Parfois l’on joue sur les homophones, parfois ils se jouent de nous ! Il peut arriver que certaines sonorités malheureuses se glissent à notre insu dans une phrase, et qu’on ne la détecte qu’en dernière lecture, à voix haute. L’on peut penser aux saccades des « a-a-a », comme « il ne lui restait plus qu’à arriver à l’heure à l’entreprise », mais d’autres sons courants de la langue créent à l’occasion des répétitions invisibles à l’écrit – qui éclatent à l’oral. Prenons une situation anodine : deux amis paressaient sur la rive d’un point d’eau jusqu’à la venue d’un orage, qui les a fait fuir. Eh bien, sans la rigueur du métier, l’on aurait tôt fait de s’improviser Desproges, et d’écrire « ils ont quitté l’étang, étant donné que le temps, tempéré jusque là, tempêterait bientôt ». Ah, tant pis pour la paresse !