La poursuite du zeugmanacoluthe

Litote, antiphrase, hyperbole, j’en passe et des meilleures. C’est peu dire que l’arsenal des figures de style que compte la langue française est abondant. Si cela ne suffisait pas, il m’arrive occasionnellement de les mêler entre elles afin de façonner d’amusantes chimères. Devisant avec l’un de mes camarades portraitistes chez Trafalgar quant à la nature exacte de telle figure de style, chacun soutenait mordicus sa position : le zeugma pour l’un, l’anacoluthe pour l’autre. Le débat fut tranché par l’émergence de cette étrangeté : le zeugmanacoluthe ; et chacun, conforté dans ses positions, a pu lui prêter une signification tout à fait personnelle. Car comme l’écrivait Proust : « Ce qui rapproche, ce n’est pas la communauté des opinions, c’est la consanguinité des esprits. »


L’étymologie pour arbitre

Des siècles et des siècles d’emprunts, de troc linguistique, d’influences et de modes ont façonné la langue française telle que nous la parlons aujourd’hui. Il est alors aisé de commettre des pléonasmes sans le vouloir, sans même que la forme des mots nous l’indique – car certains pléonasmes sont cachés sous l’étymologie ! Une fois que j’écrivais « un capitaine à la tête de », je me suis senti une démangeaison du dictionnaire ; j’ai vérifié, par acquit de conscience, et je me suis souvenu que « capitaine » venait effectivement de « caput »… qui veut déjà dire « la tête ». Et d’où vient « tête » ? C’est un cousin, « testa », qui signifie « le crâne ».


Certains comptent les chiffres, nous comptons les syllabes

On me l’aurait soufflé, je ne l’aurais pas cru

Qu’un jour, dans mon quotidien, je sois convié

À compter les syllabes, niveler le surplus

De la cadence de mes pieds.


Un mot comme de la glaise

Comment un Portraitiste Trafalgar manipule-t-il les mots ? Faisons un exercice avec « président ». Commençons par raboter la fonction de sa première lettre : le « président » français n’est-il pas le « résident » de l’Élysée ? Voyons ce qu’il advient quand on le débite en petits bouts : un pré si dent ? L’on se demande alors si le berger d’un cheptel trop nombreux ne serait pas le président d’un pré si dense. Changeons d’approche, inversons deux lettres ; nous obtenons « prséident ». Coupons encore : « séide ». Ma question pour vous, alors : qui préside aux séides ?


Rabe de fromage

Rabe de fromage

« En tant qu’amateur de fromages, je ne pouvais être plus ravi que d’écrire des Portraits pour des Meilleurs Ouvriers de France Fromagers. L’un d’entre eux, épicurien devant l’éternel, tenait à m’offrir quelques gourmandises lors de mon prochain déplacement à Paris. Comme notre client était souvent sur les routes et difficile à voir, il m’avait proposé un stratagème pour honorer sa promesse : « Je pars demain de gare de Lyon, si tu veux, je peux mettre le fromage dans une consigne et te transmettre le code. Si tu arrives quelques heures plus tard, cela devrait le faire, OK ? » OK ! »


Ne pas louper le coche avec Henri Cochet

Ne pas louper le coche avec Henri Cochet.

Certains noms obligent au trait d’esprit ; le fameux tennisman Henri Cochet en fait partie. Alors que je travaillais un Portrait de marque, j’ai été « confronté » à ceux que l’on appelait « les Mousquetaires » de la grande époque – René Lacoste, Jean Borotra, Jacques Brugnon, et, donc, Henri Cochet. Comment ne pas louper le coche avec le dernier ? On aurait pu faire d’une pierre deux coups, on aurait pu, peut-être, imaginer que quelque chose clochait avec Henri Cochet, ou même qu’il avait fait office de cocher pour l’équipe française. Mais c’eût été trop « sur le nez », comme disent nos amis d’outre-Manche, alors j’ai opté pour un talent qui faisait des éclaboussures !


Abécédaire : Durable versus éphémère

Il y a ce mot délicat qui s’enfile comme un gant, celui dans lequel on se sent à l’étroit, plus distant. Il y a ce mot-valise, ce mot sur le départ qui ne nous dit trop rien, puis celui qui nous parle, à peine l’a-t-on croisé, et dont la nuance infime ne se laisse remplacer par aucun synonyme.

Durable versus immédiat : le « D » est à l’honneur dans notre Abécédaire !


Abécédaire : Visionnaire versus immédiat

Il y a ce mot délicat qui s’enfile comme un gant, celui dans lequel on se sent à l’étroit, plus distant. Il y a ce mot-valise, ce mot sur le départ qui ne nous dit trop rien, puis celui qui nous parle, à peine l’a-t-on croisé, et dont la nuance infime ne se laisse remplacer par aucun synonyme.

Visionnaire versus immédiat : le « V » est à l’honneur dans notre Abécédaire !


Abécédaire : Immersif versus superficiel

Il y a ce mot délicat qui s’enfile comme un gant, celui dans lequel on se sent à l’étroit, plus distant. Il y a ce mot-valise, ce mot sur le départ qui ne nous dit trop rien, puis celui qui nous parle, à peine l’a-t-on croisé, et dont la nuance infime ne se laisse remplacer par aucun synonyme.
𝑰𝒎𝒎𝒆𝒓𝒔𝒊𝒇 versus 𝒔𝒖𝒑𝒆𝒓𝒇𝒊𝒄𝒊𝒆𝒍 : le « I » est à l’honneur dans notre Abécédaire !