Le billet de Marie : Les mots sont des acrobates

     « Il s’appelle Juste Leblanc. Ah bon, il a pas de prénom ? Je viens de vous le dire : Juste Leblanc. Leblanc, c’est son nom, et c’est Juste, son prénom. Monsieur Pignon, votre prénom à vous, c’est François, c’est juste ? Eh bien lui, c’est pareil, c’est Juste. » Si vous connaissez ce dialogue par coeur, alors vous êtes sensible aux tours de passe-passe qu’offre la langue française pour accrocher, amuser ou surprendre.

     Équilibriste sur le fil des mots, l’écrivain avance avec adresse et se joue de son public. Réplique de film, de poésie, de chanson populaire, ou encore de bande dessinée, qu’importe les genres : écrire, c’est s’amuser. Friands des mêmes acrobaties, Victor Hugo et Jacques Brel plaisantent sous le même chapiteau, quand l’un clame « Et ma blême araignée, ogre illogique et las ; aimable, aime à régner, au gris logis qu’elle a », et que l’autre répond « Une valse à cent temps, une valse à cent ans, une valse ça s’entend, une valse à mille temps, une valse a mis l’temps, de patienter vingt ans ». Sensibles aux mêmes pirouettes, Goscinny et Balzac déclarent avec malice que « tous les étés, les Ibères deviennent plus rudes », et que « les bons comtes ont les bons habits ».  

     Explorer la langue, la tordre et la défier, nécessite une agilité suffisante pour se décliner sur tous les tons et dans tous les registres. On se laisse séduire par les astuces de langage dont regorge le comique. En littérature, comme Cocteau déclarant « je préfère les assauts des pique-assiettes aux assiettes de Picasso », ou les soldats de La Palice déplorant qu’« hélas, s’il n’était pas mort, il ferait encore envie ». On se souvient des pirouettes sur grand écran du fantastique Pierre Richard : « elle est gentille, Mlle Martin. C’est elle qui m’a ramassé quand je me suis électrocuté. Au bureau, en branchant la machine à café. J’voulais du jus, j’en ai eu ». 

     Jongler avec les lettres permet au ton cynique de marquer les esprits et d’accrocher l’attention : c’est bien ce que Coluche démontre en disant « tous les égouts sont dans la nature ». Ailleurs, la fameuse formule de Françoise Sagan se révèle tout aussi piquante par son jeu de mots : « La culture, c’est comme la confiture, moins on en a, plus on l’étale ». Mais le mieux reste encore de s’inspirer d’Audiard, qui parsème ses répliques cultes de stratagèmes langagiers : « vaut mieux s’en aller la tête basse que les pieds devant ».

     Sur la palette poétique, les mots se mélangent tout autant : d’Apollinaire – « sous le pont Mirabeau coule la Seine, et nos amours » – à Prévert – « les feuilles mortes se ramassent à la pelle, et les souvenirs aussi ». On se plait à dénicher la poésie partout ailleurs, dans la « Décadanse » de Gainsbourg, près du Grand Corps Malade – « ma ligne de conduite est de viser la ligne d’horizon, pour voir plus loin que le bout de mes lignes » -, ou au coeur des tours de passe-passe de Mathieu Chédid : « est ce l’être infini qui me l’écrit, la lettre infinie que je relis ? »

     On pourrait les nommer allitération, holorime, hypallage, zeugme, antanaclase, homéotéleute, ces figures sont avant tout mille et une manières de célébrer la souplesse et la richesse de la langue française, qui se glisse dans chaque pièce de notre Maison et que l’on travaille à notre façon.

 

Marie Hauvy, en immersion dans la Maison Trafalgar

Photographie : Greyson Joralemon


Le Bon Gustave

Nos clients font confiance à notre Maison pour réaliser leur Portrait écrit, et nous confient également le récit imagé de leur histoire. Pour cette occasion, nous avons rejoint Clemence Durieux et l’équipe Le Bon Gustave – dénicheur de vin, dans les vignes du Château Thivin ; le plus ancien domaine viticole du Mont-Brouilly ! Un grand merci pour votre confiance !


Accident d’expression

C’est joli, coloré, naïf, parfois agressif, toujours inventif !

© « 300 accidents d’expression : une seule victime, la langue française. » Par E. Blervaque, S.Ellias & L. Ribet


Écrit Couture, Les Quatre saisons du Ritz Paris

Mû par le désir de se rappeler au souvenir de ses clients avec délicatesse et raffinement, le Ritz Paris a confié à la Maison Trafalgar la confection écrite de quatre cartes postales, spécialement ciselées pour exprimer le passage des saisons vécu par l’hôtel, et envoyées à un trimestre d’intervalle. Rehaussant ce défi de concision et de puissance d’évocation, des illustrations signées par un artiste partenaire du Ritz furent réalisées au recto des cartes, sur l’inspiration des images littéraires proposées par la Maison Trafalgar.


Dictée solidaire ; Nous soutenons Marin

Toute l’équipe de la Maison Trafalgar s’est retrouvée à l’Université Jean Moulin LYON III afin de se mobiliser autour de Marin Sauvajon, jeune lyonnais victime d’une terrible agression parce qu’il avait osé prendre la défense d’un couple insulté parce qu’il s’embrassait dans la rue. Attaqué à coup de béquille et laissé quasiment pour mort, Marin est miraculeusement sorti du coma et a entrepris une lente et couteuse rééducation. Sa maman a créé l’association « La Tête Haute – je soutiens Marin » qui a aujourd’hui élargit son objet dans le but d’aider toutes les familles confrontées au douloureux problème d’accompagnement d’un cérébrolésé. Deux grands talents d’origine lyonnaise étaient présents pour cette très belle dictée solidaire : Marc Lambron, journaliste écrivain et académicien, a accepté d’écrire le texte, lu par l’imitateur et humoriste Laurent Gerra.