Le billet de Marie : Cessez la cure d’amincissement

     Cet été, vous avez une carte à jouer.

     Contre l’injonction du régime estival, il est urgent de cesser d’amaigrir notre rapport à l’écriture. Comme un exercice quotidien de musculation de l’esprit, il est tout aussi sain de travailler sa langue. Si les mots ne sont pas encore vos compagnons favoris, profitez de l’été pour vous échauffer, en commençant par de petites foulées. Familiarisez-vous avec le terrain de l’expression et apprenez à manier le crayon avec la dextérité du lanceur de javelot. Pas à pas, vous rectifierez le tir, et vos mots, de plus en plus précis et aiguisés, finiront par toucher la cible : vous arrivez au sprint final, sortez la pointe ultime. Vous pourrez alors étirer vos phrases et vos membres engourdis, exposer vos sentiments comme votre corps au soleil; le jeu en vaut la chandelle, et le voyage l’insolation. 

     Après tout l’écriture, c’est comme le vélo : ça ne s’oublie pas. Et il est un mérite de pédaler un peu. L’essentiel étant de laisser une trace, votre trace, par un style bien à vous, même au dos d’une photo de vaches normandes. Pour combattre, à l’épreuve du temps qui passe, l’obsolescence des idées et l’oubli des âmes. Pour réapprendre à parler en écrivant, réapprendre à écouter en lisant, réapprendre à donner en prenant le temps de s’arrêter.

     Il y a votre course et celle des missives que l’on s’envoie, qui traversent des kilomètres d’une boîte à lettres à une boîte à l’autre. Quelques lignes suffisent à faire renaître le charme, la délicatesse des termes qui, couchés sur le papier pour une autre destination, se teintent d’une toute autre saveur en changeant de maison, prennent d’autres amplitudes et d’autres significations.

     Il est primordial, mais aussi profitable, de s’octroyer une parenthèse, ce tête-à-tête en solitaire. Et si vous n’avez personne à qui écrire, si vous avez peur de finir sur un frigo, au milieu d’un album jauni ou dans une boîte mail saturée, écrivez-vous cette carte postale, et accordez-vous le temps de prendre de vos nouvelles.

Marie Hauvy, en immersion dans la Maison Trafalgar

Photographie : Natalia Lyczko


Le billet de Marie : Ode à la littérature

Longtemps je me suis couché de bonne heure. Ça a débuté comme ça. Voici enfin le moment attendu où je peux étaler le volume sur mon lit, l’ouvrir à l’endroit où j’ai été forcée d’abandonner… je m’y jette, je tombe… impossible de me laisser arrêter, retenir par les mots, par leur sens, leur aspect, par le déroulement des phrases, un courant invisible m’entraîne.

Ma mère m’avait raconté trop de jolies histoires, avec trop de talent et dans ces heures balbutiantes de l’aube où chaque fibre d’un enfant se trempe à jamais de la marque reçue. Un jour, la voix s’était enflée comme un triomphe, et la petite phrase courte qui fait chute à la fin du poème éclata comme un carillon métallique.

C’est alors que tout a vacillé. Un trouble s’éleva dans mon âme éperdue. Ce fut comme une apparition. La langue française est une eau pure que les écrivains maniérés n’ont jamais pu et ne pourront jamais troubler. Il ne peut exister à mon goût plus fin diseur de ces jolis rien qui sont tout. Je me trouvai enflammé jusqu’au transport, je me sentais vivre en elle, et elle vivait pour moi seul. Cette langue était, comme vous le savez déjà, sans rien savoir encore, le lys de cette vallée où elle croissait pour le ciel, en la remplissant du parfum de ses vertus. Ce sont vos lettres qui m’ont grisé ! Cher ange, vous êtes belle, à faire rêver d’amour. Comme on voit sur la branche au mois de mai la rose, en sa belle jeunesse, en sa première fleur, rendre le ciel jaloux de sa vive couleur, quand l’Aube de ses pleurs au point du jour l’arrose, je connais, moi, une fleur unique au monde. Je respire où tu palpites, il suffit que tu t’envoles pour que je m’envole aussi. Ne m’en veux pas si je te tutoie, je dis tu à tous ceux que j’aime.

Les autres mettent des semaines et des mois pour arriver à aimer. Moi, ce fut le temps d’un battement de paupières. Quelque chose qui chante en elle. Il est un air pour qui je donnerais tout Rossini, tout Mozart et tout Weber, un air très vieux, languissant et funèbre, qui pour moi seul a des charmes secrets. Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ? Aboli bibelot d’inanité sonore ? Les écrivains ont mis la langue en liberté. De la musique avant toute chose !

Je voulais que le monde entier sût combien tu étais merveilleusement, incroyablement, inimaginablement belle. Mais, trahie d’une partie de tes amis et délaissée des autres, tu te sens seule et abandonnée, perdue dans la cohue du large trottoir : les sanglots longs des violons de l’automne blessent mon coeur d’une langueur monotone.

Pour moi, c’est un malheur. Un malheur, tout le monde sait ce que c’est. Ça vous laisse sans défense. Eh bien ! Pour moi c’est un malheur. Je ne veux jamais l’oublier, ma colombe ma blanche rade, ô marguerite exfoliée, mon île au loin ma Désirade ma rose mon giroflier ! On ne peut plus. On ne peut plus vivre sans poésie, couleur ni amour. Il faut s’enivrer sans trêve. De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. Mais enivrez-vous ! De cet alambic, avec ses récipients de forme étrange, ses enroulements sans fin de tuyaux : mourir vos beaux yeux, belle Marquise, d’amour me font.

Il n’y a peut-être pas de jours de notre enfance que nous ayons si pleinement vécus que ceux que nous avons cru laisser sans les vivre, ceux que nous avons passé avec un livre préféré. Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices ! Suspendez votre cours. Lire, c’est voyager. J’ai plus de souvenirs que si j’avais mille ans. Voyager, c’est bien utile, ça fait travailler l’imagination. Et puis d’abord tout le monde peut en faire autant. Il suffit de fermer les yeux. Je vois se dérouler des rivages heureux qu’éblouissent les feux d’un soleil monotone; la terre est bleue comme une orange. Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage, je laisserai le vent baigner ma tête nue. Je ne parlerai pas, je ne penserai rien, mais l’amour infini me montera dans l’âme.

Je m’éveille plein de gaieté, avec des envies de chanter dans la gorge. Le crime de rêver je consens qu’on l’instaure !

Toi qui en moi réveillas les musiques profondes, hâte-toi. Hâte-toi de transmettre ta part de merveilleux, de rébellion, de bienfaisance. Tu as été créée pour des moments peu communs.

Je ne veux point mourir encore, pour que le jour recommence, et que le jour finisse, à manier les mots, les soupeser, en explorer le sens. Va, je ne te hais point, je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps. Les mots il suffit qu’on les aime pour écrire un poème. Et par le pouvoir d’un mot, je recommence ma vie.

 

Ces mots qui nous ont bercés, marqués, hantés, ces mots frappants ou envoûtants, mélodiques ou caustiques. Ces mots qui nous ont donné le goût de la langue française et la volonté de lui dédier un lieu tout particulier, une Maison de Portraits.

Marie Hauvy, en immersion dans la Maison Trafalgar

Photographie : Joanna Kosinska

Marcel Proust, Louis-Ferdinand Céline, Nathalie Sarraute, Romain Gary, Louis Aragon, Albert Camus, Jean Racine, Gustave Flaubert, Guy de Maupassant, Edmond Rostand, Abbé Prévost, Gérard de Nerval, Honoré de Balzac, Edmond Rostand, Théophile Gautier, Pierre de Ronsard, Antoine de Saint-Exupéry, Victor Hugo, Jacques Prévert, Albert Cohen, Louis Aragon, Gérard de Nerval, Jean Racine, Stéphane Mallarmé, Victor Hugo, Paul Verlaine, René Barjavel, Jean-Jacques Rousseau, Émile Zola, Paul Verlaine, Albert Camus, Guillaume Apollinaire, Antoine de Saint-Exupéry, Charles Baudelaire, Émile Zola, Jean-Baptiste Molière, Marcel Proust, Alphonse de Lamartine, Victor Hugo, Charles Baudelaire, Louis-Ferdinand Céline, Charles Baudelaire, Paul Éluard, Joachim du Bellay, Arthur Rimbaud, Guy de Maupassant, Louis Aragon, René Char, André Chénier, Jean Racine, Marguerite Yourcenar, Pierre Corneille, Victor Hugo, Raymond Queneau, Paul Éluard   


Le billet de Marie : Si j’aurais su, j’aurais pas lu

Marie est arrivée chez nous en immersion avec son bagage littéraire, soucieuse de découvrir les coulisses d’une Maison d’écriture haute couture. Pour ouvrir le bal de ses publications, la première se plaît à venir à la rescousse de la langue française. Sa syntaxe malmenée, ses expressions écartelées, n’en jetez plus la cour est pleine !

« Orthographe. La science qui épelle avec l’oeil à la place de l’oreille. Défendue avec plus de chaleur que de lumière par quelques échappés d’asiles. »  – Ambrose Bierce

À toi qui penses que chacun voit midi à quatorze heures

À toi qui tu ne sais toujours pas c’est qui qui a raison

À toi qui te considères comme le bouquet mystère

À toi qui clos tes discours par « bon je me comprends » et tes réparties de « je dis ça, je dis rien » mais qui en dis toujours trop

À toi qui penses qu’au jour d’aujourd’hui, on est toujours pas fixé, mais que ça devrait arriver incessamment sous peu

À toi qui détestes ceux qui croivent tout savoir

À toi qui rêverais de leur rendre l’appareil

À toi qui ne sais toujours pas où est donc Ornicar

À toi qui aimes aller au coiffeur, au dentiste, au fleuriste

À toi qui souhaites toujours un bonne anniversaire

À toi qui travestis les expressions, qui vois la porte ouverte à toutes les fenêtres, et qui t’attardes sur la goutte d’eau qui met le feu aux poudres

À toi qui te places toujours avant l’autre dans une phrase

À toi qui adores y feuilleter, y dire, y faire, y montrer

À toi qui parles de la bague à ta mère et de la maison à ta cousine

À vous qu’on aime comme même, avec le franglais ou la langue fourchée

Hâtez-vous lentement ; et sans perdre courage,

Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage :

Polissez-le sans cesse et le repolissez,

Ajoutez quelque fois et remasterisez

Mais cette langue surtout, ne cessez pas de l’aimer.

 

Marie Hauvy, en immersion dans la Maison Trafalgar

Photographie : Eugenio Mazzone


Bertrand et Xavier Rousselle

De nouveaux clients font confiance à notre Maison pour réaliser leur Portrait croisé de frères et d’associés. Bertrand et Xavier Rousselle sont les fondateurs et les dirigeants émérites de Terre adélice ; nous les avons rejoints à la genèse de leur histoire, à Saint-Sauveur-de-Montagut.


Les toits de Lyon

Les toits de Lyon – dans les coulisses du shooting de Loïc Renart et Grégory Cuilleron qui ont confié à notre Maison leur Portrait croisé, écrit et photographique. À suivre avec Le Comptoir Cecil !


Shooting Rinck Manufacture

Pour accompagner la commande de leur Portrait écrit, notre Maison réalise aujourd’hui le shooting des deux associées de RINCK Manufacture avec Ksénia Vysotskaya.


Dirigeante, Maison Luce

La Maison Trafalgar est reconnue pour sa signature textuelle, mais aussi pour son œil et sa direction artistique. Retour sur les backstages du shooting d’Albane D, dirigeante de Maison Luce.

– Portrait réalisé en collaboration avec Ksénia Vysotskaya


Béatrice de Montille

Coulisses du shooting avec notre cliente Béatrice de Montille, dirigeante de Merci Maman.


Festival HUBLO 2018

Le Festival HUBLO 2018, réunissant les jeunes entrepreneurs de la région, aura lieu le 03 mai à l’Hôtel de région ! Sous l’impulsion de Beelys, cet évènement est pour nous l’occasion de nous souvenir de la dernière campagne réalisée en faveur de tous les étudiants-entrepreneurs ! Merci à Sarah Beauchamps, co-fondatrice de Eontex, dont nous gardons, au-delà du livrable, de jolis rushs et mimiques  !

Un shooting supervisé par PoltredJulien Malabry