MOT À MOT avec Virgile Deslandre, Directeur des opérations, Maison Trafalgar.
Le mot excessivement employé par votre secteur, dont vous vous êtes lassé ?
Media-training : je trouve que ce mot n’est pas joli, et en tant que formateur à l’art oratoire, j’y suis confronté chaque jour.
Le mot qui vous démarque, que vous êtes fier d’avoir trouvé ?
Oulipien : parce que j’aime qu’il signifie quelque chose de très précis, tout en étant le fruit d’une imagination délirante.
Le mot réflexe, dont vous aimeriez personnellement vous débarrasser ?
D’accord : mot que j’articule sous forme interrogative, à la fin de mes explications – réflexe d’enseignant.
Le mot qui fâche dès que vous l’entendez ?
Corporate : Loyal, travailleur… sont des adjectifs qui me semblent ô combien plus précis et élégants.
Le plus joli mot de votre métier ?
Éloquence : pour ce qu’il évoque et pour le son qu’il produit.
Le mot qui fait rire, auquel vous êtes joyeusement attaché ?
Rigole (la) : une rigole n’est pas toujours rigolote mais le mot me fait rigoler.
Le mot peu utilisé, qui mérite d’être réhabilité ?
Subséquemment : il me donne immédiatement la sensation de relire les analytiques d’Aristote – on a les passions qu’on mérite…
Le mot qui fait rougir, qui ne manque pas de vous toucher ?
Mélodie : tout ce qu’il m’évoque est gracieux.
Le mot dont l’orthographe ou le sens vous fait toujours douter ?
Déréliction : d’ailleurs, je l’ai dans un premier temps écrit « diriliction » – et je ne sais toujours pas bien ce qu’il signifie. Je chercherai.
L’anglicisme qu’on préfère en français ?
Happy Hour : L’heure Heureuse ne serait pas mal, mais la répétition de « heur » me heurte. Empruntons donc à la plume de Verlaine, et allons, pendant « L’Heure Exquise », partager un verre avec d’exquis amis.
Le mot qui a de l’allure, qui porte une queue-de-pie, qu’on amène en soirée ?
Opalescence : c’est la lune en robe de soirée.
Le mot qui met tout le monde d’accord ?
Mort : parce que le sursis est notre lot commun.
Le mot de la fin ?
Silence : j’ai hésité avec « idem », qui aurait renvoyé au mot précédent – « mort ». Mais il m’est apparu qu’un silence débute par le premier des mots qu’on ne prononcera pas : c’est vraiment la fin.