Mon stage prend fin ce vendredi, et c’est la première fois depuis deux mois que je vous quitterai ce soir sans vous lancer un joyeux : “à mercredi !” S’il est difficile de dire au revoir par téléphone ou par skype, quand la vue des autres incite à la retenue des sentiments et à la pudeur, il est bien plus commode d’écrire tranquillement tout ce que l’on a sur le cœur. Je profite donc de cette heureuse chaîne de lettres pour vous faire parvenir ces mots.

À toute l’équipe, je voudrais dire tout simplement “merci”, parce qu’avant de m’apprendre le métier que vous exercez avec passion, vous avez été une école de vie. Vous m’avez prouvé que lorsque tout coule autour de soi, que l’écueil du coronavirus ouvre une béance dans la coque pourtant solide du vaisseau et que les flots s’infiltrent par la brèche, seuls les matelots peuvent colmater le trou en se serrant les coudes et en s’encourageant. Voilà que vous avez réussi, et pour la seconde fois, vous faites d’un désastre maritime une triomphante victoire ; un brillant coup de Trafalgar. L’adage ne ment pas ; vous n’êtes pas une simple équipe, vous êtes un bel équipage.

Alors, sans vous nommer, mais en étant sûre cependant que chacun se reconnaîtra, j’adresse avec maladresse et tristesse ces quelques mots d’au revoir en gardant toutefois la sincérité comme priorité.

À toi, que je n’ai pas connu mais qui m’as prouvé que, même absent, on peut rayonner dans le cœur de ses collègues, eux qui se languissaient de te retrouver le matin, une tasse de thé fumante sur le bureau avec quelques éclaboussures causées par ta main maladroite, je t’adresse mes félicitations pour cette nouvelle naissance. Mais en même temps, je te dis mes regrets de n’avoir pu faire plus ample connaissance, afin de découvrir ton talent qui séduit et ta jovialité qui te définit.

À toi, qui es arrivée presque en même temps que moi, et qui t’intéressais à ce que je faisais alors même que tu devais creuser ta place au sein de l’équipe, je te remercie et te souhaite bon vent pour tout ce que tu entreprendras. J’ai appris beaucoup de choses en même temps que toi, et surtout grâce à toi. Nos petites conversations à côté de la machine à café, pour dégourdir nos membres ankylosés, ne vont pas tarder à me manquer…

À toi, qui m’as donné des petites missions que je faisais avec un plaisir teinté de fierté – qu’ont tous les stagiaires qui se sentent soudainement utiles et indispensables –, et qui soumettais ton travail à mon œil critique quoiqu’inexpérimenté, avec humilité et gentillesse, merci de m’avoir montré qu’on peut être passionné en se levant tous les jours pour aller au travail, et que c’est en remettant vingt fois son métier sur l’ouvrage qu’on obtient des chefs-d’œuvre.

À toi, qui m’as appris à gérer un site internet en même temps qu’une équipe, qui as toujours le mot pour rire, qui illumines les bureaux de ta playlist estivale et de ton sourire maternel, merci pour ta confiance et ta patience, quand tu expliquais, dans un langage adapté à la novice que j’étais, les stratégies de communication, les échanges de visibilité, les partenariats, et tout ce jargon qui n’en est plus un pour moi depuis que tu es passée par là !

À toi enfin, qui as été constamment à mes côtés pour que je me sente entourée et non étouffée, formée et non infantilisée, pendant que j’écrivais mes inspirations, c’est toi qui en étais une pour moi, puisqu’à l’âge où je ne suis qu’une simple stagiaire, tu montais ta propre boîte. Tu m’as montré que l’audace peut déplacer des montagnes. Ton savoir-faire et tes qualités humaines font que la Maison a encore de beaux jours devant elle.

Tout ce que je peux dire, c’est que dans mon cocon estudiantin, j’appréhendais de découvrir le milieu professionnel, et que finalement, c’est moi qui n’ai plus envie de vous quitter…

Au revoir” à vous cinq. J’espère que vous prendrez à la lettre ce mot qui est tout le contraire d’un “adieu”.

Jeanne

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