Sensible à la mission littéraire de la Maison Trafalgar et à l’expérience singulière de l’entretien d’extraction, Guillaume Decitre a profité du double anniversaire – 10 ans du Fonds Decitre et 10 ans de l’entreprise Vivlio –, pour s’autoriser à arrêter le temps, vivre cet exercice de réflexion aux côtés de nos équipes, et leur confier la rédaction de son histoire. Afin de dépasser l’unique facette de dirigeant que l’on retrouve dans pléthore d’articles de presse, d’entériner l’entrée du patrimoine littéraire dans l’ère du tactile et du pixel, de ses premiers élans d’entrepreneur aux États-Unis à la création de Vivlio, en passant par la direction des librairies Decitre et ses engagements plus personnels, le Portrait de Guillaume Decitre s’attache moins à la chronologie qu’au fil rouge émotionnel qui a su coudre ses initiatives plurielles.  

Extraits du Portrait de Guillaume Decitre :

Si le livre papier a longtemps imprégné sa fibre d’entrepreneur, lui a ouvert un parcours fait de reliures et de reliefs, le Président fondateur de Vivlio et du Fonds Decitre ne peut s’empêcher de suivre son goût pour l’initiative qu’il ne considère qu’au multiple ; traversées à la voile et projets philanthropiques, engagement écologique et détermination à transformer le secteur du livre. Durant son enfance, Guillaume furetait alors dans la bibliothèque parentale parmi des ouvrages qui promettaient une jolie pause, entre les vers et les proses ; s’immisçait avec quelques petits fours dans le repas des grands et y restait jusqu’au dessert, bercé par les anecdotes des écrivains à qui les Decitre proposaient gîte et couvert.

L’ancien spécialiste en capital-risque a de toute façon toujours mesuré les paris qu’il prenait en écoutant aussi bien les tendances et les indicateurs que les battements de son cœur. La frustration d’avoir perdu sa bibliothèque numérique en changeant de pays suffit d’ailleurs à amorcer l’odyssée Vivlio qui, depuis plus d’une décennie, s’assure que la légitimité de sa marque de liseuses et d’ebooks ne fasse plus aucun doute. Dans la même lignée, une virée épatante en parapente a mené Guillaume à sauver de la faillite le magazine référence de la discipline, et la disparition brutale de son ami d’enfance Christophe Mérieux, qui s’était consacré tout entier à la médecine, l’a marqué jusqu’à donner au deuil la forme d’un fonds de dotation. Il créa le Fonds Decitre pour rendre une part de ce qu’il avait reçu sans l’avoir demandé et faciliter l’accès au livre auprès d’un large public : personnes à la trajectoire cabossée par la rue, lecteurs en herbe ou qui s’ignorent, écoles, hôpitaux et établissements accueillant les seniors.

En dépit de sa discrétion et d’une retenue ne laissant pas souvent transparaître tout ce qui le passionne et le secoue de l’intérieur, c’est à travers cette promesse que la suite sera romanesque que l’esprit du dirigeant s’aligne, que l’homme se livre. Pour Guillaume, l’histoire se poursuit de la manière dont il anime ses conférences littéraires – habité qu’il est, chaque fois qu’il s’éloigne de la trame. Car aux récits rectilignes et aux périphrases qui tournent en rond, il préférera toujours le panache d’autres figures de style. Des partis pris qui s’évasent en oxymores à ces allégories, ces rêves un brin échevelés, son cheminement n’est autre qu’une gradation singulière, écrite à main levée.