Portrait croisé d’associés, Lisa et Mathilde
Happée par la piste de son grand-père, Lisa a quant à elle creusé sa place dans le sillage des détectives qu’elle côtoyait depuis l’âge des J’Aime Lire, et une débrouille dans les cadeaux de sa famille, qui avait perçu la dextérité précoce. Évidemment, l’attrait pour l’ancien grava le mythe d’Indiana Jones dans l’imaginaire de la jeune élève qui, dans le cadre de ses cours d’art, ratissait les Puces du Canal pour dénicher ces objets délaissés sur lesquels s’entraîner à restaurer ; évidemment, le papier s’imposa de
lui-même à cette dépositaire d’une Histoire tourmentée, qui lui lègue maintenant ses esquisses et ses idées.
Un ouvrage plus de vingt fois remisé pour que s’inculque le métier – s’il s’était logé dans quelque anfractuosité de la Manufacture, l’esprit de Boileau aurait dédié un sourire aux industrieuses. Parce qu’à fuir tout accroc on perd son accroche, les chatoyants tissus envisagés aux commencements s’éclipsèrent finalement. La ficelle noire ardemment désirée pour relier les carnets se débusqua au terme d’une traque de deux ans, qui aiguilla les associées vers la dernière usine d’Europe à les fabriquer; chaque composante des réalisations sur-mesure Rinck continue donc d’être interrogée avec la finesse du limier.
Les deux Lyonnaises, qui ont pris le contrepied des adages excluant les amis des affaires, ne connaissent ni d’obstacle qui ne se surmonte par la synergie, ni d’aspirations trop larges pour leur énergie. De la confection à l’affection, qu’elle soude les couvertures aux pages des carnets, ou les qualités aux rouages de la complicité, la promesse est faite de résister à l’épreuve du temps.