Le billet de Jeanne : Débat d'expressions
À brûle pourpoint
Partout, l’on entend qu’une image vaut mille mots. J’ignore si, à la lecture de ce cliché, vous vous fourrez le doigt dans l’œil, mais vous perdez peut-être le Nord à penser que les littéraires sont à l’Ouest. Pourtant, chez Trafalgar, nous n’avons jamais songé à jeter l’éponge. Même quand vous restez là, motus et bouche cousue, avec des yeux de merlan frit, nous tentons de garder notre sang froid et de ne pas nous tromper de combat. Vous pouvez bien essayer de nous rouler dans la farine ou d’enfoncer des portes ouvertes pour étayer votre argumentation en frappant d’estoc et de taille, en lançant à l’aveuglette pour la plaidoirie de l’image des traits verbaux qui claquent : « brève » dites-vous, « synthétique » ajoutez-vous, « immédiate » concluez-vous, sans penser qu’il n’est là que question de « pauvreté », de « banalité », de « chétivité ». Finalement, il est toujours un arbre qui cache une forêt.
Au risque qu’ils deviennent les boucs émissaires de notre credo littéraire, hors de question de ressembler à ces moutons de Panurge de la pensée académique et conventionnelle de notre siècle, qui donne ses lettres de noblesse à l’audiovisuel et lui vassalise les Lettres. Hors de question d’avoir l’air à fleur de mots car, dans notre Maison, nous n’aimons pas les mâcher, et préférons défendre bec et ongles la valeur d’un phrasé, dussions-nous tordre le cou à tous les préjugés.
Non pas que nous sommes certains de faire mouche si vous veniez à la prendre, à vous prétendre avocats satisfaits de l’imago unique, à nous considérer apologistes du mot envers et contre tout, travaillant le débat jusqu’à ce qu’il soit limpide – disons, clair comme de l’eau de roche. Mais si cela réclame que nous soyons à stylos tirés et que le poil dans certaines mains chatouille la plume dans la nôtre, le jeu en vaut quand même bien la chandelle. Surtout s’il permet que l’on pointe du doigt ce qui ne va pas, évitant que vous ne tombiez de Charybde en Scylla.
La question n’est pas de jouer à pile ou face, mais d’accepter le revers de la médaille. Quand on se croit sorti de la cuisse de Jupiter – et non de celle de Voltaire –, parce qu’on a appris à lire ou à écrire en étant écoliers, on finit forcément un jour par se reposer sur ses lauriers et se faire couper l’herbe sous le pied. Sans qu’il ne casse trois pattes à un canard, votre plaidoyer arrive à point nommé, et nous donne du fil à retordre puisqu’il ouvre la dangereuse boîte de Pandore d’où s’échappent à flots des arguments mettant à mal la littérature. Tout le monde sait que comme la culture, elle est une savoureuse confiture ; ceux qui ont tendance à en manquer se plaisent bien souvent à l’étaler.
Chez Trafalgar, nous sommes d’accord avec Corneille ; certains qu’à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire, mais apportons autant de crédit à la recette qui dit qu’on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs. Sans dire notre dernier mot, nous œuvrons à mettre les bouchées doubles ; sereins et sages comme les images que nous fustigeons, nous livrons tout l’arsenal du champ lexical qui forme le cortège de la langue. Une langue tellement goûtue que tout explose en bouche : générosité, richesse, saveur, souplesse, rythme, élégance, chaleur, sensibilité…
Vous pensez peut-être que nous en faisons tout un plat, et certainement davantage lorsque l’on vous sait déconfits, cuisinés à petit feu, pressés comme des citrons chaque fois qu’il vous faut travailler l’expression. Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras : donc si vous persistez à croire qu’une image vaut mille mots, avant de tourner la page pensez qu’ils sont aussi des milliers à faire cohabiter autant d’images. Notre Maison porte le nom de Trafalgar, et nous savons que quand le vers est tiré, il faut le boire.
Jeanne Magherini, en immersion dans la Maison Trafalgar
Photographie : Istock
Les moutons de Panurge : Faire comme tout le monde, sans user de son sens critique. Pour se venger du propriétaire d’un troupeau, Panurge (héros de Rabelais) acheta la bête conductrice, et la jeta à l’eau. Les autres moutons ont immédiatement suivi l’animal, et tous se sont noyés.
Le jeu n’en vaut pas la chandelle : Cela n’en vaut pas la peine. Avant la création de l’électricité, la chandelle était considérée comme un objet de luxe. Pour s’éclairer lors de jeux, il fallait en brûler quelques-unes mais la question était toujours posée de savoir si le jeu justifiait les frais engagés.
Tomber de Charybde en Scylla : N’échapper à un danger que pour se jeter dans un autre. Charybde et Scylla étaient deux dangers du détroit de Messine. Le premier étant un tourbillon et le second un écueil, les marins qui cherchaient à éviter le premier allaient forcément périr en s’écrasant sur le second.
À brûle pourpoint : Soudainement. Lorsqu’un coup de feu était tiré à bout portant, la veste masculine – le pourpoint – risquait d’être brûlée.
Le bouc émissaire : Celui sur lequel on fait tomber tous les torts. Pour se laver de ses souillures et se décharger de sa culpabilité, il était possible d’offrir une victime expiatoire à la divinité. Le bouc, envoyé au loin dans le désert, prenait alors sur lui les fautes des autres.
Confinement : 10 livres pour s’évader encore sans mettre un pied dehors
Chez Trafalgar, on continue de se confiner avec une partie des auteurs qui nous ont appris à nous promener de l’intérieur… L’élégance du hérisson, Paroles, La Vie matérielle, Le jardin d’Epicure, La vie devant soi, Les mots, 1984…
POUR ARRÊTER DE JUGER UN LIVRE À SA COUVERTURE
L’élégance du hérisson, Muriel Barbery
Renée a 54 ans, elle est la concierge du 7 rue de Grenelle, un immeuble bourgeois et cossu du 6ème arrondissement de Paris. La place de Renée se trouve parmi les érudits, les penseurs et les philosophes. Mais ça, elle ne le dit pas. Elle cultive les archétypes de la profession pour préserver son jardin secret : sa passion pour les héros de Tolstoï, la grande musique et les films d’Ozu. Elle se cache sous une image que tout le monde se fait d’une concierge d’immeuble : une personne qui ne prend pas soin de son apparence, sans éducation, peu aimable et inculte.
POUR POURSUIVRE SA LÉGENDE PERSONNELLE
Manuel du guerrier de la lumière, Paulo Coelho
Un petit garçon s’entretient sur une plage avec une belle et mystérieuse femme qui porte un voile sur le visage ; celle-ci lui demande s’il entend sonner les cloches d’un temple disparu, un jour englouti par les eaux. Mais le petit garçon n’entend rien, et il est déçu. Ce n’est qu’après un an qu’il finira par entendre les fameuses cloches. Heureux, il rencontre de nouveau la femme voilée. Cette fois, celle-ci se décide à lui enseigner les préceptes qui guident la vie de ceux qu’on appelle les guerriers de la Lumière. Ils se reconnaissent au premier regard. Ils sont au monde, ils font partie du monde. Souvent ils trouvent que leur vie n’a pas de sens. C’est pour cela qu’ils sont des guerriers de la lumière. Parce qu’ils s’interrogent. Parce qu’ils continuent de chercher un sens. Et ils finiront, par le trouver.
POUR GOÛTER AUX CALEMBOURS
Paroles, Jacques Prévert
“Rappelle-toi Barbara, il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là, et tu marchais souriante, épanouie, ravie ruisselante, sous la pluie. Oh Barbara, quelle connerie la guerre ! Qu’es-tu devenue maintenant, sous cette pluie de fer, de feu d’acier, de sang ? Et celui qui te serrait dans ses bras amoureusement, est-il mort disparu ou bien encore vivant ?” Ce recueil offre une poésie souvent corrosive, contestataire, parfois drôle et tendre, écrite avec des mots de tous les jours.
POUR PRENDRE DE SES NOUVELLES
La Vie matérielle, Marguerite Duras
“Ce livre n’a ni commencement ni fin, il n’a pas de milieu (…) J’ai hésité à le publier mais aucune formation livresque prévue, ou en cours, n’aurait pu contenir cette écriture flottante de La vie matérielle, ces aller et retour entre moi et moi, entre vous et moi dans ce temps qui nous est commun. Chaque existence est un problème insoluble. Les voisins de palier, rangés verticalement dans les immeubles, on se demande comment c’est possible et on fait partie des rangées. Ce qui remplit le temps c’est vraiment de le perdre.”
POUR REGARDER LE SOLEIL EN FACE
Le jardin d’Epicure, Irvin Yalom
À travers Amelia, James, Mark ou Alice, Irvin Yalom dévoile à chacun de nous comment affronter les défis d’une vie tout en savourant ce que chaque instant a de précieux. Un livre sur le défi le plus exigeant, le plus prégnant que nous rencontrons : surmonter notre peur de la mort. Une préoccupation majeure, omniprésente et universelle qui ressemble au fait de “regarder le soleil en face”.
POUR DIALOGUER AVEC SA BIBLIOTHÈQUE
L’ombre du vent, Carlos Ruiz Zafon
Dans la Barcelone de l’après-guerre civile en 1945, un homme emmène son petit garçon – Daniel Sempere – dans un lieu mystérieux : le Cimetière des Livres Oubliés. L’enfant est ainsi convié par son père à un étrange rituel qui se transmet de génération en génération : il doit y adopter un volume parmi des centaines de milliers. Là, il rencontre le livre qui va changer le cours de sa vie, le marquer à jamais et l’entraîner dans un labyrinthe d’aventures et de secrets enterrés dans l’âme de la ville.
POUR PORTER L’INNOCENCE EN BOUCLIER
La vie devant soi, Romain Gary
Mohammed, dit Momo, raconte sa vie à Belleville chez Mme Rosa, une juive âgée et malade, rescapée d’Auschwitz. Ancienne tenancière de maison close, elle élève des enfants abandonnés ou laissés en pension par des prostituées. Momo considère Mme Rosa comme sa mère. S’il a la vie devant lui, Madame Rosa, quant à elle, est hantée par ses souvenirs d’Auschwitz, se laissant gagner peu à peu par la maladie : « Moi je trouve qu’il n’y a pas plus dégueulasse que d’enfoncer la vie de force dans la gorge des gens qui ne peuvent pas se défendre et qui ne veulent plus servir. »
POUR APPRENDRE LE NOVLANGUE
1984, Georges Orwell
Souriez, vous êtes filmés. Ce roman de science-fiction décrit un régime totalitaire à la tête duquel Big Brother dirige le monde. Ce nom est connu de tous et fait référence à tout système qui cherche à s’infiltrer dans nos vies et à nous contrôler. Smith décrit la société qui l’entoure : la délation généralisée, la négation du sexe et de toute sensualité, la police de la pensée et de la langue, et surtout la surveillance de Big Brother. Liberté est Servitude. Ignorance est Puissance. Telles sont les devises du régime. Pourtant Winston refuse de perdre espoir. Avec l’insoumise Julia, ils vont tenter d’intégrer la Fraternité, une organisation ayant pour but de renverser Big Brother.
POUR CULTIVER LA FLAMME DE LA CORRESPONDANCE
Les Liaisons Dangereuses, Pierre Choderlos de Laclos
Ce livre est principalement basé sur le pouvoir de l’intrigue et de la séduction. Le comte de Gercourt a quitté la marquise de Merteuil. Celle-ci, furieuse et blessée, décide de fomenter une vengeance terrible lorsqu’elle apprend que Gercourt va bientôt épouser la jeune et innocente Cécile de Volanges. Mme de Merteuil confie une mission de choix à son ancien amant, le Vicomte de Valmont : user de son talent pour le libertinage afin de séduire, et de corrompre, Cécile de Volanges. Valmont n’est pas homme à refuser pareil défi, mais l’objet de toutes ses attentions est ailleurs : il a jeté son dévolu sur une autre femme, réputée dévote et incorruptible, la présidente de Tourvel.
POUR S’AFFRANCHIR DES CROYANCES
Les mots, Jean-Paul Sartre
Dans cette autobiographie, Sartre raconte ses souvenirs d’enfance. Le livre est divisé en deux parties : « Lire » et « Écrire » car l’apprentissage de la lecture et de l’écriture ont été les deux événements les plus marquants pour cet enfant solitaire. Sartre se livre à cet exercice avec un esprit critique et une grande ironie. Il démystifie l’attendrissement dont beaucoup entourent cette époque de la vie : “J’étais un enfant, ce monstre [que les adultes] fabriquent avec leurs regrets.” Pêle-mêle, il rabroue et piétine les illusions d’une vocation littéraire, le mythe de l’écrivain, la sacralisation de la littérature dans un procès dont il est à la fois juge et partie.
Lettres Capitales : notre initiative continue son voyage à travers la France
Notre initiative solidaire continue son voyage à travers la France ! Un grand merci à la régie publicitaire in-Store Média, qui lui offre une visibilité massive sur ses supports d’affichages dans les supermarchés. Notre appel à la création d’une grande chaîne de lettres a été diffusé dans 276 Auchan, Leclerc et Géant, sur pas moins de 1185 écrans !
Merci à Hugo Domenech et aux équipes d’In-Store Média pour leur précieux soutien.
Solidarité. Maintenir le lien, en toutes lettres
Redonner de la valeur à la puissance des mots en entreprise : voilà à quoi s’attelle la Maison Trafalgar depuis cinq ans, à travers des portraits littéraires, pour des clients aussi variés que Veolia, Babolat, ou encore le Ninkasi. Mais depuis le début du confinement, la start-up lyonnaise voit son activité stoppée net : « Nous sommes frappés de plein fouet par la crise sanitaire », confirme Bérengère Wolff, cofondatrice de la Maison Trafalgar avec Marion Derouvroy. « Confrontés à cette pause subite de nos projets, nous nous sommes très rapidement demandé comment nous pouvions apporter notre aide, pendant cette période anxiogène. »
Correspondance en temps de guerre. En écho au « Nous sommes en guerre » présidentiel, l’équipe de la Maison Trafalgar a alors l’idée d’organiser une résistance par les mots, pour maintenir le lien. Elle crée Lettres Capitales : une chaîne de lettres d’abord hébergées sur une plateforme, avant de pouvoir être envoyées par courrier physique une fois le confinement terminé : « Nous avons commencé par lancer le projet sur notre page Facebook et nous avons reçu une pluie de lettres, ce qui nous a poussés à créer en 24 heures un site dédié pour taper sa lettre », raconte Bérengère Wolff.
Prendre le temps. En une semaine, ce ne sont pas moins de 80 lettres qui lui parviennent, émanant de grands-parents et de parents, de personnels soignants, d’amoureux… Des personnes qui, sur le formulaire, ont le choix d’accepter ou non la mise en ligne de tout ou partie de leur lettre, de la signer ou de rester anonymes. Des personnes, qui toutes à leur manière, « lâchent leurs émotions » et qui, à une époque où l’on n’écrit plus, portent la plus grande attention aux mots employés… « Comme personne ne sait à quelle date nous serons en mesure d’envoyer ces lettres, chacun prend le temps de les écrire. Leurs destinataires, eux, auront ensuite la surprise de les recevoir », conclut Bérengère Wolff.
Un grand merci à Clarisse Bioud de La Tribune de Lyon pour cet article consacré à notre grande chaîne de lettres, littéraire et solidaire ! Merci aussi à toutes celles et tous ceux qui les écrivent, et aux poignets généreux qui se proposent même pour nous aider à les recopier !
Lettre de Jeanne à l'équipe Trafalgar
Mon stage prend fin ce vendredi, et c’est la première fois depuis deux mois que je vous quitterai ce soir sans vous lancer un joyeux : “à mercredi !” S’il est difficile de dire au revoir par téléphone ou par skype, quand la vue des autres incite à la retenue des sentiments et à la pudeur, il est bien plus commode d’écrire tranquillement tout ce que l’on a sur le cœur. Je profite donc de cette heureuse chaîne de lettres pour vous faire parvenir ces mots.
À toute l’équipe, je voudrais dire tout simplement “merci”, parce qu’avant de m’apprendre le métier que vous exercez avec passion, vous avez été une école de vie. Vous m’avez prouvé que lorsque tout coule autour de soi, que l’écueil du coronavirus ouvre une béance dans la coque pourtant solide du vaisseau et que les flots s’infiltrent par la brèche, seuls les matelots peuvent colmater le trou en se serrant les coudes et en s’encourageant. Voilà que vous avez réussi, et pour la seconde fois, vous faites d’un désastre maritime une triomphante victoire ; un brillant coup de Trafalgar. L’adage ne ment pas ; vous n’êtes pas une simple équipe, vous êtes un bel équipage.
Alors, sans vous nommer, mais en étant sûre cependant que chacun se reconnaîtra, j’adresse avec maladresse et tristesse ces quelques mots d’au revoir en gardant toutefois la sincérité comme priorité.
À toi, que je n’ai pas connu mais qui m’as prouvé que, même absent, on peut rayonner dans le cœur de ses collègues, eux qui se languissaient de te retrouver le matin, une tasse de thé fumante sur le bureau avec quelques éclaboussures causées par ta main maladroite, je t’adresse mes félicitations pour cette nouvelle naissance. Mais en même temps, je te dis mes regrets de n’avoir pu faire plus ample connaissance, afin de découvrir ton talent qui séduit et ta jovialité qui te définit.
À toi, qui es arrivée presque en même temps que moi, et qui t’intéressais à ce que je faisais alors même que tu devais creuser ta place au sein de l’équipe, je te remercie et te souhaite bon vent pour tout ce que tu entreprendras. J’ai appris beaucoup de choses en même temps que toi, et surtout grâce à toi. Nos petites conversations à côté de la machine à café, pour dégourdir nos membres ankylosés, ne vont pas tarder à me manquer…
À toi, qui m’as donné des petites missions que je faisais avec un plaisir teinté de fierté – qu’ont tous les stagiaires qui se sentent soudainement utiles et indispensables –, et qui soumettais ton travail à mon œil critique quoiqu’inexpérimenté, avec humilité et gentillesse, merci de m’avoir montré qu’on peut être passionné en se levant tous les jours pour aller au travail, et que c’est en remettant vingt fois son métier sur l’ouvrage qu’on obtient des chefs-d’œuvre.
À toi, qui m’as appris à gérer un site internet en même temps qu’une équipe, qui as toujours le mot pour rire, qui illumines les bureaux de ta playlist estivale et de ton sourire maternel, merci pour ta confiance et ta patience, quand tu expliquais, dans un langage adapté à la novice que j’étais, les stratégies de communication, les échanges de visibilité, les partenariats, et tout ce jargon qui n’en est plus un pour moi depuis que tu es passée par là !
À toi enfin, qui as été constamment à mes côtés pour que je me sente entourée et non étouffée, formée et non infantilisée, pendant que j’écrivais mes inspirations, c’est toi qui en étais une pour moi, puisqu’à l’âge où je ne suis qu’une simple stagiaire, tu montais ta propre boîte. Tu m’as montré que l’audace peut déplacer des montagnes. Ton savoir-faire et tes qualités humaines font que la Maison a encore de beaux jours devant elle.
Tout ce que je peux dire, c’est que dans mon cocon estudiantin, j’appréhendais de découvrir le milieu professionnel, et que finalement, c’est moi qui n’ai plus envie de vous quitter…
“Au revoir” à vous cinq. J’espère que vous prendrez à la lettre ce mot qui est tout le contraire d’un “adieu”.
Jeanne
Lettre à découvrir sur www.lettrescapitales-trafalgar.com
Lettre 40 : À Guillaume
À Aubenas
Le 01 avril 2020
Cher “Gnom”,
Au légitime pourquoi que doit engendrer cette missive, dis-toi que l’irrationalité de cette lettre est à la hauteur du chaos qui règne dans le monde actuellement. Est-ce un exercice de prose, de la curiosité, un défi ? Un coup de folie dans un moment hors du temps ? Et pourquoi pas, finalement ? Car au bout du compte, ça ne coûte pas grand-chose, de prendre le risque de penser à quelqu’un… Et puis, à l’heure où l’on n’a rien de plus à faire que de s’occuper l’esprit, quoi de mieux qu’un geste insensé pour combattre l’ennui ? Cela ne veut pas dire qu’il est dénué de sens, mais qu’il flotte tel un avion en papier au gré du vent, sans espoir de retour. Parce que l’écriture, elle, est immuable, quand les souvenirs se jouent de nous. Pourtant j’ai gardé comme quelques parenthèses, des petits morceaux de ce que tu m’as laissé : une boîte à cigares, des photos, une dédicace dans un livre… Tu as toujours su manier les mots et les émotions avec passion. C’est dommage que le genre épistolaire se perde… Te souviens-tu ? L’attente, la découverte, et nos sentiments couchés sur le papier. Nous étions si jeunes, si purs. À l’âge où nous ne pouvions pas encore anticiper, définir, ni nous projeter. Il n’a fallu qu’un feu d’artifice et ta main dans la mienne. C’est beau, un premier amour, ça ne ressemble à rien d’autre. Je sais qu’il n’y a pas eu que des bons moments, mais ma mémoire, pourtant capricieuse, met un point d’honneur à te garder précieusement dans un coin de ma tête, comme un trésor caché que l’on admire les jours de pluie pour se redonner le sourire. Alors te voilà aujourd’hui. Mais tu fais bien plus que combler le vide, tu l’embellis. Juste un instant, en existant derrière ta fenêtre, ton écran, ton stylo peut-être. Et j’aimerais te remercier comme tu l’as fait, il y a 14 ans. De l’autre bout de la France… ou du monde, car la distance importe peu dans un univers en suspens. Je ne te parle pas de nostalgie, non. Ça n’a jamais été mon genre et j’évite soigneusement les regrets. Mais j’admire la franchise, la belle, la vraie. Celle qui n’a pas peur du ridicule et qui se fout des conventions. Parce que je crois qu’il est plus que jamais important de dire aux gens ce que l’on ressent. Néanmoins, ceci n’est pas une lettre d’amour, rassure-toi. Pas au sens romantique du terme en tout cas. Sans doute plus une bouteille virtuelle lancée dans un vortex de bonnes intentions, saupoudrée d’humanité. Peu importe finalement. Elle est à toi et tu pourras en faire ce que tu voudras. Pour finir, sache que je te souhaite de te brûler les ailes pour le meilleur, dans un avenir “semblable à un mois d’étoiles”…
Prends soin de toi,
Confinement : 10 livres pour continuer à s’évader sans mettre un pied dehors
Chez Trafalgar, on continue de se confiner avec une partie des auteurs qui nous ont appris à nous promener de l’intérieur… Une chambre à soi, La Métamorphose, Dream Team, Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon, Les victorieuses, Un jour je m’en irai sans avoir tout dit, La part de l’autre…
POUR CHANGER LE MONDE DEPUIS SON LIT
Une chambre à soi, Virginia Woolf
Bravant les conventions avec une irritation voilée d’ironie, Virginia Woolf rappelle dans ce délicieux pamphlet comment, jusqu’à une époque toute récente, les femmes étaient savamment placées sous la dépendance spirituelle et économique des hommes et, nécessairement, réduites au silence. Il manquait à celles qui étaient douées pour affirmer leur génie de quoi vivre, du temps et une chambre à soi.
POUR NE PAS SE LAISSER DÉSHUMANISER
La Métamorphose, Franz Kafka
Par un matin pluvieux, Gregor Samsa, un représentant de commerce spécialisé dans le tissu, se réveille dans sa chambre après une nuit agitée. En tirant la couverture, il découvre qu’il a été métamorphosé en un monstrueux insecte et se demande alors si tout cela est bien réel. Enfermé dans sa chambre par sa famille pour qui il est un objet de dégoût et de honte, il se fait nourrir par sa sœur. Gregor se trouve peu à peu abandonné. On comprend rapidement le sens allégorique : sa métamorphose apparaît comme une révolte individuelle contre une certaine société, le refus de mener une existence dépourvue de sens.
POUR DEVENIR LA MEILLEURE VERSION DE SOI-MÊME
Dream Team, Ludovic Girodon
Pour que N+1 ne soit plus jamais égal à 0, Ludovic Girodon, salarié au Réseau Entreprendre Paris, délivre les meilleurs secrets des managers pour recruter et fidéliser l’équipe idéale. Désamorcer facilement les conflits, faire des feedbacks puissants, recruter les bonnes personnes, réussir ses entretiens en tête-à tête, valoriser les talents… «J’ai la chance dans mon métier actuel d’être entouré de managers, dirigeants ou fondateurs de tous horizons et voilà plusieurs années que je note dans mon téléphone toutes les techniques et astuces pour manager efficacement une équipe au quotidien. Et un jour, je me suis dit : ne garde pas toutes ces pépites pour toi. »
POUR NE PLUS SE PLAINDRE DU CONFINEMENT
Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon, Jean-Paul Dubois
Cela fait deux ans que Paul Hansen purge sa peine dans la prison provinciale de Montréal. Auparavant, il était superintendant à L’Excelsior, une résidence où il déployait ses talents de concierge et plus encore de consolateur des affligés. Lorsqu’il n’était pas occupé à venir en aide aux habitants de L’Excelsior, il rejoignait Winona, sa compagne, aux commandes de son aéroplane. Mais tout changea le jour où il y eut un nouveau gérant à L’Excelsior, des conflits éclatèrent. Et l’inévitable se produisit. « Il y a une infinité de façons de gâcher sa vie », assure son narrateur, Paul Hansen.
POUR S’ÉCLIPSER À LA CAMPAGNE
Le Grand Meaulnes, Alain Fournier
François Seurel, le narrateur, est le fils d’un couple d’instituteurs d’un village de Sologne qui a pris en pension un adolescent, Augustin Meaulnes. Un jour, alors qu’il s’est perdu assez loin de la maison, Augustin arrive dans un château où se déroule une fête étrange. De retour à la maison il est incapable de le retrouver. Avec l’aide de François il cherche, pendant des années, ce château et cette jeune fille rencontrée. Lire Le Grand Meaulnes, c’est aller à la découverte d’aventures qui exigent d’incessants retours en arrière, comme si l’aiguillon du bonheur devait toujours se refléter dans le miroir troublant et tremblant de l’enfance, scruté par le regard fiévreux de l’adolescence.
POUR PRENDRE UNE LEÇON DE GÉNÉROSITÉ
Les victorieuses, Laetitia Colombani
À 40 ans, Solène a tout sacrifié à sa carrière d’avocate. Un jour, elle craque, s’effondre. C’est la dépression, le burn-out. Tandis qu’elle cherche à remonter la pente, son psychiatre l’oriente vers le bénévolat : sortez de vous-même, tournez-vous vers les autres, lui dit-il. Peu convaincue, Solène déchante lorsqu’elle est envoyée au Palais de la Femme, un foyer pour femmes en difficultés… Mais peu à peu, elle va comprendre le sens de sa vocation : l’écriture. Le Palais de la Femme existe. Laetitia Colombani nous invite à y entrer pour découvrir ses habitantes, leurs drames et leur misère, mais aussi leurs passions, leur puissance de vie.
POUR CONVIER SES MÉNINGES À UNE PETITE VALSE
Un jour je m’en irai sans avoir tout dit, Jean d’Ormesson
Un écrivain cherche sa voie et il ne s’en sort que par l’amour d’une femme, Marie. « Ce que je voulais savoir, je ne le sais toujours pas. Ce qui va nous arriver, et à toi et à moi, dans quelques années à peine, ou peut-être même demain, quand le temps sera écoulé de notre passage sur cette Terre, m’est toujours aussi obscur ». Dans ce livre profond, on retrouve ce qui a fait le succès des précédents ouvrages : la foi en la littérature, l’importance des sentiments, l’absence d’illusions, le goût du bonheur, la recherche de la vérité. Le tout comme soulevé par la grâce d’un style et d’une écriture ailée.
POUR HONORER SES PROMESSES
Le tour du monde en quatre-vingts jours, Jules Verne
Londres, 1872. Le valet Passepartout entre au service du sévère et pointilleux Phileas Fogg. Ce dernier ayant parié qu’il ferait le tour du monde en quatre-vingts jours, ils embarquent tous les deux dès le lendemain pour un voyage semé d’embûches. Mais ils ignorent qu’ils sont suivis par un détective opiniâtre.
POUR METTRE PARIS EN BOUTEILLE
La part de l’autre, Éric-Emmanuel Schmitt
Recalé ce jour-là par d’intransigeants censeurs de l’École des Beaux-Arts de Vienne, le candidat Adolf Hitler va s’acheminer vers une existence pétrie de ressentiment, de refus de compassion mâtiné d’une folle soif du pouvoir. Chacun en connaît les conséquences historiques : la Seconde Guerre mondiale, le nazisme, les camps de concentration, le génocide, deux bombes atomiques, cinquante cinq millions de morts… Mais que se serait-il passé, qu’aurait-il donc pu advenir, si au contraire Hitler avait été reçu aux Beaux-Arts comme apprenti peintre méritant ? À partir de cette question, de cette infime infinie possibilité, bascule l’Histoire dans son entier.
POUR DÉVELOPPER SON FLAIR
Le Parfum, Patrick Süskind
« Qui maîtrisait les odeurs, maîtrisait le cœur des hommes ». Au XVIIIème siècle vécut en France, Jean-Baptiste Grenouille qui compta parmi les personnages les plus géniaux et les plus horribles de son époque. Sa naissance, son enfance furent épouvantables et tout autre que lui n’aurait pas survécu. Or, ce monstre de Grenouille avait un don, ou plutôt un nez unique au monde, et il entendait bien devenir, même par les moyens les plus atroces, le Dieu tout-puissant de l’univers.
Lettre 12 : À Gustave
À Plouezec
Le 25 mars 2020
Mon petit Gustave,
Il y a un mois, lorsque j’ai reçu ta première photo sur mon portable, mon cœur s’est emballé, j’ai même eu l’impression qu’il se décrochait, moment magique ! Très attendu depuis des mois, et ce n’est rien de le dire. Tes parents avaient quasiment tout anticipé : le déménagement, les achats divers et variés pour que tu ne manques de rien, et ils ont lu et visionné tout ce qui pouvait leur permettre de t’accueillir dans les meilleures conditions possibles. Mais, il y a une chose qu’ils n’avaient pas prévu, c’est que tu arriverais en même temps que le COVID19. Non, ce n’est pas une nouvelle comète ou un extraterrestre, juste un virus minuscule, invisible, incolore et inodore mais qui impose le confinement des hommes dans le monde entier. Une première pour notre planète. Pour toi, qu’est-ce que cela change ? Tu seras un des premiers bébés français dont le papa aura testé le congé paternité d’au moins deux mois. Tu pourras en tirer toutes les conséquences pour les combats à venir. Tu seras un précurseur dans le domaine de la téléconsultation médicale et tu as d’ores et déjà pu tester la résistance de tes parents ; tu sais que tu pourras compter sur eux quoi qu’il arrive. Ce n’est pas rien, tout cela, pour un petit homme d’un mois. Ça, c’est le côté plein du verre, et pour moi, c’est le seul qui mérite d’être regardé. N’oublie jamais cela… ça aide. Quand tout cela sera terminé, tu auras un peu grandi, et tu pourras venir découvrir notre univers… j’ai hâte !
Grand-mère
Lettre 3 : À Lydia
À Lyon
Le 22 mars 2020
Golden threads over auburn eyes.
Light bouncing off freshly washed sheets. Outstretched hands at dawn.
Heated conversations blazing off into cool nights. The lion’s roar.
New York, Vermont, Kabik, Lyon, Istanbul, Tulum, and Rome.
Two ducks gliding along the surface. The forehead kiss.
Bourbon induced hypnosis. SO MUCH FUN.
Endless days of endless summers. Long blades slashing down crystal hills.
Not being where you are not. Being there for the ones who count. Family.
A series of detours. Not seeing well in the dark.
Optimism against all odds.
A hostess and a chef; non-fiction, fiction. Pink walls.
Sandy toes and tired shoulders. What a good swim.
Amaryllis blooms, four flowers facing all directions.
Rewriting the alphabet. Removing the space between K and L.
Happiness.
Confinement : 10 livres pour s’évader sans mettre un pied dehors
Chez Trafalgar, on se confine avec une partie des auteurs qui nous ont appris à nous promener de l’intérieur…Rêveries du promeneur solitaire, Fragments d’un discours amoureux, Ne me dites plus jamais bon courage, Vol de nuit, Je voudrais pas crever, Cahier d’un retour au pays natal, L’insoutenable légèreté de l’être… Chaque semaine, nous vous préparons une nouvelle dizaine !
POUR LA PROMENADE INTÉRIEURE
Rêveries du promeneur solitaire, Jean-Jacques Rousseau
Les Rêveries du promeneur solitaire sont le dialogue avec lui-même d’un homme retiré de la société. Intitulées « Promenades », ses Rêveries prolongent les Confessions en abordant, dans une sorte de journal, sans autre lien que la disposition d’esprit du moment où il écrit, des méditations sur ses souvenirs ou sur le moment présent.
POUR APPELER UN CHAT UN CHAT
Fragments d’un discours amoureux, Roland Barthes
La nécessité de ce livre tient dans la considération suivante : le discours amoureux est aujourd’hui d’une extrême solitude. Ce discours peut être parlé par des milliers de sujets, mais il n’est soutenu par personne ; il est complètement abandonné des langages environnants, ignoré, déprécié ou moqué par eux, coupé non seulement du pouvoir, mais aussi de ses mécanismes, que sont les sciences, les savoirs et les arts.
POUR CESSER DE PARLER TRISTE
Ne me dites plus jamais bon courage, Philippe Bloch
La vie est belle, mais elle est courte. Chaque instant mérite d’être vécu intensément et apprécié à sa juste mesure. C’est possible et il était temps de le rappeler. Découvrez dans ce lexique les douze expressions qui vous pourrissent la vie au quotidien sans même vous en rendre compte, et apprenez à vous en débarrasser.
POUR SUSCITER DES VOCATIONS
Du côté de chez Swann, Marcel Proust
« Longtemps je me suis couché de bonne heure », est sans doute l’incipit le plus célèbre de la littérature française ; il ouvre une oeuvre monumentale qui a marqué la littérature en inventant une narration romanesque nouvelle. Dans cet ensemble labyrinthique, aucun n’a su explorer autant que Proust l’âme humaine. L’explorer par de longues phrases parsemées d’incises, et dans le même temps questionner la relation subtile entre souvenirs et émotions. Dans ce premier tome de l’oeuvre À la recherche du temps perdu, le narrateur adulte relate les souvenirs de son enfance : le drame du coucher, les madeleines, Combray et ses environs, sa rencontre avec Swann.
POUR RESTER SOLIDAIRE
La Peste, Albert Camus
Dans les années 1940, une terrible épidémie de peste s’abat sur Oran, l’isolant du reste du pays. Le docteur Rieux soigne les malades. Plusieurs personnages gravitent autour de lui. Certains offrent leur aide, certains désespèrent, d’autres cherchent à fuir. Si, dans cette histoire en forme de parabole, la peste peut être interprétée de différentes façons, Albert Camus souhaitait avant tout symboliser la montée du nazisme en Europe.
POUR PSYCHANALYSER TOUT LE MONDE
L’extase du selfie, Philippe Delerm
Il y a les gestes qui disent l’embarras, d’autres la satisfaction de soi, certains encore le simple plaisir d’exister, là maintenant, sur cette terre. Mais tous nous révèlent, dans nos gloires comme nos petitesses, nos amours comme nos détestations. Le selfie, le vapotage, la paume de la main bien à plat sur son volant, le verre que l’on tient à la main sans le boire. À lire Philippe Delerm, on se dit souvent : “Mais oui, bien sûr, c’est exactement cela !” : lui seul a su décrire ces gestes du quotidien avec tant de finesse et de vérité.
POUR LES MONTÉES D’ADRÉNALINE
Vol de nuit, Antoine de Saint-Exupéry
L’action se situe en Amérique du Sud, à l’époque héroïque de l’aviation commerciale. Le principal but que s’est fixé Rivière, le chef d’une compagnie aéropostale, est de prouver que l’avion est un moyen de transport plus rapide que le train pour acheminer le courrier, à condition d’imposer à ces pilotes des vols de nuit, extrêmement dangereux, qui permettent de ne pas perdre le temps gagné le jour.
POUR CHANTER LE NÉANT
Je voudrais pas crever, Boris Vian
Recueil de poésie publié à titre posthume, ce florilège révèle en filigrane la crainte, l’angoisse, le mal-être et la tristesse de Boris Vian qui se sait condamné à une mort jeune. Malgré sa noirceur, sa tristesse et les regrets qu’il exprime, il s’agit néanmoins d’une oeuvre vivifiante, qui célèbre la vie. Les jeux de mots et les néologismes donnent à ce recueil faussement enfantin une touche de légèreté, une teinte d’élégance absurde et un brin d’humour perturbant qui fait du bien : « Il vaudrait mieux gagner sa vie. Mais ma vie, je l’ai, moi, ma vie. La vie, c’est comme une dent – Il faut vous l’arracher, la vie. »
POUR PARTICIPER À LA RÉVOLUTION POÉTIQUE
Cahier d’un retour au pays natal, Aimé Césaire
Alors qu’il étudie en France, Aimé Césaire compose un poème sur la Martinique, encore sous le joug du colonialisme français. Décrivant avec beaucoup d’amertume une population bien souvent illettrée, pauvre et mal traitée par les Blancs, il devient le porte-parole des Noirs dominés, soumis, opprimés, battus et révoltés : “Et nous sommes debout maintenant, mon pays et moi. Les cheveux dans le vent, ma main petite dans son poing énorme…”
POUR MÉDITER TOUTE LA JOURNÉE
L’insoutenable légèreté de l’être, Milan Kundera
Quelle qualité − de la gravité ou de la légèreté − correspond le mieux à la condition humaine ? Où s’arrête le sérieux pour céder la place au frivole, et réciproquement ? Avec son art du paradoxe, Kundera pose ces questions à travers un texte composé à partir de quelques données simples mais qui s’enrichissent constamment de nouvelles nuances, dans un jeu de variations où s’unissent récit, rêve et réflexion, prose et poésie, histoire récente et ancienne.