient en encombrer d’autres, ce sont surtout les qualificatifs élogieux de ses clients dont il souhaite être l’apôtre.