Portrait croisé d’associés, Loïc et Grégory
Si la course aux étoiles vide certains univers de leur atmosphère, Loïc Renart et Grégory Cuilleron ont prouvé que leur supplément d’âme se cachait dans de menus détails. Des viennoiseries ronronnant durant leur tour de chauffe au doux appel d’une viande en sauce, des brèves saillies fusant autour d’un café fumant aux canailles réunies par des plats qui le sont tout autant, le Comptoir Cecil est de ces lieux où l’art du palais se délie des manières princières.
Quand l’enfant de chœur ne menait pas ses complices à travers les clochers de la cathédrale Saint Jean-Baptiste, dans la brume percée d’une lumière d’Amsterdam, quand le scout éplucheur de patates n’honorait pas un rendez-vous sous la queue du cheval de Bellecour, entouré des façades flaquées d’ocre par un soleil qu’on croirait natif de Florence, Grégory parcourait les ramifications d’un carrefour éminemment plus intime. À commencer par le grand-père Léon, ce démineur à la cheville blessée mais à la gaieté intacte, et la grand-mère Paulette au tempérament résistant, dont les tartes au fromage ou aux pommes, et les poulets à la crème et aux morilles, se perpétuent moins au gramme qu’à l’intuition près. Le Globe & Cecil, pour le môme détalant sous la farine et les œufs déversés dans la rue Saint Jean, était à l’époque une figure aussi familière qu’étrangère ; une passerelle qu’il mettra des années à emprunter pour rallier la rue Gasparin.