Portrait croisé d’associés, Pascale et Julien

Quand certains réduisent l’entrepreneuriat à une source de profits, d’autres le mettent à profit pour revenir aux sources. Si Pascale Milani admet que le sacerdoce de la recherche publique l’avait plongée en dormance, Julien Chlasta s’est refusé très tôt à enfiler cette soutane qu’était pour lui la soutenance.

L’un est un habitué des yeux ronds chaque fois qu’il évoque un tissu qui n’est pas textile mais cellulaire, et a fini par s’y faire, tandis que l’autre entend que science sans prise de conscience n’entraînerait que ruine et larmes. Implantés en capitale des Gaules, campés dans une approche appelée à la diversification, Julien et Pascale alignent autant les références prestigieuses qu’ils ne descendent les préconceptions poussiéreuses.

Julien était ce collégien qui avait résolu l’équation E=M6 et rencontré son animateur aux montures iconiques. Il était ce lycéen qui se plaçait en marge des cahiers à carreaux, comme des espoirs étriqués de son établissement catho. Cet étudiant de la Doua qu’on ne pensait pas doué, sur lequel personne n’aurait misé un kopek, qui rapporta pourtant près de dix-mille euros à la recherche médicale, en connectant football et League of Legends au sein de sa propre association. À l’antithèse de Julien, et comme preuve que les enracinés peuvent être flexibles et mobiles, Pascale était impatiente d’élargir les perspectives au-delà de son île, et de rejoindre Marseille. Bien dans les clous, calée dans le rituel qui la conduisait à l’université de biologie par le bus 21 chaque matin, la spécialiste en force atomique prit la première sortie pour l’ENS Lyon et les promesses d’un post doc dans la cité où Paul Bocuse se plut à former ses toques.