Extraits : LE CIEL PAR-DESSUS LE TOIT

Portrait de dirigeante, Estelle 

Au croisement des champs du paysage, de l’architecture et de l’urbanisme, Estelle pourrait incarner l’adage selon lequel choisir, c’est renoncer. Plutôt que de se contenter d’arrondir les angles des espaces confinés, ses chemins de traverses l’ont amenée à pousser les murs pour se créer une pièce à sa mesure. Chez elle, les trois facettes des échelles de projets aiment montrer le succès de leur cohabitation et souligner la beauté d’un plan de carrière construit à l’instinct, presque à main levée. Si Estelle a le verbe délicat, le phrasé mesuré, la manie de délaisser le sens strict pour le sens figuré, la fragilité sait aussi tirer sa révérence pour laisser place aux gestes répétés d’une professionnelle à la tête dure et aux idées carrées. Celle-là même qui a su capitaliser chacune des expériences passées et convaincre un père vétérinaire, une sœur pharmacienne et un frère médecin, de la laisser prendre soin des paysages ordinaires. 

Fleur bleue, éponge, guimauve, pour décrire ce cœur d’artichaut, dans son entourage, chacun y va de sa métaphore. Elle est l’optimisme qui marque, l’enthousiasme qui peut déranger, la capacité à s’émerveiller du passage d’un pivert ou du moindre rayon de soleil. Mais loin de l’épanchement béat, Estelle partage les contours de ces romantiques qui font d’un rien leur muse. Tout ce qu’elle vit, voit, lit, écoute, visite, ou ingurgite, alimente son catalogue. Philosophie, politique, botanique, cette professionnelle est un aimant qui ne peut s’empêcher d’aimer. 


Extraits : VINCI

Portrait de collaborateur, Jacques 

Si les plus anciens se souviennent de Jacques le chef de chantier, la plupart se rappelle surtout avoir tapé à la porte de M. Basile, directeur régional puis délégué de Campenon Bernard. Pourtant, plutôt que d’ériger des ouvrages d’art en précontrainte, ce dessinateur aguerri s’imaginait faire fuser les fusains sans astreinte.

 

De cette relation galvanisante avec son mentor, Jacques sut tirer la force nécessaire pour affronter un baptême du feu des plus brûlants : le parking de la Part-Dieu. La Part-Dieu, c’était le rythme éreintant des trois-huit et la gestion « de deux-cent gars » pendant des journées interminables. C’était les problèmes de dernière minute et les ennuis dès la première heure. Les signes d’une dépression pansés par un repas aux Halles de Lyon avec Perillat. Les grèves tempétueuses, les colères à tempérer et le repaire d’une motivation à bout de nerfs. La Part-Dieu, c’était le chantier de tous les états d’âme ! Mais c’est aussi celui que Jacques évoque désormais avec fierté et dont il peut dire : « J’y étais ». 

Portrait de collaborateur, Habib

Certes, ce gardien zélé a fait de ce site, un monde à part dans la galaxie Campenon. Certes, il est de ceux qui savent oublier les tours de cadran quand le travail l’exige. Oui, Habib n’a pas volé ce surnom de « fils du patron », attribué par les copains comme pour railler son dévouement ; mais cette abnégation était aussi celle d’un locataire soigneux prêt à élire domicile sur place. Un mobil-home paumé au beau milieu de l’Isère, un bureau devenu maison, bordé par le goudron de l’A43 et les jeunes pousses d’herbes aromatiques. Car Habib fit de ce foyer un improbable emblème de l’esprit d’entreprendre qui a cours chez Campenon, en cultivant un jardin là où peu de mains vertes se seraient aventurées. Qui pourrait ainsi se targuer d’avoir planté pêchers et figuiers en pleine zone industrielle, ou se prévaloir d’avoir embelli barrières de métal et dalles de béton par quelques fleurs ramenées de Tunisie ? Ici, c’était chez lui.


Extraits : WINE MASSON

Portrait de dirigeant, Victor :

Si le vin se déguste à parfaite maturité, il est un passionné qui fit la connaissance de ce jus de raisin bien avant d’atteindre l’âge de raison. Cette première gorgée de Pétrus, il la partage avec son grand-père. Un mélange générationnel qui rehausse le ton de l’éternel dicton « aimons jeune, buvons vieux ».

Sa connaissance empirique du métier et un stage formateur dans la Maison Paul Jaboulet Aîné sont autant de preuves de son refus à se laisser formater par une quelconque formation d’oenologue ou de sommelier. Pour monter en gamme, celui qui compare l’apprentissage du vin à la musique – du solfège à la pratique – préférera encore consommer sans modération divers ouvrages spécialisés. Un passage à l’acte permis par un développement d’activité, qui lui donnera sans tarder accès à ses premières dégustations privées.  

Et parce que l’on devient toujours un peu spirituel à force de traîner avec des spiritueux, Victor lève aussi son verre à tous les plus beaux – et éphémères – moments d’une vie.