Extraits : MAPED

Écrits coutures

La souplesse d’une règle
Il paraît que c’est l’exception qui confirme la règle. Face à une Twist’n Flex, tout Mapédien pourrait s’interroger : une règle doit-elle être droite ou tendre vers la flexibilité ? Est-elle pensée pour être rigide ou se contorsionner, pour instaurer l’obéissance ou faire preuve de souplesse en questionnant les limites et le sens ? Sa transparence autorise-t-elle à jouer avec, à détendre les positions, à faire que chacun adapte ses règles de conduite à sa façon ? Tour à tour antisèche ou catapulte, la règle rappelle ce penchant cher à l’enfance, à vouloir faire comme les grands mais pas comme les adultes. Force est d’admettre que les règles dépendent de l’enjeu : dans une moindre mesure, il s’agit de trouver le juste milieu. L’on peut être obligeant sans se sentir obligé, l’on peut être exigeant en étant affable et bienveillant. Qui a encore envie de se faire taper sur les doigts, juste pour que cela file droit ? Une fable contait déjà les vertus de la plasticité : ce qui plie ne rompt pas.

Les vertus d’une gomme
Ronde, blanche ou colorée, en forme de parallélépipède ou d’animal à pieds palmés, si la gomme ne se tient jamais loin du crayon, c’est bien que recommencer est le propre de l’innovation. Plutôt que de l’utiliser, l’on pourrait se contenter de rayer à l’infini, mais puisqu’une gomme s’érode dès qu’elle se frotte au papier, c’est comme si elle refusait que l’on puisse faire fausse route indéfiniment. Il est humain de se tromper, d’avoir conscience de ses limites, le tout est de s’assurer que la gomme ne s’use pas plus vite que le crayon. Car à chaque fois que la paume donne un coup sec et mesuré, à chaque fois que le souffle repousse les pelures sur le côté, un enseignement indélébile imprègne le brouillon : l’on ne repart pas de zéro, les yeux fermés, mais bien sur un socle de réflexions chaque fois alimenté.

L’adaptabilité du compas
Compagnon de la première heure des astronomes, des cartographes et des explorateurs, il est des symboles que peut revêtir le compas, dont les premiers exemplaires en laiton remontent jusqu’aux origines de Maped. Il s’inscrit dans nos valeurs comme dans notre histoire, et s’il accepte de ne pas tout savoir, il est cette boussole qui montre la voie, toujours à la pointe lorsqu’il s’agit de concevoir. Dans une ère où le management est une question centrale, quand le compas délimite des cercles vertueux autour de son axe, il prouve que l’équité préside à tout. Si l’on ne peut incliner l’une de ses jambes sans que l’autre ne se déplace selon le même degré, c’est bien que l’autonomie dépend de l’adaptabilité. Il faudra toujours que la première branche pique un point précis pour que la seconde brosse des ronds à l’envi. Et à trop les éloigner, l’instrument se met à plat, incapable de tracer quoi que ce soit !

De la mission d’entreprise à la vision du management
Que vous soyez technicien, as de la conception, prem’s au support ou sur la ligne de production ; que vous soyez la turbulente, le résistant, le petit malin aux récits truculents, la timide du fond, l’éternel retardataire, l’attentif toujours partant pour aider, que vous soyez manager ou managé, adepte des initiatives verticales, transversales ou horizontales ; celui qui trouve tout génial ou qui doute de l’intérêt d’une telle évolution managériale, celle qui prône l’exemplarité, la méritocratie, l’autorité ou même l’entreprise libérée, celui qui se projette – persuadé que le changement se concrétisera –, ou celle qui ne croit que ce qu’elle voit : chacun chez Maped peut contribuer à l’avancée Technique, Humaine, Entrepreneuriale ou Organisationnelle, au renouvellement du management qu’il soit hiérarchique ou fonctionnel. Qu’importent le caractère, la couleur du col, le diplôme ou l’école, qu’importent les facultés, le métier, le niveau d’ancienneté, dès aujourd’hui et pour demain, la transformation managériale est entre vos mains.

Ode à la créativité
Pour redessiner le monde, établissez un cahier des charges, mais avant d’en remplir les pages, autorisez-vous à griffonner dans les marges. Notez tout ce qu’il vous passe par la tête : des mots à la queue leu leu, des remarques que vous pensiez bêtes, des adages, des idées qui ne sont pas à l’abri de compter dans le prochain virage. On se fiche du prétexte ou du motif, ce n’est pas en restant sage que l’on devient audacieux et créatif ! Créatif, comme à l’âge où il était valorisé de lever la main pour participer, à l’âge des cartables et des craies ; audacieux, quand de la pointe d’un crayon indomptable, vous barbouilliez déjà au-delà des traits pour réinventer votre rapport à autrui. Vous vous plaisez aujourd’hui à transformer, crobarder, raturer, effacer, puis à refaire, loin des courants et au plus près des rêves d’enfant. Pour en remonter le flot : foncez tout droit, en pas chassés, en pas de travers, puis recommencez encore une fois, mais à l’envers.


Extraits : VIVLIO

Portrait de collaborateur, Johan 

Le jeune garçon qui rédigeait ses premières instructions en langage BASIC sur l’antique Thomson MO5 parental, le collégien qui reproduisait des briques de Lego en trois dimensions, et bidouillait sa calculatrice pour en faire une console de fortune, ont sans surprise laissé place à l’étudiant studieux de l’INSA. Johan alimenta très tôt son imagination, par les robots d’Asimov et autres Honor Harrington, par les vaisseaux spatiaux et les paradigmes spéciaux. Mais à son firmament littéraire se déversent les épices de Dune, cet univers tentaculaire dont il arpenta les sables à en perdre pied, des livres papier aux jeux de stratégie épiques, en passant par le premier titre, une aventure en point and click.

Portrait de collaboratrice, Lucile

Fervente littéraire passée par les classes préparatoires hypokhâgne, autrefois membre du jury du prix d’un magazine féminin, Lucile cultive des goûts éclectiques ; s’ils ne s’amoncellent pas dans quelques recoins, c’est dans son imposante bibliothèque que les albums jeunesse côtoient les grands classiques, les ouvrages de fantasy, les romans graphiques, les guides touristiques, sans oublier les BD féministes. Lucile a beau être enivrée par l’odeur de l’imprimé, elle a pu trouver dans la liseuse Vivlio un support privilégié pour sa passion et s’en fait volontiers l’ambassadrice. Si par moments, entre les embruns du papier et le confort du numérique, son cœur balance comme un pendule, Lucile a tout d’une funambule, ou presque – qu’importe le flacon, pourvu qu’il soit livresque !

Portrait de collaborateur, Damien 

Titulaire, à l’origine, d’un Master Ingénieur spécialité Traitement du signal, c’est dans la sphère musicale, en tant que guitariste, que Damien tenta de distiller ses arpèges. Il avait beau arpenter les estrades avec son groupe semi-pro, malgré la puissance de ses riffs et la stridence de ses larsens, l’ancien élève de l’École Centrale de Nantes opta finalement pour d’autres scènes. Chemin faisant, il s’arrima quelques années à son poste de chef de projet dans une plateforme multimédia, avant que ses responsabilités n’évoluent, « basculent » à celles de Product owner. Découvrant peu à peu le véritable potentiel de ce métier pour le moins inhabituel, et puisqu’il est de ceux pour qui l’imprévu fait le sel de l’existence, c’était précisément pour en retrouver la saveur que Damien tenta sa chance ailleurs. À peine eut-il démissionné de son ancien travail dans la capitale, à peine fut-il en disponibilité sur le marché de l’emploi, qu’un chasseur de têtes au nez creux saisit combien son profil conviendrait à Vivlio. Ses comptes à sec, un sac et son chat comme compagnons de voyage, Damien brûla ses derniers vaisseaux, et débarqua « un peu à l’arrache » sur les quais de Perrache.

Portrait de collaborateur, Jérôme 

Cet Auvergnat, qui sans façon, puise dans l’effort sportif une partie de cet entrain, des terrains de rugby, où il se défoulait naguère, aux eaux lacustres qu’il transperce de son wakeboard, maintient en ligne de mire l’ivresse des podiums. S’il ne se revendique pas forcément grand lecteur devant l’éternel, bien qu’épris d’histoire française ou de civilisations gréco-romaines, ce sont surtout les contours de la saga Star Wars que Jérôme se plaît à éplucher sous toutes les coutures, les films, bien sûr, sans omettre la littérature. Ainsi, quand il ne vagabonde pas dans les environs de Tatooine en compagnie d’Obi-Wan et de Han Solo, c’est en mode hyperespace que Jérôme turbine au sein de la galaxie Vivlio. Conscient de la force qui est en lui, au credo de maître Yoda, l’intrépide padawan transiger ne saurait – fais-le ou ne le fais pas, mais il n’y a pas d’essai.

Portrait de collaborateur, Rémi

Quand il ne se lance pas à l’assaut des GAFA avec un entrain digne d’un Don Quichotte, ce Gone pur et dur se glisse volontiers dans ce rôle de trouble-fête venant chambouler le marché livresque, balançant le pied dans une fourmilière pétrie depuis belle lurette de manières et de ronds de serviette. Ni poète ni rat de bibliothèque, Rémi confesse d’ailleurs une appétence perfectible pour les belles lettres. Tout « nano lecteur » qu’il s’estime, versant davantage dans les aspérités du codage que dans le tourbillon des rimes, Rémi s’amuse à colorer les conversations de l’un de ses adages, d’un bon mot baroque perdu dans les âges.


Extraits : Atelier Martin Berger

Portrait iconique de l’Atelier Martin Berger

Combiner des matériaux souples ou rigides pour obtenir la densité voulue, insérer des minéraux, facetter l’éclat des cristaux ; perfectionner la rugosité, la granularité ; rechercher un premier rendu mat, un second diapré – au sein de l’Atelier Martin Berger, la table des matières accueille un banquet d’approches nacrées, sombres, de jeux de lumières ou encore d’ombres. C’est ici que les terres, les sables, la chaux et les autres agrégats donnent de savants mélanges. Ici que les enlevés de textiles et les papiers plus lisses se superposent, que les pigments et les nuances se dosent.

Lui, directeur artistique, aiguise son expression, cette façon de positionner le geste dans l’espace afin qu’il se distingue en véritable signature ; elle, directrice générale, planifiait déjà, structurait, actionnait tous les rouages pour que l’entreprise se développe. Elle a une force de propulsion, conjugue le flair au culot, s’imprègne des tendances et voit haut ; il a un temps de filtration, solidifie son esprit d’exploration en un laboratoire, exprime une nouvelle conviction quant au décor contemporain de très haute facture.

En pénétrant dans l’Atelier Martin Berger, dans ces lieux d’énergie et de maîtrise, vous verrez les pièces d’exception en cours, ainsi que le visage concentré des expérimentateurs qui prennent le temps de s’essayer à un ajout d’iridescence dans les composés, de pousser un peu plus loin les équilibres de texture. Vous remarquerez ces ustensiles un tantinet incongrus pour le profane : des brosses dont certaines rivalisent avec les perches olympiques, des creusets, des fouets de cuisine et d’autres instruments qu’il serait impossible de nommer, puisque c’est ici qu’ils sont nés.

Approchez-vous des réalisations, et vous comprendrez qu’à l’Atelier Martin Berger, en sus des processus, ce qui se transmet sans conteste, c’est avant tout le geste. Rationnalisé, chorégraphié et orienté par Ariane, qui capte l’intention du client et la change en histoire ; transformé par l’équipe, ce geste circule entre Martin, les chefs de projet, les chefs d’atelier, et tous les talents qui vont l’inscrire à leur tour. Ce geste est répété, débattu, modulé, révisé ; il se passe de main en main, trace une œuvre collective sur la marqueterie géante et mobile. Ce geste n’a qu’une demi-heure pour s’imprimer dans la matière, avant qu’elle ne se fige, qu’il soit à refaire. Ici, l’ensemble des équipes s’engage dans une cohésion au-delà de la technique, s’approprie, interprète cette écriture pour la rendre palpable. Une performance d’endurance artistique, un supplément qui explique pourquoi les décors de l’Atelier Martin Berger sont tous uniques ; s’ils savent prendre vie, c’est que chacun y a déposé un fragment de la sienne.

Portrait de l’artiste Martin Berger 

Celui qui chinait des week-ends entiers avec sa mère devint ensuite cet étudiant de l’École du Louvre ; l’un des plus grands musées du monde offrit un cadre où se passionner pour l’histoire de l’art, cultiver ses références. Rothko, Paik et Chagall bien sûr, mais aussi les affichistes des années vingt, Bosch le surréaliste avant l’heure, Munch et son cri suscitant la stupeur. Une première carrière en tant qu’antiquaire paracheva cet « œil qui se balade partout pour dénicher », mais une rencontre opportune amène Martin à « passer de la poussière à la lumière », de l’observation à ses propres façons. Face au mur, il ne savait pas encore qu’il avait son futur en ligne de mire, et sa science du mouvement devait surgir.

Quel que soit le sujet, il se plongera avec la même assiduité tout au fond de cette préparation minutieuse qui lui fait réorganiser son espace, répéter, ordonnancer en amont chaque élément avec un souci effleurant l’obsession. Et tout recommencera entre les carnets, les ébauches, le fil des idées sur lequel l’artiste court sans le rompre, dans « le temps de la rêverie », le silence qui précède la fulgurance.


Extraits : Domaine Schoepfer

Écrits coutures 

Dans le sillage de ses parents Michel et Marguerite – la belle fleur des champs –, c’est à Vincent, le représentant de la quinzième génération Schoepfer, qu’échoit à présent la perpétuation de l’excellence de ce savoir-faire. Et c’est peu dire qu’une enfance buissonnière passée avec eux, au milieu des treilles, surclasse toutes les grandes écoles en termes de bons conseils. C’est là que son grand-père Alphonse lui enseigna aussi cette philosophie viticole et les subtilités d’un geste auguste, sculptant la vigne au plus juste.

Baignant au milieu des effluves d’acacias, de châtaigniers, de mousse et de sous-bois, se déploie notre vignoble sur une douzaine d’hectares. Véritable mosaïque d’une quarantaine de lots épars, exposés au sud-est pour la plupart, certaines parcelles demeurent peu domptées par la main de l’Homme : chez nous, c’est souvent la nature qui dicte ses dogmes. Dans cette riche variété géologique, sous l’égide d’un microclimat qui motiva la culture de la vigne depuis la Rome antique, s’épanouissent nos sept cépages sur nos deux grands crus : le pfersigberg « la colline aux pêchers », et le eichberg, « la colline aux chênes ».

Quand sonne l’heure des vendanges, c’est à la manière des anciens, avec nos bras pour seules mécaniques, que nous récoltons le raisin, concentré et unique. S’ensuit dès lors notre travail au chai pour une composition délicate et méticuleuse ; c’est au sein d’une cave séculaire, aux conditions idéales, que le jus des grappes s’agrippe au prochain sarment de son histoire vineuse. Maturant en cuve ou dans des fûts en bois de chêne, il s’enrobe peu à peu de cette structure tannique, forge sa substance tout en équilibre et en harmonie. Entre la passion que l’on embrasse et le temps qui passe sans hâte, se révèlent des nectars qui nous ressemblent, et pour peu que l’on contemple la grâce de leur robe, c’est toute l’Alsace qui s’y miroite.


Extraits : Lafuma Mobilier

Portrait iconique de marque 

Dans les années trente, trois frères conjuguèrent leur ingéniosité et commencèrent leur affaire avec le sac tyrolien. L’intégration des armatures a permis de suivre l’arrivée des congés payés et l’expansion du tourisme pédestre. Puis ce fut l’avènement du « septième jour », qui amena tant de campeurs et de flâneurs endimanchés sur les routes. Les partenaires de la marque appréciant l’excellence des matières et ses manières de faire, ils lui posèrent le défi de répondre à une habitude qui se dessine : élaborer du mobilier tenant dans le coffre d’une Renault Dauphine. Si cet esprit d’aventure et d’audace a d’abord fait loi, en 1954, voilà que Lafuma Mobilier est créée pour répondre aux attentes de consommateurs en quête de praticité et de fiabilité. Cette idée d’avant-garde devint synonyme d’une marque de liberté, qui a saisi l’essor des loisirs. D’innombrables familles purent alors baguenauder à Deauville, ou tirer l’escapade jusqu’à Saint-Tropez par la mythique Nationale 7, et profiter des réjouissances des années soixante. C’était l’époque où Belmondo trônait de tout son flegme sur l’un de nos fauteuils Dagobert, où la couleur « bronze or » distinguait Lafuma Mobilier des concurrents dans la mise au vert ; c’était l’époque de toutes les conquêtes, jusque sur la Lune, l’époque où Miss France était l’égérie d’une marque tricolore qui s’affirmait déjà dans l’imaginaire populaire.

Derrière le mobilier que vous voyez, et le Label Origine France Garantie, l’on ne saurait manquer de sentir l’implication émotionnelle présente partout, dans les deux sites de production et de conception, dans les six ateliers constituant une fresque complète de métiers. Après y avoir pénétré, quelques pas suffisent pour découvrir ces couturières appliquées à leur ouvrage de haute précision et à la finition des ourlets, ces soudeurs concentrés sur leurs opérations de suture, ces collaborateurs qui millimètrent le fixage des balancelles deux par deux, et ceux qui équilibrent la ouate, la mousse, convaincus qu’on ne fait pas meilleur instrument que les comparses du pouce. Ceux-là qui nous rappellent que les capteurs de sécurité et le digital ne remplacent ni la vigilance, ni la main, ni le cœur. Chez Lafuma Mobilier vous pouvez aussi rencontrer ceux qui découpent l’acier et l’aluminium, les écrasent, les cambrent, les poinçonnent ; ceux qui les nettoient, les poudrent, les passent au four ; ceux qui les emboutissent pour que chaque pièce aboutisse.


Extraits : Massillan

Portrait iconique 

Dans le parc du Château, où les effusions de couleurs et le bruissement des fontaines réconfortent, les frênes, les platanes séculaires et les tilleuls abondent sur plus de dix hectares, et laissent filer leurs senteurs apaisantes. La tableau bucolique de ce cadre unique se complète en compagnie des grenouilles et des libellules, sous les saules pleureurs qui façonnent un coin d’ombre, et effleurent la surface de l’étang. La végétation, elle, est confiée aux aléas du climat et du temps, afin que la nature puisse continuer de s’exprimer librement – pelouse clairsemée de hautes tiges et arbres ébouriffés par le vent. Une spontanéité qui fait écho à celle dont se pare l’hôtel quatre étoiles, à ce bel accueil et cette simplicité qui se passent volontiers des protocoles sophistiqués.

 

Avant que le premier coup de fourchette n’illumine les papilles, l’expérience culinaire commence dans le potager. Sur quatre-mille mètres carrés, les aromatiques, les légumes et les fleurs poussent de concert, tandis que la biodiversité se joint à la main de l’homme pour faire respecter un dogme : ni pesticide ni produit de synthèse. L’attention et le savoir-faire, les coccinelles, les chrysopes et les abeilles solitaires se chargent d’assainir des sols dont l’alchimie se passe allégrement d’engrais chimiques. Et quand ils ne savourent pas notre miel ou notre huile d’olive, les palais redécouvrent ici le goût de la carotte, de l’asperge ou de la tomate, les graines germent là en des flaveurs plus rares encore, renouvelant à l’infini le potentiel de chaque parcelle – shizo, menthe chocolat et céleri perpétuel.


Extraits : Ozone

Écrit couture

Il est une élégance à montrer sans se montrer, car les silhouettes épurées des luminaires Ozone sont d’une géométrie affirmée. Lignes sobres, droites, volumes simples, boîtes. Tous leurs éléments sont examinés, auscultés, calculés jusqu’à faire entrer l’objet manufacturé dans la virtualité, tous sont lissés jusqu’à effacer la plus infime trace d’un quelconque passage – comme si la main chevronnée des équipes Ozone n’avait été qu’un mirage.

 

Parce qu’Ozone choisit ses collaborations à l’émotion des rencontres et à l’enchantement procuré, Joseph Dirand a aussi apporté sa magie à la formule, comme en témoigne la fameuse lampe Gélule. Bien que ce dernier ait signé la Phénix, héritière de l’art déco et ravivant le souvenir de heaumes médiévaux, d’autres références ont vécu leurs renaissances au sein de nos rééditions. Les modèles revisités de Michel Boyer, ou encore Pierre Paulin, semblent avoir fugué hors des antiquaires et des musées ; ils reviennent après avoir respiré l’air du temps, pareils à eux-mêmes, un peu différents.

 

À ce socle forgé dans les tentatives, s’ajoute un héritage que la France préserve comme une mémoire vive : plus d’une vingtaine de métiers d’art partagent notre amour du beau, et ils nous suivent pour métisser les univers créatifs, abreuver les imaginaires, et dupliquer les énergies. Grâce aux usineurs, aux polisseurs, aux bronziers, aux souffleurs de verre, aux tailleurs de pierre, chaque design navigue ainsi vers ses intentions, des courants abyssaux aux ridules, du colossal au minuscule. Ozone s’est toujours plu à réaffirmer avec aplomb sa raison d’être liminaire : servir, en amoureux de la lumière.


Extraits : ARCHE

Portrait iconique de marque

D’évolutions en révolutions, j’ai été primé, opprimé, obligé, négligé, classé après avoir été cassé par les grandes pages de l’Histoire. Mais la renaissance est le propre des vins, et les passionnés se sont retroussé les manches pour le Sauternes. L’on raconte même que leurs efforts ont présidé au choix de nos élus, et que mon arche a connu son triomphe à l’Élysée, auprès de Jacques Chirac et de René Coty. On se rappelle ainsi mes fameuses « crèmes de tête » qui en ont fait tourner plus d’une ; chacun ressort en tout cas de la dégustation avec la mangue qui surprend au bout de la langue. 

 

Quitte à entrer dans les subtilités, évoquons le potentiel de garde de mes liquoreux – quand je les observe, je remarque qu’ils développent bien davantage qu’ils ne retiennent ! Ils commencent par une jeunesse mentholée et citronnée, avant que pêches, poires, oranges et abricots n’apparaissent, que leur maturité ne s’installe par ces touches qui font penser aux fruits laissés à confire. À mesure qu’ils avancent en âge, chacun comprend pourquoi les méticuleux introduisent des navires miniatures par le goulot : je vous invite à un voyage digne des caravelles ; poivre noir, gingembre et safran y répondent à la pelle. 

 

Écrits couture

La famille d’Arche a fourni son content de comtes et d’histoires. Si le souvenir de Napoléon réveille des images de glorieuses conquêtes, si son classement de 1855 inscrit le grand cru du château dans le cœur des esthètes, notre épopée puise son origine dans une volonté plus discrète. En marge des crises qui s’entrechoquent et fissurent les époques, le chevalier itinérant a sans doute posé ses bagages dans la région bordelaise pour se couper des citadelles – une envie d’autant plus irrésistible que la nature y est belle.

 

Cet éternel personnage fait réfléchir les adultes et sourire les enfants : rêveur ému par tout ce qui le traverse, il s’égare parfois dans son panache, s’emmêle entre l’audacieux et le bravache. Son maître de chai haussera des épaules amusées, en repensant à toutes les fois où il lui a demandé le soleil ; son chef de culture sait pertinemment qu’il est trop facilement distrait dans les vignes pour ne pas en oublier un rang. Mais ne le réduisez pas à un illuminé, à un mystique qui se contenterait d’énumérer des théories depuis son fauteuil. À l’aise dans son temps, le chevalier d’Arche se lève aux aurores pour s’actionner, et entraîner à sa suite tous ceux qui partagent la même vision d’un royaume. 


Extraits : LDLC

Portrait croisé d’associés, Laurent et Olivier

Érigée en success story au risque de commettre de regrettables raccourcis, la trajectoire de Laurent et Olivier de la Clergerie ne saurait être comprimée dans le cliché des étoiles contraires, ou tout autre monochrome trop net : au-delà des chiffres et des poncifs préconçus, il est des petites histoires qui gagnent à être connues. Outre une répartition des missions qui fait de Laurent l’architecte au trait franc et entier, d’Olivier le méticuleux maître de chantier, les deux frangins se rejoignent dans une cadence de l’entrepreneuriat où rien n’est éternel, sinon le pilier de la synchronicité fraternelle.

 

Si la fratrie de la Clergerie s’orienta effectivement vers l’ingénierie, ils n’eurent pas exactement la même approche de la discipline. À Laurent, déjà un rien provoc devant tout ce qui le choque, d’être l’angoisse des parents, toujours « ric-rac » de la moyenne, à préférer les tables de poker virtuelles à celles où les examens le rappellent. Sa ruse peu orthodoxe l’ayant adoubé The Fox sur Internet, le jeune hacker développa sa propension à casser les codes, à commencer par ceux du réseau étudiant – impliquant la complicité de celui que personne n’a jamais soupçonné.

 

Tel un bernard-l’ermite incessamment à l’étroit, LDLC connaît une croissance trop rapide pour demeurer longtemps au même endroit. Le groupe bondit à Dardilly, à Saint-Quentin, à Écully, ouvre des boutiques aux quatre coins de la France et déclenche des tics nerveux chez ceux qui prédisent un résultat désastreux. Mais au bout de la course, voilà qu’il arrive en bourse ; voilà qu’il emmène Olivier et sa carrure décisionnaire dans une seconde partie de carrière. Les initiales LDLC, réputées comme un incontournable du e-commerce informatique et high-tech, sont passées de la capitale des gones à celle de l’Hexagone, avant de traverser la France, la Suisse, la Belgique et le Luxembourg. Les deux frères, entourés par plus de mille collaborateurs ayant comme eux l’innovation dans le collimateur, ont ajusté leur mire bien au-delà de l’assemblage des ordinateurs afin d’essaimer dans d’autres secteurs, et de confirmer que des filiales pouvaient aller de pair avec les cartes mères.

 

Tous les geeks le savent depuis les avancées des processeurs : l’heure est aux structures qui hébergent plusieurs cœurs. Bien entendu, ceux de Laurent et Olivier seront toujours envoûtés par les nouveautés qui percent dans la Silicon Valley et ailleurs, mais la question se pose de regarder au-delà de graphismes plus fins, d’une escalade à la puissance sans fin. Laurent a donc pressé le bouton « reboot » sur ce projet de restaurant resté à l’échec, lui qui mangeait les pages de magazines culinaires à l’âge où les enfants se mettent n’importe quoi dans le bec. Et fidèle à ses fourneaux autant qu’il l’est à ses manières, l’agitateur continue d’interroger et de déroger à ce qui serait attendu, au risque de s’exposer au bâton qu’il aura lui-même tendu.

 

Portrait de collaboratrice, Christine

C’est en augmentant le pas de son ambition et en quittant son pays natal que Christine prit la décision d’un changement de vie radical. Et la France romanesque et romantique imprimée en image d’Épinal percuta une réalité plus épineuse ; très vite, l’originaire de Tsin Tao dut troquer sa routine pour le chaos. Entre la gestion logistique de premier ordre et la conduite de tractations serrées, Christine rend aujourd’hui un peu de cette fierté à son père entrepreneur qui lui inculqua la puissance de la valeur travail, rassure aussi une mère qui inventa tous les baratins possibles pour empêcher que sa petite Xin ne s’en aille. Les embarquant régulièrement en voyage à travers les continents « histoire d’apporter un peu de douceur dans leur quotidien », Christine se replace toujours sur la ligne de départ, parée à rassembler ce que le monde a d’épars.

 

Portrait de collaborateur, Yann 

Depuis, le haut débit a peut-être chassé les pelotes de câbles pour connecter les unités centrales, il résonne encore l’écho des parties de Quake qui se disputaient rue de Marseille, les frags et les deathmatches poursuivis jusqu’aux aurores pour laver son honneur, avant de réceptionner le matériel dans la bonne humeur. Moins l’élu d’une prophétie pour sauver le royaume que celui d’un système fondé sur d’aventureux axiomes, Yann se fait aujourd’hui le garant d’une intégrité que la croissance du groupe ou les effets de mode ne sauraient ébrécher.

 

Portrait de collaborateur, David

Le goût du labeur glané en terres finistériennes, David fila ses désirs d’imaginatif dès son retour à la vie civile, où un BTS en informatique et quelques CV peu denses, mais très graphiques, lui assurèrent une entrée active sur le marché. À la veille de la trentaine, il s’inscrit parmi les pionniers du e-commerce au sein d’agences parisiennes à la pointe. Il se souvient des prémisses du secteur que seuls les plus impliqués comprenaient ; des journées passées à plancher, des nuits en lits de camp installés sur place, des soirées enfumées, des idées fumantes et des budgets alloués sans latence.

 

Portrait de collaboratrice, Dominique

Le point d’orgue d’une carrière durant laquelle Dominique ne fit jamais preuve d’orgueil, quand bien même son humeur constante et sa gouaille légendaire, remarquées partout, lui ont érigé une réputation d’affable à l’écoute. Il faut dire que la Technicienne de surface ne s’est jamais contentée d’y rester lorsqu’elle tissait quelques affinités à l’occasion d’une pause ou d’une discussion à la volée. De son quart d’heure rituel en compagnie d’Olga, directrice de la compta, à ses déjeuners partagés à l’accueil, aux côtés de Catherine, c’est à force de conversations en pagaille qu’elle s’est hissée à un niveau de savoir que pourrait envier n’importe quel RH ; Dominique connaît les manies de Marie, les habitudes de Harry, les anecdotes glanées à l’informatique jusqu’aux emplois du temps de la logistique.

 

Portrait de collaborateur, Basil

Amenez un Livreur à se livrer, il se produira des effets à réception. Si son métier pris à cœur lui a conféré une renommée d’ambassadeur, Basil soigne une discrétion de fond, lui qui pourrait d’ailleurs en être le convoyeur. Diplômes en logistique classique et sa variante humanitaire, licence en géographie et qualité d’agent de maîtrise en commerce – toutes ces qualifications étagées pourraient en encombrer d’autres, ce sont surtout les qualificatifs élogieux de ses clients dont il souhaite être l’apôtre.


Extraits : LE COMPTOIR DE MATHILDE

Portrait de dirigeant, Richard

Le verbe franc en vigueur et le tutoiement de rigueur, Richard est de ceux qui ne sauraient camoufler leurs affects, pas même dans les affaires. Et parce que sa loyauté tient plus de la bonhommie que des discours de bonimenteur, c’est avec un seul BEP compta que Richard est devenu quelqu’un sur qui l’on peut compter. Fidèle à ses premiers fournisseurs, il les sollicite et les garde dans son cœur, quand bien même il pourrait trouver moins cher ailleurs. Un homme qui fédère et qui a aussitôt permis à chacun de trouver en son Comptoir une raison d’y croire.

 

Et si vingt-cinq années d’entrepreneuriat pavèrent la piste menant à l’épicerie fine, le fondateur du Comptoir de Mathilde a cheminé avec un bagage assez rempli pour satisfaire les appétits, et exercer cette science de faire bombance. À commencer par l’arrière-boutique du foyer familial, cette boulangerie où, à tout moment, s’éveillaient quelques fringales. Dès ses plus jeunes heures, fleurant bon la brioche au beurre, Richard calqua sur ses parents la hargne et le goût du labeur. Les effluves de cacao, que le paternel pâtissier laissait dans son sillage, étaient d’ailleurs autant de présages à la future activité d’un gourmand invétéré. Si la confection de joyeusetés chocolatées et de spécialités invitant à la convivialité tenait pour lui de l’évidence, Richard trouva moins son talent dans le travail de l’artisan que dans la gouaille du commerçant.

 

L’effet de la réussite entraîna Richard et « la poignée de fadas » dans des journées rythmées par des zestes de citrons de Menton épluchés par montagne, des déjeuners partagés arrosés d’un peu de vin, et des au revoirs de courtes durées. La signature gustative soigneusement emballée comme à l’ancienne attira d’emblée des petits commerçants prêts à rejoindre, en toute franchise, le modèle original. Richard doubla ses fonctions d’entrepreneur en y ajoutant celles de franchiseur. Les élans insouciants devinrent pragmatisme sourcilleux, et Le Comptoir de Mathilde essaima sa bonne humeur par-delà la Drôme, de sorte que ses devantures sont désormais autant de points cartographiant l’Hexagone.

 

Portrait iconique de marque 

Qu’elles s’étalent sur la clameur d’une rue passante ou se nichent dans le tumulte d’une avenue marchande, nos boutiques ont le don d’encapsuler tout un monde au point d’en faire oublier celui qui gronde. Le Comptoir de Mathilde compte assez de divines sucreries, et de mets d’épicerie fine, pour que le visiteur presque tenté devienne un habitué patenté. Passée l’entrée, il est catapulté dans une époque qui lui semble familière, comme monté à bord d’une machine à remonter ce temps qu’il aurait aimé connaître. Une atmosphère nostalgique enveloppante, habituellement réservée aux mamies gâteaux, aux commerçants qui empaquettent les francs en rouleau, aux musiques doucement désuètes, aux airs de polka, au charme des polas, aux bonbons, caramels et chocolats. Derrière la caisse de chacun de ces magasins, un trompe-l’œil différent saisit encore le nôtre. Habillés des menus détails de ces peintures à la main, les murs portent fièrement l’emblème de la ville, l’icône des environs ; à Lyon, l’atmosphère du quartier de Saint-Jean répond au somptueux passage Pommeraye de Nantes, et le téléphérique du Mont Faron se dessine à Toulon quand le pont se voit croqué à Avignon.

 

Il n’est peut-être pas ici question de succession traversant les siècles de génération en génération, mais ce respect des valeurs, et de la tradition, fut enseigné dès le biberon. Finalement, sans hériter d’une devanture, Richard Fournier s’est lancé dans cette aventure comme on chercherait un trésor ; prêt à bâtir un monde à part pour réunir des parcelles de réconfort. Un hommage à cette chocolatière de Montbrison qui s’est dédiée au travail – sa grand-mère, dont la présence rassurante suffisait à se faire sentir comme au bercail.

 

Du côté des boutiques du Comptoir de Mathilde, on ne vend que ce que l’on élabore ou fabrique. Les classiques régressifs ravivent même les goûters d’autrefois, et réunissent les enfants d’aujourd’hui autour d’un quatre heures d’euphorie. Les saveurs venues d’ailleurs, elles, parfument les paniers cadeaux, étoffent les retrouvailles improvisées autour d’un apéro, les repas où s’invitent les envies partagées et les moments de vie à graver. Quant aux épicuriens les plus curieux, sûr que leur audace trouvera satisfaction à l’ombre de quelques innovations maison, de ce vinaigre à la mangue à ce chocolat crépitant sous la langue. Dès lors, promesse est faite que d’une bouteille ou d’un pot vide, naisse le désir de pousser à nouveau la porte du Comptoir de Mathilde.