Expression explicitée : Se faire un sang d'encre

Cette expression trouve ses racines dans l’époque médiévale, une époque où la médecine était encore très empreinte de la théorie des humeurs. Selon les observateurs d’alors, le sang était lié à la jovialité. Il était donc admis qu’un fort sentiment d’angoisse et d’inquiétude donnait au sang une teinte plus foncée, si foncée qu’il en deviendrait aussi noir que l’encre !


Expression explicitée : Garder un secret de Polichinelle

D’Arlequin à Scapin en passant par Scaramouche, nombre de personnages de la commedia dell’arte ont marqué la culture populaire. Et c’est aussi à ce genre de théâtre italien que l’on doit le secret de Polichinelle. Ce valet bedonnant aussi vulgaire que facétieux est aussi connu pour être volubile. Dans l’une de ses aventures, il répand une rumeur auprès des courtisans du royaume sur un seigneur dont le corps serait couvert de plumes, et leur fait promettre de garder le secret. C’est cette frasque qui a donné son sens à la fameuse expression désignant un secret connu de tous… mais que personne n’évoque publiquement !


Référence cachée

Il arrive que certains clients partagent une référence qui les touche particulièrement. Par amour des mots et par envie de surprendre, et afin qu’elle ne gêne pas la compréhension générale du Portrait, je prends beaucoup de plaisir à me creuser la tête pour cacher ces références dans le texte, de sorte que le client soit le seul à les repérer. Placer un surnom peu avouable dans la sonorité d’une liaison, transformer le nom d’une œuvre en une proposition, ou encore s’appuyer sur le double sens d’un mot afin d’offrir un second niveau de lecture sonne chaque fois comme une attention qui touche, et qui fait mouche !


'Le résultat est splendide !' Avec la complicité de son Directeur Général, La Maison Trafalgar signe le récit chapitré du Jiva Hill.

La colline vivante. Une histoire du Jiva Hill. Afin de marquer sa réouverture après une étape de rénovation, et de se doter d’un écrit fondateur à la hauteur de ses cinq étoiles, le Jiva Hill Resort a confié à la Maison Trafalgar la réalisation d’un livret d’accueil complet, réalisé en français et anglais. Parce qu’il était essentiel de revenir à la genèse de cet établissement précurseur en matière de RSE, nous n’avons pas manqué de partager aux hôtes du Jiva Hill cette lecture d’un récit qui donne toute son âme au domaine – le récit d’un couple passionné par les sports de pleine nature et l’équitation, au point d’héberger un concours international de dressage. Par une approche immersive qui contre volontiers les effets catalogues, évitant soigneusement l’écueil des superlatifs en ribambelle dont souffrent tant d’hôtels, l’histoire du Jiva Hill restitue toute la puissance mais aussi la quiétude des lieux. Outre les horizons ludiques et gustatifs qu’il dessine, ce récit socle s’accompagne d’un Manifeste dédié à la transition écologique, réalisé tout en vers, pour sensibiliser la clientèle aux actions entreprises, comme à leur poésie.

« Avec mes mots, je tenais à vous remercier sincèrement du résultat du livret que j’ai reçu. Le résultat est splendide ! Mieux que tout ce que j’avais imaginé ! Sur ces quelques pages, vous avez parfaitement retranscrit ce qu’est le Jiva Hill, ses valeurs, son image et son esprit. Je vous en remercie ! »
– Fabrice Mercier, Directeur Général.

Extraits du récit chapitré :

La fontaine trône toujours sur la propriété depuis 1876, et peut vous en témoigner : le cadre du Jiva Hill a tout d’un tableau pittoresque, que les épis de blé recouvraient autrefois d’un or chaud. Avant d’être cet hôtel pensé pour limiter toute dépendance, l’eau des sources exploitées par les agriculteurs ancrait déjà les bases de notre approche écologique. Découvrant cette colline en 1999 sur les conseils d’un ami, voilà qu’un entrepreneur suédois se prend d’affection pour l’endroit.
Une ferme aux origines, et un fondateur original parti d’une page blanche : un écho à son héritage familial paysan, et à sa naissance en France. (…) En plus d’être un centre équestre qui organise un concours de dressage international, un établissement qui n’est affilié à aucun groupe, le Jiva Hill est le projet d’un couple. Depuis son ouverture en 2007, l’hôtel se veut le reflet de leurs explorations ; ils y ont rapporté l’esprit lodge sud-africain après une expérience dans la réserve de Shamwari, et une collection d’une galerie new-yorkaise. Vous pouvez remonter les traces des poneys indigènes de l’Île de Sable – des clichés que ces amateurs d’art ont placés avec soin dans les espaces. Le Jiva Hill a ses nuances et son empreinte ; son ancrage et sa teinte.
Quelques marches suffisent pour s’immerger dans l’atmosphère vintage du Tripot – un espace pensé pour raviver l’esprit canaille des soirées arcade et billard. Le zinc du bar vous renvoie à l’ambiance des polars ; le téléphone rouge se charge de commander à boire. Quant à ce jukebox, qui faisait déjà un carton dans les années 50, il donne le rythme grâce à une sélection d’anthologie, tandis que les fléchettes filent vers leur cible, et que les roulettes s’enchaînent au babyfoot. Ici, il n’appartient qu’aux audacieux de faire également sonner la cloche du mythique flipper AC/DC, et de confirmer que le Jiva Hill est à l’aise dans tous les styles.

Extraits du Manifeste :

Chez nous, l’écologie dépasse de loin une vision romantique.
Elle coule jusque dans la sève de nos herbes aromatiques,
Bourgeonne dans nos potagers, nos vergers, nos paysages,
Dans notre permaculture, les mises en métayage.
(…)
Pouvoir respirer un air sain, qui n’aura pas besoin de filtre ;
Puiser l’eau directement des nuages, en respectant le moindre litre ;
Grâce à la géothermie, dompter la chaleur présente dans le sol —
Nous prenons part à notre époque en suivant les bonnes boussoles.
(…)
Dès son origine, notre hôtel a fait un pas de côté dans la course,
Qui pourchasse le moindre pourcentage, aux dépens des ressources.
Aux sources souterraines qui abreuvent nos espaces verts,
Nous avons ajouté des bassins de captation pour l’été et l’hiver ;
(…)
Du hennissement des chevaux, au bourdonnement des abeilles,
Le Jiva Hill est une colline vivante qui recèle de merveilles.


Tribune : L'étroit couloir du temps présent

« Il y a deux sortes de temps

Y a le temps qui attend

Et le temps qui espère. » 

Jacques Brel, L’Ostendaise

Les conversations quotidiennes ; les interviews, radiophoniques, télévisées ; les témoignages, les récits ; on ne trouve plus guère d’exceptions : afin de provoquer un effet de « direct », le présent de narration a remplacé l’usage des temps passés. Ce que l’on raconte semble ainsi, ce n’est pas surprenant, plus vivant : car le passé est sépulture de ce qui fut ; on n’y compte plus que des morts ; des morts qui, apparemment, font peur, et auxquels on tente donc, comme à des marionnettes, d’insuffler un soupçon de vie pour les faire moins terrifiants, ou plus intéressants qu’ils ne le sont réellement.

Notre présent est par conséquent surpeuplé. Il accueille, recueille le passé, l’absorbe, se laisse remplir de formes disparues. Il était déjà difficile d’accorder de l’espace et des dimensions à ce lieu si fugace qu’on le soupçonne régulièrement de ne pas exister ; il devient plus délicat encore de comprendre comment un temps si étroit pourrait prendre en charge cette multitude d’éléments l’ayant précédé.

Le présent de narration, effet de style bien connu et que notre époque n’a certes pas inventé, est devenu si prépondérant qu’il se vide sous nos yeux de sa substance ; car l’usage régulier d’un effet spécial a pour conséquence de lui ôter tout caractère exceptionnel et donc, de le dénaturer : il passe en effet ainsi de « spécial » à « normal ». Nous ne savourons plus avec le même délice cette espèce de flash-back qui plaçait directement, devant les yeux de l’imagination, les évènements et les faits datés, puisque désormais le langage ne semble plus relever que d’une seule dimension. Or, pour apprécier qu’un objet soit ramené au premier plan, encore faut-il un arrière-plan, une perspective. C’est pourquoi l’usage parcimonieux du présent me semble plus riche que le fait d’y recourir de façon permanente.

Le futur, dimension incertaine du temps et pour cette raison, la plus mystérieuse, pourrait faire l’objet du même sort que le passé. Le présent de futur proche (« j’arrive dans quelques instants ») tire l’avenir vers l’immédiat ; mais on peut entendre parfois des affirmations telles que « Dans cinq ans je suis à la tête de cette entreprise », qui perturbent fortement la frontière entre futur proche, moyen et long termes.

En tous les cas, la disparition progressive du passé, objet d’une fusion-acquisition au profit du présent, tire probablement tout ou partie de ses origines des procédés journalistiques et historiographiques, friands de narration. Sans doute les métiers purement narratifs eux-mêmes s’en sont-ils faits un relai d’importance : les scénarios s’écrivent au présent et les romans eux-mêmes tendent, de plus en plus souvent, à y recourir. Ainsi baignons-nous désormais, à chaque heure de chaque jour, dans un environnement qui n’est pas sans évoquer l’art naïf, que constituent ces tableaux s’affranchissant des lois de l’optique, art qui fut longtemps – et ne l’est plus – considéré comme mineur. Cet art n’est pas sans charme, loin s’en faut : tout son charme tient, précisément, au décalage qu’il impose par rapport aux autres méthodes de représentation picturale. Il semble assez clair que les arts graphiques, comme la littérature, comme les autres arts, tirent leur richesse de leur diversité, et que celle-ci se trouverait considérablement écornée si l’art naïf prenait le pas sur tous les autres.

Quels critères objectifs pourraient nous servir de pierre de touche pour déterminer, parmi les modifications du langage, celles qu’il faudrait condamner ou célébrer ? Aucune évolution de la langue ne doit, en elle-même, attirer nos foudres, au motif – fallacieux – qu’il s’agit de la préserver du changement, ce qui du reste est aussi peu souhaitable que possible. En revanche, il est peut-être dommageable que l’évolution dont traite la présente Tribune consacre une ablation d’une des possibilités offertes par notre système de conjugaisons, plutôt que la transformation d’un usage, ou l’invention d’un nouveau. Qui peut le plus peut le moins – quand la réciproque, cela est bien connu, n’est pas vraie. La naïveté langagière excessive, par laquelle on s’exprime de toute part dans les médias et, par ricochet, dans la vie quotidienne, risque de simplifier excessivement le langage, en sorte qu’il nous soit de plus en plus difficile de nous exprimer clairement. La seule assistance que nous pourrions donc apporter à la parole – qui, notons-le au passage, ne nous demande rien – consisterait à en protéger la capacité à signifier quelque chose. Le cerveau et la conscience humaine étant éminemment complexes, la pensée étant condition de la parole et la parole, celle de la pensée, sans doute est-il important de bénéficier d’une palette d’expression la plus vaste possible. A cet égard, certaines interviews récentes m’ont semblé relativement incompréhensibles : l’absence de perspective ne relève pas que de l’esthétique : elle perturbe parfois considérablement l’intelligibilité d’une narration. Dans ce cas, on peut douter qu’elle soit le fait d’un choix, et redouter qu’elle ne provienne d’une connaissance lacunaire des temps de la langue française.

Tout ceci participe (ou procède ?) de notre société de l’immédiateté que décrivent certains sociologues ; nous plonge, en tous les cas, dans cet univers surpeuplé que j’évoquais à l’orée de cette Tribune. Nous étoufferons bientôt, si nous n’y prenons garde, dans l’étroit couloir du temps présent, qui n’a peut-être pour charge, finalement, que de séparer l’avenir du passé. Nous sommes collés les uns aux autres dans une dimension unique, qui regroupe jusqu’aux grandes figures ancestrales, jusqu’aux morts et aux évènements les plus insignifiants. Nous sommes tout à chaque instant, tous à chaque instant. Dans l’embrasure de notre couloir se presse un flot de vies minuscules ; une infinité d’Hommes sans épaisseur s’adossent aux murs, s’embrassent, se serrent. Les perspectives s’enfuient à contre-courant de la ligne de fuite d’un tableau renaissant. Certes, tout peut donc s’embourber, par le langage, dans les limons d’un cimetière confus, le cimetière des jours sans fin, des nuits lumineuses et des hivers brûlants ; mais tout, par le langage, peut au contraire s’augmenter de couleurs, de vie et de formes, se parfumer d’avenirs, beaux d’être incertains, et de passés, superbes d’avoir été.

Virgile Deslandre

Expert en art oratoire de la Maison Trafalgar

© Matthew Henry


Expression explicitée : Dire à tes souhaits

Avant que cette expression ne devienne une politesse presque machinale, dans la Grèce antique, l’éternuement signifiait qu’un esprit divin était de passage. Il convenait alors de lui exprimer des souhaits pour s’en assurer la protection, et repousser un possible mauvais sort. Si la formule est aujourd’hui adressée directement à la personne qui éternue, c’est qu’elle trouve une seconde origine dans l’épidémie de peste qui ravagea l’Europe du XIVe siècle. Il fallait se dépêcher de dire une bénédiction pour préserver la santé de celui qui éternue, en espérant que ne se cachait pas là un signe de maladie avant-coureur.