Écrits couture
À ceux qui s’imagineraient la vie de château, je réponds par la vie qui s’abreuve en Champagne. Quoique mon titre se devine à mes atours – blason dans ma cour, et campé sur mes tours –, j’ai surtout celui du veilleur de la Côte des Blancs. Et si certaines personnalités illustres et têtes couronnées séjournent en mes murs, il s’agit moins d’ancrer le pouvoir à un siège que de s’émouvoir à faire sauter le liège.
Plutôt muse que musée, je fais l’évènement en retraçant les mythes qui m’ont décoré. Le vécu de la Maison s’est certes révélé par le 150e anniversaire de la cuvée impériale ; mes cultures, loyales au soleil, rendent d’ailleurs un hommage au roi qui crut être son pareil. De la France, je rallie la Chine, puis l’archipel nippon et ses grues, les années folles aux motifs incongrus. C’est aux fausses légendes et discours de façade que mes onze suites s’opposent ; chacune semble s’ouvrir sur un monde où le souvenir s’ancre et se repose. Je fais côtoyer le Hollywood des stars et rejoins la toundra des tsars, renoue avec l’Amérique pour enfin gagner les îles britanniques. J’ai même ambassade en Perse : dans toutes mes pièces, je me réinvente sans cesse.