Abécédaire : Extraction versus conversation

Il y a ce mot délicat qui s’enfile comme un gant, celui dans lequel on se sent à l’étroit, plus distant. Il y a ce mot-valise, ce mot sur le départ qui ne nous dit trop rien, puis celui qui nous parle, à peine l’a-t-on croisé, et dont la nuance infime ne se laisse remplacer par aucun synonyme.

Extraction versus conversation : le “ᴇ” est à l’honneur dans notre Abécédaire !


Le Feuillet : Un de nos clients intègre le palmarès 30 Under 30 de Forbes

Ylan Dahan, Président de la marque de maroquinerie de luxe Le Feuillet, vient d’entrer au prestigieux palmarès des 30 Under 30 Forbes France. Un palmarès mettant en lumière 30 jeunes de moins de 30 ans – des créateurs, sportifs, artistes, qui se distinguent déjà au sein de la société française. Leur entreprise, déjà comptée par le magazine économique parmi les sept plus belles levées de fonds mode et beauté 2019, rend chaque jour hommage au savoir-faire exceptionnel de la maroquinerie française. À l’heure où de nombreux acteurs du secteur délocalisent leur production, Le Feuillet assume son positionnement en faisant de cette fabrication française le pilier de leur réussite. Nous lui adressons, ainsi qu’à son frère et associé Davy, toute nos félicitations pour cette distinction qui le porte aux côtés de Louis Bonduelle, fondateur de Chez Nestor, Lucie Bash fondatrice de Too Good To Go, Benoît Bourdel fondateur de Luko, ou encore Judith Levy fondatrice de Même Cosmetics. Notre Maison est d’autant plus fière de la confiance que vous nous avez accordée en nous confiant la réalisation de votre Portrait croisé – présent dans vos livrables, dans vos boutiques et sur tous vos points de vente ! 

Extrait de leur Portrait croisé d’associés, cousu main par notre Maison : 

Le hasard voulut les séparer de huit ans ; Ylan et Davy ne se doutaient probablement pas que l’exigence d’excellence les réunirait bientôt. Puisque le luxe ne se soupèse pas aux paillettes dont on le saupoudre, et que la grandeur véritable d’une entreprise se reconnaît à sa capacité d’en imposer sans s’imposer, ensemble, ils ont réussi le pari de la sobriété savamment étudiée. À cet égard, la maroquinerie haut de gamme Le Feuillet a du sang de géant, un legs que les frères Dahan transmettent avec la discrétion de ceux pour qui l’ouvrage bien fait contient son propre discours.


Imaginez le confinement raconté par les grands auteurs

Beckett : Deux hommes attendent la fin du confinement qui n’arrivera jamais.

Ionesco : Le confinement attend la fin de l’homme.

Zola : Raconte avec précision le quotidien d’un ouvrier d’Amazon contraint de travailler.

Flaubert : raconte l’ennui d’une jeune femme confinée avec son mari.

Balzac : raconte l’histoire de la fabrication du canapé où son héros est assis. 

Proust : Son héros tond pendant le confinement. L’odeur de l’herbe coupée lui remémore son passé.

Maupassant : Son héros confiné, a des hallucinations et devient fou.

Feydeau : Un mari, sa femme et l’amant de celle-ci sont confinés ensemble, des quiproquos en perspective.

Duras : Confinée. Se confiner. Je crois que ça va durer 14 jours. Ou peut-être plus. Promener mon chien. Absence de chien. L’attestation était pourtant prête sur la table.

King : Un alcoolique repenti, confiné, est torturé par le fantôme de son frère jumeau mort à 8 ans qui le pousse à tuer sa femme obèse et fanatique religieuse.

Pascal : Confiné, l’humain lance une appli de paris en ligne à propos de la date de fin du confinement ou de la date de fin du monde.

Kafka : Un homme confiné s’ennuie, regarde une mouche courir sur son plafond… À la fin, c’est la mouche qui le regarde, courir sur les murs.

Camus: Le confinement ne fait qu’accentuer l’esprit étroit de l’homme et enferme ses questions dans des bocaux sans réponses.

Lamartine : Un seul cas de coronavirus et tout est dépeuplé. 

Pennac : L’adulte confiné retrouve son âme d’enfant et plonge dans des aventures imaginaires.

@Leprofdeletre


Confinement : 10 livres pour s’évader encore (et encore) sans mettre un pied dehors

Chez Trafalgar, on continue de se confiner avec une partie des auteurs qui nous ont appris à nous promener de l’intérieur… Eloge du repos, Huis clos, La place, Just Kids, L’invention de la solitude, Vers une sobriété heureuse…

POUR S’AMUSER DE SON DÉCALAGE

Tout le monde est occupé, Christian Bobin

« Il y a des fous tellement fous que rien ne pourra jamais leur enlever des yeux la jolie fièvre d’amour. C’est grâce à eux que la terre est ronde et que l’aube, à chaque fois se lève, se lève, se lève. » Un court roman terriblement insolite, un conte des temps modernes, où un homme fait l’amour avec les yeux, une femme est enceinte pendant 3 ans, et une petite fille de 6 ans prédit l’avenir. On y croise aussi un canari du nom de Van Gogh, qui a des discussions animées avec Rembrandt, un chat lecteur et philosophe. 

POUR ARRÊTER DE CULPABILISER

Eloge du repos, Paul Morand 

À quoi bon gagner du temps si nous ne savons pas en profiter ? Se reposer est un art. Pour éviter que le temps gagné ne soit aussitôt perdu, Paul Morand se livre ici à une pédagogie ironique : les vacances et les voyages s’apprennent, comme le reste. Cette pratique du repos n’est pas seulement une question de lois et de congés payés, c’est d’abord avec l’âme qu’elle a affaire.

POUR S’AIMER LES UNS LES AUTRES

Huis clos, Jean-Paul Sartre

Un garçon d’étage introduit dans un salon Style Empire, Garcin le journaliste-publiciste, Inès l’ancienne employée des Postes et Estelle, la mondaine. Ainsi débute un hallucinant huis clos. Ils vont se livrer un combat de mots qui leur fera réaliser le sens de la vie et de la mort. Ils s’interrogent sur leur damnation et se cachent sous le masque de la mauvaise foi. Chacun a besoin de l’autre pour exister, prendre conscience de soi ; le regard d’autrui est aussi une menace. La violence, l’humour, le désespoir et la révolte traversent cette pièce d’une simplicité diabolique et à la mécanique implacable.

POUR TRAVERSER LA FRANCE ASSIS

Un fauteuil sur la Seine, Amin Maalouf

En racontant la vie et les aventures des dix-huit personnages qui se sont succédé au 29e fauteuil de l’Académie française depuis 1634, Amin Maalouf nous fait revivre de manière charnelle, quatre siècles d’histoire de France. On revisite ici la querelle du Cid et la révocation de l’Édit de Nantes, l’expulsion des jésuites et l’émergence de la franc-maçonnerie, la Révolution de 1789, le Second Empire, la guerre de 1870 et la Commune de Paris, l’invention de l’anesthésie et celle des funérailles nationales, l’Affaire Dreyfus et les grandes guerres du XXème siècle…à partir d’un simple fauteuil, Amin Maalouf nous fait redécouvrir les riches heures du passé de la France, la permanence de son génie national, ainsi que ses constantes métamorphoses.

POUR FUIR LES BONIMENTEURS

Le Misanthrope, Molière

Alceste, le misanthrope, est le plus loyal et le plus droit des hommes. Malheureusement, il lui manque une vertu : l’indulgence pour la conduite des autres. Dans son rigorisme, il pousse la franchise jusqu’à la brutalité. Un compliment banal, de pure politesse, en voilà assez pour le faire crier au mensonge, à l’hypocrisie, et il ne voit partout qu’imposture, intérêt, trahison, fourberie. Aussi dans sa colère peu réfléchie, il n’épargne personne et ne craint pas de dire qu’il hait tous les hommes.

POUR NE PAS RENIER SES ORIGINES

La place, Annie Ernaux

Il n’est jamais entré dans un musée, il ne lisait que Paris-Normandie et se servait toujours de son Opinel pour manger. Ouvrier devenu petit commerçant, il espérait que sa fille, grâce aux études, serait mieux que lui. Sa fille, Annie Ernaux, refuse l’oubli des origines. Elle retrace la vie et la mort de celui qui avait conquis sa petite place au soleil, et dévoile aussi la distance, douloureuse, survenue entre elle, étudiante, et ce père aimé qui lui disait : « Les livres, la musique, c’est bon pour toi. Moi, je n’en ai pas besoin pour vivre. »

POUR MÊLER TOUTES LES PASSIONS

Just Kids, Patti Smith

Véritable conte, Just Kids commence comme une histoire d’amour et finit comme une élégie, brossant un inoubliable instantané du New York des années 60-70, de ses riches et de ses pauvres, de ses paumés et de ses provocateurs. Pendant les années de vache maigre, deux gamins font le pacte de toujours prendre soin l’un de l’autre. Romantiques, engagés dans leur pratique artistique, nourris de rêves et d’ambitions, ils se soutiennent et se donnent confiance.

POUR INTERROGER LA MÉMOIRE FAMILIALE

L’invention de la solitude, Paul Auster

Paul Auster est devenu écrivain parce que son père, en mourant, lui a laissé un petit héritage qui l’a soustrait à la misère. Le décès du père n’a pas seulement libéré l’écriture, il a littéralement sauvé la vie du fils. Celui-ci n’en finira jamais de payer sa dette et de rembourser en bonne prose, le terrifiant cadeau du trépassé. L’écrivain ne cherche pas le sens de la vie. Au contraire, il en souligne le caractère insaisissable par plusieurs commentaires sur la nature du hasard, ces accidents ou contingences qui parsèment le cours d’une existence. « J’avais une blessure et je découvre maintenant qu’elle est profonde. Au lieu de la guérir, comme je me le figurais, l’acte d’écrire l’a entretenue. »

POUR SE DÉDOUBLER

Le Carnet d’or, Doris Lessing

La jeune romancière Anna Wulf, hantée par le syndrome de la page blanche, a le sentiment que sa vie s’effondre. Par peur de devenir folle, elle note ses expériences dans quatre carnets de couleur. Mais c’est le cinquième, couleur or, qui sera la clé de sa guérison. Le Carnet d’or est le portrait puissant d’une femme en quête de sa propre identité, personnelle et politique.

POUR SE SENTIR L’ÂME D’UN COLIBRI

Vers une sobriété heureuse, Pierre Rabhi

« J’avais alors vingt ans, et la modernité m’est apparue comme une immense imposture. »

Dans cet ouvrage, Pierre Rabhi apporte son témoignage sur ce qu’il appelle la « sobriété heureuse », prise en tant que réelle valeur de bien-être, force de libération physique et morale. Il expose de manière claire les failles de la société actuelle et nous invite à réfléchir à une nouvelle forme de société, différente dans ses valeurs, dans les relations humaines et dans le lien à la Terre. Pierre Rabhi nous fait valoir qu’un autre monde est en train de se créer, il nous invite à sortir du mythe de la croissance indéfinie, à inaugurer une nouvelle éthique de vie, vers une sobriété tranquille et heureuse.


Le billet de Jeanne : De l’art d’apprécier... sa vie intérieure.

       Apprécier, goûter, sentir, frissonner, ne faire qu’un avec son corps, vivre sa vie à l’intérieur, vivre sa vie de l’intérieur. Cela a tout l’air d’une jolie locution, mais pour l’heure, la seule balade que je puisse me permettre consiste à faire marcher mes doigts sur ce cahier de bord. Ma plume inspire, mes phrases expirent, mon papier se froisse, mes mots se contorsionnent sans cesse, comme s’ils suivaient un cours de fitness. Alors je regarde ma main, le regard aussi attentif à mes lignes de vie qu’aux lignes de fuites de mon salon – je tombe quand même, très tôt, à court d’inspiration. 

       Cette vie intérieure a d’abord été mise en sourdine, éteinte pour augmenter le volume ; les sons, les cris et les bruits de l’extérieur. Puis, un tantinet frustrée, elle s’est mise à murmurer au creux de toutes les oreilles ses questions existentielles. «C’est quoi, cette vie ?» Je ne sais pas moi, je pourrais écrire comme Musset – « La vie est une rose dont chaque pétale est une illusion et chaque épine une réalité. » –, ou préparer une introduction digne de Forrest Gump : « La vie c’est comme une boîte de chocolats, on ne sait jamais sur quoi on va tomber », à enrober de tout ce qu’il faut pour Pâques. Je pourrais me triturer le bulbe à la Albert Einstein – « La vie c’est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l’équilibre » –, mais comme les sorties à vélo sont largement proscrites, je préfère rester du côté de Raymond Queneau, toute aussi certaine que la vie « Un rien l’amène, un rien l’anime, un rien la mine, un rien l’emmène ».

       Même si mes idées tournent en rond, en large et de travers, et que les confins de ce confinement semblent sans fin, cette vie vécue de l’intérieur m’a prouvée que les héros modernes avancent masqués ; elle m’a prouvée qu’on pouvait sauver des vies en obéissant, se libérer les poignets pour arrêter le temps, compter plutôt sur ceux qui nous aiment, se trouver belle sans camouflage, maquiller ses fenêtres puis vibrer comme un applaudimètre. Elle m’a prouvée qu’on pouvait sembler vivre comme une recluse à l’extérieur, tout en se sentant immensément libre à l’intérieur. Finalement, j’ai eu tort de penser que la vie se déclinait en deux catégories. Intérieur ne signifie pas figé, mort sans menu bonheur. Extérieur n’est pas une injonction à vivre tous ses plaisirs avec un minuteur branché sur le cœur. Et pourtant, cette vie… même muette, même tapie, nous réclame à grands cris, elle est là, subrepticement cachée dans nos mots, qu’elle soit ravie, obvie, poursuivie, asservie, inassouvie, étalée à l’envi et logée chez nous, sans préavis.

       Il n’est pas simple de s’octroyer un peu de paix, de demeurer en repos dans une chambre sans laisser sa culpabilité sauter d’un cours de yoga à un live mentorat, traquer sa connexion internet, courir faire des emplettes, regarder des émissions sans queue ni tête, dessiner des plans de balcon, préparer un cake maison après une rediffusion de Top Chef. Mais allongée comme je le suis, j’aime croire qu’il suffit parfois d’un soupçon d’imagination pour recréer tout un monde depuis son lit. Peut-être parce que je m’étais habituée à mener une vie intérieure dans une jolie Maison de Portraits dont j’ai été forcée de sortir avant la fin de mon stage, et que j’irais bien m’y enfermer à nouveau, prendre un bol de littérature et de vers pour y revivre l’extraordinaire. 

Jeanne Magherini, en fin d’immersion dans la Maison Trafalgar

Photographie : Jordin Schurer


Le billet de Jeanne : Débat d'expressions

À brûle pourpoint

        Partout, l’on entend qu’une image vaut mille mots. J’ignore si, à la lecture de ce cliché, vous vous fourrez le doigt dans l’œil, mais vous perdez peut-être le Nord à penser que les littéraires sont à l’Ouest. Pourtant, chez Trafalgar, nous n’avons jamais songé à jeter l’éponge. Même quand vous restez là, motus et bouche cousue, avec des yeux de merlan frit, nous tentons de garder notre sang froid et de ne pas nous tromper de combat. Vous pouvez bien essayer de nous rouler dans la farine ou d’enfoncer des portes ouvertes pour étayer votre argumentation en frappant d’estoc et de taille, en lançant à l’aveuglette pour la plaidoirie de l’image des traits verbaux qui claquent : « brève » dites-vous, « synthétique » ajoutez-vous, « immédiate » concluez-vous, sans penser qu’il n’est là que question de « pauvreté », de « banalité », de « chétivité ». Finalement, il est toujours un arbre qui cache une forêt.

        Au risque qu’ils deviennent les boucs émissaires de notre credo littéraire, hors de question de ressembler à ces moutons de Panurge de la pensée académique et conventionnelle de notre siècle, qui donne ses lettres de noblesse à l’audiovisuel et lui vassalise les Lettres. Hors de question d’avoir l’air à fleur de mots car, dans notre Maison, nous n’aimons pas les mâcher, et préférons défendre bec et ongles la valeur d’un phrasé, dussions-nous tordre le cou à tous les préjugés.

        Non pas que nous sommes certains de faire mouche si vous veniez à la prendre, à vous prétendre avocats satisfaits de l’imago unique, à nous considérer apologistes du mot envers et contre tout, travaillant le débat jusqu’à ce qu’il soit limpide – disons, clair comme de l’eau de roche. Mais si cela réclame que nous soyons à stylos tirés et que le poil dans certaines mains chatouille la plume dans la nôtre, le jeu en vaut quand même bien la chandelle. Surtout s’il permet que l’on pointe du doigt ce qui ne va pas, évitant que vous ne tombiez de Charybde en Scylla.

        La question n’est pas de jouer à pile ou face, mais d’accepter le revers de la médaille. Quand on se croit sorti de la cuisse de Jupiter – et non de celle de Voltaire –, parce qu’on a appris à lire ou à écrire en étant écoliers, on finit forcément un jour par se reposer sur ses lauriers et se faire couper l’herbe sous le pied. Sans qu’il ne casse trois pattes à un canard, votre plaidoyer arrive à point nommé, et nous donne du fil à retordre puisqu’il ouvre la dangereuse boîte de Pandore d’où s’échappent à flots des arguments mettant à mal la littérature. Tout le monde sait que comme la culture, elle est une savoureuse confiture ; ceux qui ont tendance à en manquer se plaisent bien souvent à l’étaler.

        Chez Trafalgar, nous sommes d’accord avec Corneille ; certains qu’à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire, mais apportons autant de crédit à la recette qui dit qu’on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs. Sans dire notre dernier mot, nous œuvrons à mettre les bouchées doubles ; sereins et sages comme les images que nous fustigeons, nous livrons tout l’arsenal du champ lexical qui forme le cortège de la langue. Une langue tellement goûtue que tout explose en bouche : générosité, richesse, saveur, souplesse, rythme, élégance, chaleur, sensibilité…

        Vous pensez peut-être que nous en faisons tout un plat, et certainement davantage lorsque l’on vous sait déconfits, cuisinés à petit feu, pressés comme des citrons chaque fois qu’il vous faut travailler l’expression. Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras : donc si vous persistez à croire qu’une image vaut mille mots, avant de tourner la page pensez qu’ils sont aussi des milliers à faire cohabiter autant d’images. Notre Maison porte le nom de Trafalgar, et nous savons que quand le vers est tiré, il faut le boire.

Jeanne Magherini, en immersion dans la Maison Trafalgar

Photographie :  Istock

Les moutons de PanurgeFaire comme tout le monde, sans user de son sens critique. Pour se venger du propriétaire d’un troupeau, Panurge (héros de Rabelais) acheta la bête conductrice, et la jeta à l’eau. Les autres moutons ont immédiatement suivi l’animal, et tous se sont noyés.

Le jeu n’en vaut pas la chandelle : Cela n’en vaut pas la peine. Avant la création de l’électricité, la chandelle était considérée comme un objet de luxe. Pour s’éclairer lors de jeux, il fallait en brûler quelques-unes mais la question était toujours posée de savoir si le jeu justifiait les frais engagés.

Tomber de Charybde en Scylla : N’échapper à un danger que pour se jeter dans un autre. Charybde et Scylla étaient deux dangers du détroit de Messine. Le premier étant un tourbillon et le second un écueil, les marins qui cherchaient à éviter le premier allaient forcément périr en s’écrasant sur le second.

À brûle pourpoint : Soudainement. Lorsqu’un coup de feu était tiré à bout portant, la veste masculine – le pourpoint – risquait d’être brûlée.

Le bouc émissaire : Celui sur lequel on fait tomber tous les torts. Pour se laver de ses souillures et se décharger de sa culpabilité, il était possible d’offrir une victime expiatoire à la divinité. Le bouc, envoyé au loin dans le désert, prenait alors sur lui les fautes des autres.