Inspiration - 26/05/2025

Pour célébrer ses 30 ans, l’équipe de Trafalgar a offert un dîner à Bérengère chez La Mère Brazier. Joyeux anniversaire !


Marion et Bérengère, associées de la Maison Trafalgar dans un entretien croisé pour Le Figaro Littéraire

Les associées de la Maison Trafalgar, Marion et Bérengère, ont répondu aux questions de Aliénor Vinçotte, journaliste du Figaro Littéraire. Un entretien à découvrir ici :

 

ENTRETIEN CROISÉ – « Vous avez l’aplomb, nous avons la plume. » Telle est la devise de la Maison Trafalgar, cette entreprise de rédaction composée de portraitistes littéraires. Fondée par Marion Derouvroy et Bérengère Wolff, à l’âge de 22 et 25 ans, l’entreprise fête ses dix ans de création. En quelques années, les deux entrepreneures lyonnaises ont su imposer leur plume auprès d’artisans, de dirigeants, d’industriels ou de grandes marques, en redonnant à l’écriture la place qu’elle mérite dans un monde saturé d’images. Dans cet entretien croisé, elles reviennent sur leurs débuts, leur modèle, et partagent leur vision d’une écriture engagée au service des entreprises.

LE FIGARO. – Vous vous présentez comme une « maison d’écriture haute couture ». Que signifie ce positionnement ?

Bérengère WOLFF. – Cela signifie que nous sommes des artisans des mots. Nous avons créé une maison spécialisée dans le portrait écrit et littéraire, avec une exigence de style et de fond.

Marion DEROUVROY. – Nous ne sommes ni une agence de communication, ni des journalistes, ni des « ghostwriters ». Nous ne sommes pas non plus des biographes ou des rédacteurs indépendants. Lorsqu’on s’est associée avec Bérengère il y a dix ans, c’était pour créer une véritable entreprise et développer l’employabilité des talents littéraires. Aujourd’hui, nous avons des emplois durables pour notre équipe de plumes, en interne. L’idée était de valoriser l’écriture en entreprise et de sortir les métiers littéraires de la précarité.

LE FIGARO. – Comment avez-vous rendu ce modèle viable ?

B.W. – Avec Marion, nous partageons une vision entrepreneuriale forte. Nous avons misé sur le portrait, que nous pouvons décliner sous différents formats : manifestes, contes, poèmes. Nous proposons aussi des versions audio, des illustrations, de la mise en page, de l’impression, et même un accompagnement à l’art oratoire et à la prise de parole en public.

M.D. – Le développement s’est étalé sur dix ans. Tout ne s’est pas fait en un seul jour. Lorsque nous nous sommes rencontrées il y a dix ans sur un webzine littéraire, j’étais étudiante en lettres et je m’amusais à écrire sur un webzine le portrait de jeunes audacieux de moins de 30 ans. On en avait assez d’entendre que les jeunes n’étaient bons à rien, que plus personne ne lit. Notre entreprise est née de la demande c’est-à-dire que nous avons reçu des demandes de devis à la suite de cette première aventure. C’est ainsi qu’on a créé la première maison de portrait écrit en France.

« Nous avons travaillé avec acharnement pour construire notre image de marque avec une offre claire autour du portrait écrit. » Marion Derouvroy

LE FIGARO. – Ce choix entrepreneurial était risqué…

M.D. – Nous avons voulu faire le pari des formats longs, à rebours des tendances actuelles. Nous sommes dans une société où tout va très vite et chacun a une capacité d’attention extrêmement réduite. Nos entretiens d’extraction durent quatre heures. Nous avons travaillé avec acharnement pour construire notre image de marque avec une offre claire autour du portrait écrit, que ce soit celui d’un dirigeant, de collaborateurs, de la marque elle-même, d’un lieu voire d’un produit. On a réussi à pousser la démarche jusqu’au bout : aujourd’hui, sur la fiche de paie de nos salariés, il est indiqué Portraitiste littéraire.

LE FIGARO. – Que viennent chercher les entreprises lorsqu’elles viennent vous voir ?

M.D. – Beaucoup nous disent qu’ils ont essayé d’écrire sur leur entreprise mais sans arriver à parler d’eux-mêmes avec assez de recul. Ils expriment le besoin de faire appel à un regard extérieur. Ils viennent aussi chercher une belle écriture et le fait d’avoir un texte qui ne va pas ressembler à celui du voisin ou du concurrent.

LE FIGARO. – Qu’est-ce qu’un bon portrait selon vous ?

M.D. – Nous sommes sensibles au rythme. Souvent, il y a cette idée que l’écriture littéraire correspond à quelque chose de faste et de « rococo », alors que pour nous, une belle plume, c’est une plume qui a été ciselée et un bon portrait est celui où il n’y a plus rien à ajouter, ni à retirer.

B.W. – Le portraitiste doit être capable d’apporter une vraie structure au texte qu’il écrit et qui va devenir un socle pour l’entreprise qui le commande. Les entreprises sont très morcelées dans leur manière de se présenter, que ce soit sous forme d’onglets ou via un dossier de presse. Pour nous, le lecteur doit avoir, dès les premières lignes, l’impression d’entrer dans un univers, de visiter le lieu ou de sentir les odeurs. Cela doit être extrêmement imagé.

« Ce que les entreprises viennent chercher chez nous, c’est cette expérience complète, immersive. » Bérengère Wolff

LE FIGARO. – En quoi vous différenciez-vous des plumes, travailleurs indépendants ou créateurs de contenus ?

M.D. – Nous avons la chance d’avoir un processus collectif. Le rédacteur indépendant est souvent seul dans l’acte d’écriture et dans la gestion des clients, ce qui peut créer une souffrance. À lui seul, il facture son client, écrit, gère le service après-vente. Lorsque quelqu’un signe chez nous, il est suivi par toute l’équipe. Avant livraison, chaque texte passe par un comité de lecture animé par un portraitiste expérimenté, devenu chef d’atelier.

B.W. – D’ailleurs, d’un point de vue juridique, nos portraits ont le statut d’œuvre collective. Ce que les entreprises viennent chercher chez nous, c’est cette expérience complète, immersive. Ce texte, qu’ils viennent chercher, va avoir un côté très unificateur et va devenir un véritable socle pour leur entreprise. Il va porter leur stratégie. Nous parlons de « perma-écriture », c’est-à-dire qu’on crée un texte qui traverse le temps, à l’opposé de la consommation rapide de contenus.

LE FIGARO. – Avec la montée en puissance de l’intelligence artificielle, ne craignez-vous pas une baisse des commandes ?

M.D. – Bien sûr, quand on voit arriver l’intelligence artificielle, nous avons d’abord peur pour tous les rédacteurs indépendants qui ont déjà des difficultés à trouver des clients aujourd’hui. Mais une IA ne peut pas écouter quelqu’un pendant quatre heures, ni traduire des émotions subtiles puis créer un texte qui touche parfaitement la personne. Nous avons beaucoup travaillé sur notre positionnement et ce qui fait notre différence. L’IA va aussi permettre de faire le tri entre ceux qui veulent des textes standardisés pour leur site internet et ceux qui cherchent un vrai style littéraire.

B.W. – Beaucoup d’entreprises viennent chez nous pour nous confier leur histoire avec un historique très long, notamment lorsqu’il s’agit d’entreprises familiales. Cette recherche de l’incarnation ne pourra pas être faite par l’intelligence artificielle.

LE FIGARO. – Que faudrait-il faire pour donner un vrai avenir aux littéraires dans le monde professionnel ?

M.D. – L’Université Paris-Sorbonne avait créé justement un dispositif surnommé « Opération Phénix » qui avait vocation à sensibiliser les entreprises au recrutement des littéraires. Nous intervenons dans les écoles, les universités, dans les classes préparatoires littéraires pour sensibiliser à l’entrepreneuriat. Trop de littéraires ignorent tout du monde de l’entreprise au moment de chercher un stage. Ce n’est absolument pas normal qu’ils soient aussi peu sensibilisés aux atouts qu’ils pourraient apporter aux entreprises. Il faut aussi encourager la solidarité entre eux pour trouver des solutions collectives.

B.W. – Je suis la seule de l’équipe qui n’a pas le profil littéraire donc je n’ai jamais écrit de portrait. Mais j’ai réussi avec Marion à embarquer ces talents dans l’aventure entrepreneuriale avec une mission : redonner à l’écriture ses lettres de noblesse en entreprise. Aujourd’hui, certaines entreprises veulent « un Portrait Trafalgar », c’est une vraie réussite.

M.D. – Nous ne travaillons pas en marque blanche : nos portraits sont signés « Maison Trafalgar » et publiés sur les sites des entreprises. Il reste un gros travail de pédagogie : le budget écriture est souvent le parent pauvre. Nous essayons de changer cela.

LE FIGARO. – L’entrepreneuriat littéraire est-il un secteur qui peut se développer ?

M.D. – Absolument. D’autres structures portées par des littéraires émergent : « L’école des mots », « Plume », « Bookinou », etc. L’entrepreneuriat au sens large, c’est-à-dire pas seulement autour du fait d’écrire, porte un combat commun pour la revalorisation de l’écriture, de l’expression de la langue française. Les entrepreneurs littéraires sont encore discrets : il faut juste qu’ils puissent se fédérer pour avancer encore plus forts ensemble.

Un grand merci à Aliénor Vinçotte pour ce bel article dans Le Figaro !

 


Ode à la langue francaise

Longtemps je me suis couché de bonne heure. Ça a débuté comme ça. Voici enfin le moment attendu où je peux étaler le volume sur mon lit, l’ouvrir à l’endroit où j’ai été forcée d’abandonner… je m’y jette, je tombe… impossible de me laisser arrêter, retenir par les mots, par leur sens, leur aspect, par le déroulement des phrases, un courant invisible m’entraîne.

Ma mère m’avait raconté trop de jolies histoires, avec trop de talent et dans ces heures balbutiantes de l’aube où chaque fibre d’un enfant se trempe à jamais de la marque reçue. Un jour, la voix s’était enflée comme un triomphe, et la petite phrase courte qui fait chute à la fin du poème éclata comme un carillon métallique.

C’est alors que tout a vacillé. Un trouble s’éleva dans mon âme éperdue. Ce fut comme une apparition. La langue française est une eau pure que les écrivains maniérés n’ont jamais pu et ne pourront jamais troubler. Il ne peut exister à mon goût plus fin diseur de ces jolis rien qui sont tout. Je me trouvai enflammé jusqu’au transport, je me sentais vivre en elle, et elle vivait pour moi seul. Cette langue était, comme vous le savez déjà, sans rien savoir encore, le lys de cette vallée où elle croissait pour le ciel, en la remplissant du parfum de ses vertus. Ce sont vos lettres qui m’ont grisé ! Cher ange, vous êtes belle, à faire rêver d’amour. Comme on voit sur la branche au mois de mai la rose, en sa belle jeunesse, en sa première fleur, rendre le ciel jaloux de sa vive couleur, quand l’Aube de ses pleurs au point du jour l’arrose, je connais, moi, une fleur unique au monde. Je respire où tu palpites, il suffit que tu t’envoles pour que je m’envole aussi. Ne m’en veux pas si je te tutoie, je dis tu à tous ceux que j’aime.

Les autres mettent des semaines et des mois pour arriver à aimer. Moi, ce fut le temps d’un battement de paupières. Quelque chose qui chante en elle. Il est un air pour qui je donnerais tout Rossini, tout Mozart et tout Weber, un air très vieux, languissant et funèbre, qui pour moi seul a des charmes secrets. Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ? Aboli bibelot d’inanité sonore ? Les écrivains ont mis la langue en liberté. De la musique avant toute chose !

Je voulais que le monde entier sût combien tu étais merveilleusement, incroyablement, inimaginablement belle. Mais, trahie d’une partie de tes amis et délaissée des autres, tu te sens seule et abandonnée, perdue dans la cohue du large trottoir : les sanglots longs des violons de l’automne blessent mon coeur d’une langueur monotone.

Pour moi, c’est un malheur. Un malheur, tout le monde sait ce que c’est. Ça vous laisse sans défense. Eh bien ! Pour moi c’est un malheur. Je ne veux jamais l’oublier, ma colombe ma blanche rade, ô marguerite exfoliée, mon île au loin ma Désirade ma rose mon giroflier ! On ne peut plus. On ne peut plus vivre sans poésie, couleur ni amour. Il faut s’enivrer sans trêve. De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. Mais enivrez-vous ! De cet alambic, avec ses récipients de forme étrange, ses enroulements sans fin de tuyaux : mourir vos beaux yeux, belle Marquise, d’amour me font.

Il n’y a peut-être pas de jours de notre enfance que nous ayons si pleinement vécus que ceux que nous avons cru laisser sans les vivre, ceux que nous avons passé avec un livre préféré. Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices ! Suspendez votre cours. Lire, c’est voyager. J’ai plus de souvenirs que si j’avais mille ans. Voyager, c’est bien utile, ça fait travailler l’imagination. Et puis d’abord tout le monde peut en faire autant. Il suffit de fermer les yeux. Je vois se dérouler des rivages heureux qu’éblouissent les feux d’un soleil monotone; la terre est bleue comme une orange. Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage, je laisserai le vent baigner ma tête nue. Je ne parlerai pas, je ne penserai rien, mais l’amour infini me montera dans l’âme. 

Je m’éveille plein de gaieté, avec des envies de chanter dans la gorge. Le crime de rêver je consens qu’on l’instaure ! 

Toi qui en moi réveillas les musiques profondes, hâte-toi. Hâte-toi de transmettre ta part de merveilleux, de rébellion, de bienfaisance. Tu as été créée pour des moments peu communs. 

Je ne veux point mourir encore, pour que le jour recommence, et que le jour finisse, à manier les mots, les soupeser, en explorer le sens. Va, je ne te hais point, je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps. Les mots il suffit qu’on les aime pour écrire un poème. Et par le pouvoir d’un mot, je recommence ma vie.

 

Marcel Proust, Louis-Ferdinand Céline, Nathalie Sarraute, Romain Gary, Louis Aragon, Albert Camus, Jean Racine, Gustave Flaubert, Guy de Maupassant, Edmond Rostand, Abbé Prévost, Gérard de Nerval, Honoré de Balzac, Edmond Rostand, Théophile Gautier, Pierre de Ronsard, Antoine de Saint-Exupéry, Victor Hugo, Jacques Prévert, Albert Cohen, Louis Aragon, Gérard de Nerval, Jean Racine, Stéphane Mallarmé, Victor Hugo, Paul Verlaine, René Barjavel, Jean-Jacques Rousseau, Émile Zola, Paul Verlaine, Albert Camus, Guillaume Apollinaire, Antoine de Saint-Exupéry, Charles Baudelaire, Émile Zola, Jean-Baptiste Molière, Marcel Proust, Alphonse de Lamartine, Victor Hugo, Charles Baudelaire, Louis-Ferdinand Céline, Charles Baudelaire, Paul Éluard, Joachim du Bellay, Arthur Rimbaud, Guy de Maupassant, Louis Aragon, René Char, André Chénier, Jean Racine, Marguerite Yourcenar, Pierre Corneille, Victor Hugo, Raymond Queneau, Paul Éluard   

 

Ces mots qui nous ont bercés, marqués, hantés, ces mots frappants ou envoûtants, mélodiques ou caustiques. Ces mots qui nous ont donné le goût de la langue française et la volonté de lui dédier un lieu tout particulier, une Maison de Portraits.


Artisanat d’art. L’Atelier Maury s’entoure de la Maison Trafalgar : un écrin et des écrits dédiés à sa Toile de Laque.

Depuis trois générations, la Famille Maury prend soin des boiseries : cadres respectés, décors peints restaurés ; elle a laissé ses empreintes au sein des plus prestigieux monuments historiques de France. Une technique des apprêts, propre à la dorure, que l’Atelier Maury réemploie pour qu’un savoir-faire longtemps oublié perdure : en 2009, Patrick Maury, Chantal Duclert et Maxime Maury réinventent la Toile de Laque®.

Cet atelier d’art labellisé EPV a fait appel à notre Maison pour confectionner deux écrits. Le premier est dédié à l’Atelier Maury, à son histoire familiale, à ses techniques de doreurs ; le second se concentre sur la Toile de Laque® et sur sa confection. Comme Trafalgar est une Maison complète, les lignes ont également été traduites en anglais ; les écrits figurent sur un dépliant que nous avons pensé et conçu en intégralité, du graphisme à l’impression. Une impression confiée à nos fidèles partenaires : la Manufacture d’Histoires Deux-Ponts, également labellisée Entreprise du Patrimoine Vivant. Cet écrin a été, entre autres, distribué à New York lors de l’International Contemporary Furniture Fair, où nos clients ont exposé leurs savoir-faire séculaires.

« Merci beaucoup pour votre écriture haute couture. Vos mots nous emportent déjà dans l’aventure. On aime beaucoup ! Nous vous renouvelons toutes nos félicitations. » – Chantal Duclert.