Extraits : Domaine Schoepfer

Écrits coutures 

Dans le sillage de ses parents Michel et Marguerite – la belle fleur des champs –, c’est à Vincent, le représentant de la quinzième génération Schoepfer, qu’échoit à présent la perpétuation de l’excellence de ce savoir-faire. Et c’est peu dire qu’une enfance buissonnière passée avec eux, au milieu des treilles, surclasse toutes les grandes écoles en termes de bons conseils. C’est là que son grand-père Alphonse lui enseigna aussi cette philosophie viticole et les subtilités d’un geste auguste, sculptant la vigne au plus juste.

Baignant au milieu des effluves d’acacias, de châtaigniers, de mousse et de sous-bois, se déploie notre vignoble sur une douzaine d’hectares. Véritable mosaïque d’une quarantaine de lots épars, exposés au sud-est pour la plupart, certaines parcelles demeurent peu domptées par la main de l’Homme : chez nous, c’est souvent la nature qui dicte ses dogmes. Dans cette riche variété géologique, sous l’égide d’un microclimat qui motiva la culture de la vigne depuis la Rome antique, s’épanouissent nos sept cépages sur nos deux grands crus : le pfersigberg « la colline aux pêchers », et le eichberg, « la colline aux chênes ».

Quand sonne l’heure des vendanges, c’est à la manière des anciens, avec nos bras pour seules mécaniques, que nous récoltons le raisin, concentré et unique. S’ensuit dès lors notre travail au chai pour une composition délicate et méticuleuse ; c’est au sein d’une cave séculaire, aux conditions idéales, que le jus des grappes s’agrippe au prochain sarment de son histoire vineuse. Maturant en cuve ou dans des fûts en bois de chêne, il s’enrobe peu à peu de cette structure tannique, forge sa substance tout en équilibre et en harmonie. Entre la passion que l’on embrasse et le temps qui passe sans hâte, se révèlent des nectars qui nous ressemblent, et pour peu que l’on contemple la grâce de leur robe, c’est toute l’Alsace qui s’y miroite.


Extraits : Lafuma Mobilier

Portrait iconique de marque 

Dans les années trente, trois frères conjuguèrent leur ingéniosité et commencèrent leur affaire avec le sac tyrolien. L’intégration des armatures a permis de suivre l’arrivée des congés payés et l’expansion du tourisme pédestre. Puis ce fut l’avènement du « septième jour », qui amena tant de campeurs et de flâneurs endimanchés sur les routes. Les partenaires de la marque appréciant l’excellence des matières et ses manières de faire, ils lui posèrent le défi de répondre à une habitude qui se dessine : élaborer du mobilier tenant dans le coffre d’une Renault Dauphine. Si cet esprit d’aventure et d’audace a d’abord fait loi, en 1954, voilà que Lafuma Mobilier est créée pour répondre aux attentes de consommateurs en quête de praticité et de fiabilité. Cette idée d’avant-garde devint synonyme d’une marque de liberté, qui a saisi l’essor des loisirs. D’innombrables familles purent alors baguenauder à Deauville, ou tirer l’escapade jusqu’à Saint-Tropez par la mythique Nationale 7, et profiter des réjouissances des années soixante. C’était l’époque où Belmondo trônait de tout son flegme sur l’un de nos fauteuils Dagobert, où la couleur « bronze or » distinguait Lafuma Mobilier des concurrents dans la mise au vert ; c’était l’époque de toutes les conquêtes, jusque sur la Lune, l’époque où Miss France était l’égérie d’une marque tricolore qui s’affirmait déjà dans l’imaginaire populaire.

Derrière le mobilier que vous voyez, et le Label Origine France Garantie, l’on ne saurait manquer de sentir l’implication émotionnelle présente partout, dans les deux sites de production et de conception, dans les six ateliers constituant une fresque complète de métiers. Après y avoir pénétré, quelques pas suffisent pour découvrir ces couturières appliquées à leur ouvrage de haute précision et à la finition des ourlets, ces soudeurs concentrés sur leurs opérations de suture, ces collaborateurs qui millimètrent le fixage des balancelles deux par deux, et ceux qui équilibrent la ouate, la mousse, convaincus qu’on ne fait pas meilleur instrument que les comparses du pouce. Ceux-là qui nous rappellent que les capteurs de sécurité et le digital ne remplacent ni la vigilance, ni la main, ni le cœur. Chez Lafuma Mobilier vous pouvez aussi rencontrer ceux qui découpent l’acier et l’aluminium, les écrasent, les cambrent, les poinçonnent ; ceux qui les nettoient, les poudrent, les passent au four ; ceux qui les emboutissent pour que chaque pièce aboutisse.


Extraits : Massillan

Portrait iconique 

Dans le parc du Château, où les effusions de couleurs et le bruissement des fontaines réconfortent, les frênes, les platanes séculaires et les tilleuls abondent sur plus de dix hectares, et laissent filer leurs senteurs apaisantes. La tableau bucolique de ce cadre unique se complète en compagnie des grenouilles et des libellules, sous les saules pleureurs qui façonnent un coin d’ombre, et effleurent la surface de l’étang. La végétation, elle, est confiée aux aléas du climat et du temps, afin que la nature puisse continuer de s’exprimer librement – pelouse clairsemée de hautes tiges et arbres ébouriffés par le vent. Une spontanéité qui fait écho à celle dont se pare l’hôtel quatre étoiles, à ce bel accueil et cette simplicité qui se passent volontiers des protocoles sophistiqués.

 

Avant que le premier coup de fourchette n’illumine les papilles, l’expérience culinaire commence dans le potager. Sur quatre-mille mètres carrés, les aromatiques, les légumes et les fleurs poussent de concert, tandis que la biodiversité se joint à la main de l’homme pour faire respecter un dogme : ni pesticide ni produit de synthèse. L’attention et le savoir-faire, les coccinelles, les chrysopes et les abeilles solitaires se chargent d’assainir des sols dont l’alchimie se passe allégrement d’engrais chimiques. Et quand ils ne savourent pas notre miel ou notre huile d’olive, les palais redécouvrent ici le goût de la carotte, de l’asperge ou de la tomate, les graines germent là en des flaveurs plus rares encore, renouvelant à l’infini le potentiel de chaque parcelle – shizo, menthe chocolat et céleri perpétuel.


Extraits : Ozone

Écrit couture

Il est une élégance à montrer sans se montrer, car les silhouettes épurées des luminaires Ozone sont d’une géométrie affirmée. Lignes sobres, droites, volumes simples, boîtes. Tous leurs éléments sont examinés, auscultés, calculés jusqu’à faire entrer l’objet manufacturé dans la virtualité, tous sont lissés jusqu’à effacer la plus infime trace d’un quelconque passage – comme si la main chevronnée des équipes Ozone n’avait été qu’un mirage.

 

Parce qu’Ozone choisit ses collaborations à l’émotion des rencontres et à l’enchantement procuré, Joseph Dirand a aussi apporté sa magie à la formule, comme en témoigne la fameuse lampe Gélule. Bien que ce dernier ait signé la Phénix, héritière de l’art déco et ravivant le souvenir de heaumes médiévaux, d’autres références ont vécu leurs renaissances au sein de nos rééditions. Les modèles revisités de Michel Boyer, ou encore Pierre Paulin, semblent avoir fugué hors des antiquaires et des musées ; ils reviennent après avoir respiré l’air du temps, pareils à eux-mêmes, un peu différents.

 

À ce socle forgé dans les tentatives, s’ajoute un héritage que la France préserve comme une mémoire vive : plus d’une vingtaine de métiers d’art partagent notre amour du beau, et ils nous suivent pour métisser les univers créatifs, abreuver les imaginaires, et dupliquer les énergies. Grâce aux usineurs, aux polisseurs, aux bronziers, aux souffleurs de verre, aux tailleurs de pierre, chaque design navigue ainsi vers ses intentions, des courants abyssaux aux ridules, du colossal au minuscule. Ozone s’est toujours plu à réaffirmer avec aplomb sa raison d’être liminaire : servir, en amoureux de la lumière.


Extraits : ARCHE

Portrait iconique de marque

D’évolutions en révolutions, j’ai été primé, opprimé, obligé, négligé, classé après avoir été cassé par les grandes pages de l’Histoire. Mais la renaissance est le propre des vins, et les passionnés se sont retroussé les manches pour le Sauternes. L’on raconte même que leurs efforts ont présidé au choix de nos élus, et que mon arche a connu son triomphe à l’Élysée, auprès de Jacques Chirac et de René Coty. On se rappelle ainsi mes fameuses « crèmes de tête » qui en ont fait tourner plus d’une ; chacun ressort en tout cas de la dégustation avec la mangue qui surprend au bout de la langue. 

 

Quitte à entrer dans les subtilités, évoquons le potentiel de garde de mes liquoreux – quand je les observe, je remarque qu’ils développent bien davantage qu’ils ne retiennent ! Ils commencent par une jeunesse mentholée et citronnée, avant que pêches, poires, oranges et abricots n’apparaissent, que leur maturité ne s’installe par ces touches qui font penser aux fruits laissés à confire. À mesure qu’ils avancent en âge, chacun comprend pourquoi les méticuleux introduisent des navires miniatures par le goulot : je vous invite à un voyage digne des caravelles ; poivre noir, gingembre et safran y répondent à la pelle. 

 

Écrits couture

La famille d’Arche a fourni son content de comtes et d’histoires. Si le souvenir de Napoléon réveille des images de glorieuses conquêtes, si son classement de 1855 inscrit le grand cru du château dans le cœur des esthètes, notre épopée puise son origine dans une volonté plus discrète. En marge des crises qui s’entrechoquent et fissurent les époques, le chevalier itinérant a sans doute posé ses bagages dans la région bordelaise pour se couper des citadelles – une envie d’autant plus irrésistible que la nature y est belle.

 

Cet éternel personnage fait réfléchir les adultes et sourire les enfants : rêveur ému par tout ce qui le traverse, il s’égare parfois dans son panache, s’emmêle entre l’audacieux et le bravache. Son maître de chai haussera des épaules amusées, en repensant à toutes les fois où il lui a demandé le soleil ; son chef de culture sait pertinemment qu’il est trop facilement distrait dans les vignes pour ne pas en oublier un rang. Mais ne le réduisez pas à un illuminé, à un mystique qui se contenterait d’énumérer des théories depuis son fauteuil. À l’aise dans son temps, le chevalier d’Arche se lève aux aurores pour s’actionner, et entraîner à sa suite tous ceux qui partagent la même vision d’un royaume. 


Extraits : LDLC

Portrait croisé d’associés, Laurent et Olivier

Érigée en success story au risque de commettre de regrettables raccourcis, la trajectoire de Laurent et Olivier de la Clergerie ne saurait être comprimée dans le cliché des étoiles contraires, ou tout autre monochrome trop net : au-delà des chiffres et des poncifs préconçus, il est des petites histoires qui gagnent à être connues. Outre une répartition des missions qui fait de Laurent l’architecte au trait franc et entier, d’Olivier le méticuleux maître de chantier, les deux frangins se rejoignent dans une cadence de l’entrepreneuriat où rien n’est éternel, sinon le pilier de la synchronicité fraternelle.

 

Si la fratrie de la Clergerie s’orienta effectivement vers l’ingénierie, ils n’eurent pas exactement la même approche de la discipline. À Laurent, déjà un rien provoc devant tout ce qui le choque, d’être l’angoisse des parents, toujours « ric-rac » de la moyenne, à préférer les tables de poker virtuelles à celles où les examens le rappellent. Sa ruse peu orthodoxe l’ayant adoubé The Fox sur Internet, le jeune hacker développa sa propension à casser les codes, à commencer par ceux du réseau étudiant – impliquant la complicité de celui que personne n’a jamais soupçonné.

 

Tel un bernard-l’ermite incessamment à l’étroit, LDLC connaît une croissance trop rapide pour demeurer longtemps au même endroit. Le groupe bondit à Dardilly, à Saint-Quentin, à Écully, ouvre des boutiques aux quatre coins de la France et déclenche des tics nerveux chez ceux qui prédisent un résultat désastreux. Mais au bout de la course, voilà qu’il arrive en bourse ; voilà qu’il emmène Olivier et sa carrure décisionnaire dans une seconde partie de carrière. Les initiales LDLC, réputées comme un incontournable du e-commerce informatique et high-tech, sont passées de la capitale des gones à celle de l’Hexagone, avant de traverser la France, la Suisse, la Belgique et le Luxembourg. Les deux frères, entourés par plus de mille collaborateurs ayant comme eux l’innovation dans le collimateur, ont ajusté leur mire bien au-delà de l’assemblage des ordinateurs afin d’essaimer dans d’autres secteurs, et de confirmer que des filiales pouvaient aller de pair avec les cartes mères.

 

Tous les geeks le savent depuis les avancées des processeurs : l’heure est aux structures qui hébergent plusieurs cœurs. Bien entendu, ceux de Laurent et Olivier seront toujours envoûtés par les nouveautés qui percent dans la Silicon Valley et ailleurs, mais la question se pose de regarder au-delà de graphismes plus fins, d’une escalade à la puissance sans fin. Laurent a donc pressé le bouton « reboot » sur ce projet de restaurant resté à l’échec, lui qui mangeait les pages de magazines culinaires à l’âge où les enfants se mettent n’importe quoi dans le bec. Et fidèle à ses fourneaux autant qu’il l’est à ses manières, l’agitateur continue d’interroger et de déroger à ce qui serait attendu, au risque de s’exposer au bâton qu’il aura lui-même tendu.

 

Portrait de collaboratrice, Christine

C’est en augmentant le pas de son ambition et en quittant son pays natal que Christine prit la décision d’un changement de vie radical. Et la France romanesque et romantique imprimée en image d’Épinal percuta une réalité plus épineuse ; très vite, l’originaire de Tsin Tao dut troquer sa routine pour le chaos. Entre la gestion logistique de premier ordre et la conduite de tractations serrées, Christine rend aujourd’hui un peu de cette fierté à son père entrepreneur qui lui inculqua la puissance de la valeur travail, rassure aussi une mère qui inventa tous les baratins possibles pour empêcher que sa petite Xin ne s’en aille. Les embarquant régulièrement en voyage à travers les continents « histoire d’apporter un peu de douceur dans leur quotidien », Christine se replace toujours sur la ligne de départ, parée à rassembler ce que le monde a d’épars.

 

Portrait de collaborateur, Yann 

Depuis, le haut débit a peut-être chassé les pelotes de câbles pour connecter les unités centrales, il résonne encore l’écho des parties de Quake qui se disputaient rue de Marseille, les frags et les deathmatches poursuivis jusqu’aux aurores pour laver son honneur, avant de réceptionner le matériel dans la bonne humeur. Moins l’élu d’une prophétie pour sauver le royaume que celui d’un système fondé sur d’aventureux axiomes, Yann se fait aujourd’hui le garant d’une intégrité que la croissance du groupe ou les effets de mode ne sauraient ébrécher.

 

Portrait de collaborateur, David

Le goût du labeur glané en terres finistériennes, David fila ses désirs d’imaginatif dès son retour à la vie civile, où un BTS en informatique et quelques CV peu denses, mais très graphiques, lui assurèrent une entrée active sur le marché. À la veille de la trentaine, il s’inscrit parmi les pionniers du e-commerce au sein d’agences parisiennes à la pointe. Il se souvient des prémisses du secteur que seuls les plus impliqués comprenaient ; des journées passées à plancher, des nuits en lits de camp installés sur place, des soirées enfumées, des idées fumantes et des budgets alloués sans latence.

 

Portrait de collaboratrice, Dominique

Le point d’orgue d’une carrière durant laquelle Dominique ne fit jamais preuve d’orgueil, quand bien même son humeur constante et sa gouaille légendaire, remarquées partout, lui ont érigé une réputation d’affable à l’écoute. Il faut dire que la Technicienne de surface ne s’est jamais contentée d’y rester lorsqu’elle tissait quelques affinités à l’occasion d’une pause ou d’une discussion à la volée. De son quart d’heure rituel en compagnie d’Olga, directrice de la compta, à ses déjeuners partagés à l’accueil, aux côtés de Catherine, c’est à force de conversations en pagaille qu’elle s’est hissée à un niveau de savoir que pourrait envier n’importe quel RH ; Dominique connaît les manies de Marie, les habitudes de Harry, les anecdotes glanées à l’informatique jusqu’aux emplois du temps de la logistique.

 

Portrait de collaborateur, Basil

Amenez un Livreur à se livrer, il se produira des effets à réception. Si son métier pris à cœur lui a conféré une renommée d’ambassadeur, Basil soigne une discrétion de fond, lui qui pourrait d’ailleurs en être le convoyeur. Diplômes en logistique classique et sa variante humanitaire, licence en géographie et qualité d’agent de maîtrise en commerce – toutes ces qualifications étagées pourraient en encombrer d’autres, ce sont surtout les qualificatifs élogieux de ses clients dont il souhaite être l’apôtre.


Extraits : LE COMPTOIR DE MATHILDE

Portrait de dirigeant, Richard

Le verbe franc en vigueur et le tutoiement de rigueur, Richard est de ceux qui ne sauraient camoufler leurs affects, pas même dans les affaires. Et parce que sa loyauté tient plus de la bonhommie que des discours de bonimenteur, c’est avec un seul BEP compta que Richard est devenu quelqu’un sur qui l’on peut compter. Fidèle à ses premiers fournisseurs, il les sollicite et les garde dans son cœur, quand bien même il pourrait trouver moins cher ailleurs. Un homme qui fédère et qui a aussitôt permis à chacun de trouver en son Comptoir une raison d’y croire.

 

Et si vingt-cinq années d’entrepreneuriat pavèrent la piste menant à l’épicerie fine, le fondateur du Comptoir de Mathilde a cheminé avec un bagage assez rempli pour satisfaire les appétits, et exercer cette science de faire bombance. À commencer par l’arrière-boutique du foyer familial, cette boulangerie où, à tout moment, s’éveillaient quelques fringales. Dès ses plus jeunes heures, fleurant bon la brioche au beurre, Richard calqua sur ses parents la hargne et le goût du labeur. Les effluves de cacao, que le paternel pâtissier laissait dans son sillage, étaient d’ailleurs autant de présages à la future activité d’un gourmand invétéré. Si la confection de joyeusetés chocolatées et de spécialités invitant à la convivialité tenait pour lui de l’évidence, Richard trouva moins son talent dans le travail de l’artisan que dans la gouaille du commerçant.

 

L’effet de la réussite entraîna Richard et « la poignée de fadas » dans des journées rythmées par des zestes de citrons de Menton épluchés par montagne, des déjeuners partagés arrosés d’un peu de vin, et des au revoirs de courtes durées. La signature gustative soigneusement emballée comme à l’ancienne attira d’emblée des petits commerçants prêts à rejoindre, en toute franchise, le modèle original. Richard doubla ses fonctions d’entrepreneur en y ajoutant celles de franchiseur. Les élans insouciants devinrent pragmatisme sourcilleux, et Le Comptoir de Mathilde essaima sa bonne humeur par-delà la Drôme, de sorte que ses devantures sont désormais autant de points cartographiant l’Hexagone.

 

Portrait iconique de marque 

Qu’elles s’étalent sur la clameur d’une rue passante ou se nichent dans le tumulte d’une avenue marchande, nos boutiques ont le don d’encapsuler tout un monde au point d’en faire oublier celui qui gronde. Le Comptoir de Mathilde compte assez de divines sucreries, et de mets d’épicerie fine, pour que le visiteur presque tenté devienne un habitué patenté. Passée l’entrée, il est catapulté dans une époque qui lui semble familière, comme monté à bord d’une machine à remonter ce temps qu’il aurait aimé connaître. Une atmosphère nostalgique enveloppante, habituellement réservée aux mamies gâteaux, aux commerçants qui empaquettent les francs en rouleau, aux musiques doucement désuètes, aux airs de polka, au charme des polas, aux bonbons, caramels et chocolats. Derrière la caisse de chacun de ces magasins, un trompe-l’œil différent saisit encore le nôtre. Habillés des menus détails de ces peintures à la main, les murs portent fièrement l’emblème de la ville, l’icône des environs ; à Lyon, l’atmosphère du quartier de Saint-Jean répond au somptueux passage Pommeraye de Nantes, et le téléphérique du Mont Faron se dessine à Toulon quand le pont se voit croqué à Avignon.

 

Il n’est peut-être pas ici question de succession traversant les siècles de génération en génération, mais ce respect des valeurs, et de la tradition, fut enseigné dès le biberon. Finalement, sans hériter d’une devanture, Richard Fournier s’est lancé dans cette aventure comme on chercherait un trésor ; prêt à bâtir un monde à part pour réunir des parcelles de réconfort. Un hommage à cette chocolatière de Montbrison qui s’est dédiée au travail – sa grand-mère, dont la présence rassurante suffisait à se faire sentir comme au bercail.

 

Du côté des boutiques du Comptoir de Mathilde, on ne vend que ce que l’on élabore ou fabrique. Les classiques régressifs ravivent même les goûters d’autrefois, et réunissent les enfants d’aujourd’hui autour d’un quatre heures d’euphorie. Les saveurs venues d’ailleurs, elles, parfument les paniers cadeaux, étoffent les retrouvailles improvisées autour d’un apéro, les repas où s’invitent les envies partagées et les moments de vie à graver. Quant aux épicuriens les plus curieux, sûr que leur audace trouvera satisfaction à l’ombre de quelques innovations maison, de ce vinaigre à la mangue à ce chocolat crépitant sous la langue. Dès lors, promesse est faite que d’une bouteille ou d’un pot vide, naisse le désir de pousser à nouveau la porte du Comptoir de Mathilde.


Extraits : ATELIERS JOUFFRE

Portrait iconique de marque 

Le tapissier a cette habileté dans les doigts qui module la matière sans barrière, cette vision des volumes peu commune qui s’allume à la mention de mousses ou de plumes. Au sein des Ateliers Jouffre, il silhouette de ses ciseaux des tissus voués à se draper en toute dignité, manipule le fût comme un potier sculpterait l’argile sur son tour, interprète le tracé en jonglant avec les outils et un jargon aussi ancien que racé.

 

Reconnaissables à leur signature épurée, à l’exactitude d’une époque contemporaine où la simplicité est reine, les Ateliers Jouffre continuent de construire sur ce que les siècles ont su instruire. Les artisans connaissent bien l’adage : cent fois sur le métier, ils remettent leur ouvrage. Entre le guindage, l’anglaisage et les carrelets, l’aiguille courbe qui pique et façonne le bourrelet en crin ; entre son lexique et l’héritage de ses techniques, sûr que le métier de tapissier a décidément son mot à dire. Au-delà de la noblesse des lettres, les talents Jouffre cultivent la noblesse de l’être. Ils respectent toutes ces petites histoires avant l’heure qui formèrent la grande – elle est aussi la leur. C’est dans les lignes d’étoffes croisées que Charles Jouffre a apprivoisé un avenir dont il ignorait les aboutissants.

 

Lui qui se projetait au mieux petit tapissier de quartier s’est laissé initier à la très haute décoration par le maître des lieux, qui l’introduit à tous ses chantiers, à leurs menus copieux. Afin de remédier à son talon d’Achille, Charles planche pour deux ; l’élève a su asseoir son expertise des sièges par quelques cours du soir glanés aux Beaux-Arts. Lassé de constater que les créations françaises s’enferment dans les éternelles influences impériales et baroques, Charles ne pouvait que s’envoler au Gabon, aux USA, au Maroc, dès que l’opportunité lui fut offerte d’empoigner la planète dans sa paume ouverte.

 

Portrait de collaborateur, Lionel 

Quittant en quatrième vitesse cette école qui tenait à l’étroit son adresse, Lionel Munck s’engagea sur les routes du compagnonnage afin d’acquérir un savoir-faire qu’on croirait issu d’un autre âge. Armé d’un œil à la hauteur de sa fidèle machine à coudre, le tapissier des Ateliers Jouffre se fait habile de l’aiguille, et habille les carcasses attendant d’être remplumées, matelassées, garnies de cuir ou de tout autre matériau exotique voulu par certains commanditaires quelque peu excentriques. Surpiqûres et énigmes de structures ne faisaient certes pas le poids face à celui qui veut toujours occuper ses dix doigts. Alors Lionel alla décrocher le sésame ultime, celui qui jauge les efforts et les prime ; un titre de MOF sur lequel l’humilité s’interroge bien plus que la suffisance ne s’en couronne.

 

Portrait de collaborateur, Franck 

Il y a chez Franck tous les côtés d’un personnage fantasque qui n’aurait pas dépareillé entre les pages d’un Franquin, une facette de roublard bavard qui fleure bon le souvenir de Vautrin. D’avoir tant manié la gomme pour effacer ses traces sur la feuille, l’humble dessinateur semble superposer plusieurs hommes en un seul : tour à tour livreur, vendeur de canapés, ouvrier toujours banco pour taper ou dresser du placo, restaurateur d’estomacs puis de mobilier, son parcours atteste que piocher dans tous les rayons a alimenté, mine de rien, celle de son crayon.


Extraits : LE BON MARCHÉ

Portrait de collaboratrice, Charlotte

La tradition fait un vilain défaut de la gourmandise, mais pour Charlotte, il faut assurément pêcher dans ce vice capital pour préparer de capiteuses friandises. L’Adjointe au chef pâtissier ne pourrait s’ennuyer de ce lieu où pétillent les papilles : ciselées comme des lapislazulis et confectionnées sur place, nappées de coulis ou saupoudrées de sucre glace, les créations se réinventent avant que le palais ne s’en lasse.

Portrait de collaborateur, Hakim 

En tant que Chef boucher de La Grande Épicerie de Paris, Hakim s’échine donc à froisser les clichés qui figent sa filière dans des silhouettes bourrues, aux façons de bourrin. Et bien qu’il lui faille soulever sans ménagement des carcasses de cent-dix kilos, et y aller franco pour en détailler le moindre morceau, in fine, c’est toujours la finesse de la découpe qui prime, la précision de la présentation qui donne à la bonne chère un tout nouvel attrait : séduire la vue avant de combler le palais.

Portrait de collaboratrice, Vinciane 

Dans la cave de La Grande Épicerie de Paris Rive Droite, la lumière ne laisse aucune place à la pénombre : mieux, elle jette ses rayons sur des bouteilles en nombre. Ici, les années défilent au gré des cépages et de leurs assemblages ; les terroirs, cuvées et étiquettes s’affichent en ribambelle, si bien que sous le charme de ce plafond voûté, on ne compte plus les bouchons à faire valser.

Portrait de collaborateur, Arnaud 

Étoffant son équipe jusqu’à devenir référent, Arnaud embrasse cette chasse à la « petite bête » qui le caractérise et l’électrise dès qu’il empoigne ses outils, si bien que Le Bon Marché est légitimement couronné pour sa fiabilité sans faille et son amour du détail. Qu’importe s’il faut se lever aux aurores, bien avant les réveils, puisque c’est dans le silence des heures solitaires qu’Arnaud ausculte au mieux ses patients de fer. Paradoxalement, pour un horloger qui se sent à sa place, c’est un plaisir que le temps passe.

Portrait de collaborateur, Nicolas

Posté derrière le desk et paré aux questions qui s’apprêtaient à lui être posées, le néophyte façonna trois ans durant une posture d’impeccable : body language et parole sans à-peu-près, mais toujours à-propos. Alors, quand le conseil en achat prit son essor, celui qui est à l’écoute de la moindre vibration agitant la mode eut à cœur de prouver qu’une telle fonction était de son ressort. Par-delà les sessions qui laissent volontiers les minutes s’égrener, où se croisent les tenues, les teintes, les marques convoitées et les remarques éclairées ; par-delà la ferveur de déclencher d’intenses réactions grâce à une dentelle de Calais ornant une pièce de créateur, c’est à la marge de ce quotidien parfois fantasmé qu’affleurent tous les efforts du Personal shopper.

Portrait de collaborateur, Ousmane

La sécurité et les rouages bien huilés sont devenus le centre de son attention, car Ousmane a filé une carrière piquée par les enjeux logistiques, et entamée dans la manutention. Il a suffi d’un job d’été en tant que magasinier à l’aéroport de Roissy, pour que le diplômé d’un bac pro en électrotechnique quitte les bancs d’école sans ambages vers les pistes de décollage. Progressant sous la houlette d’un supérieur passé par l’armée, le jeune homme résista à la pression de l’urgence et décrocha ses galons de chef d’équipe en gérant l’acheminement des avions en kit : roues, moteurs, sièges et cockpits. S’il éleva également le niveau de sa gymnastique en affrétant pour les sociétés pétrolières des cargos Beluga, Ousmane fit le choix de se défaire de la raideur de son secteur pour un univers plus raccord à son goût pour la finesse et le courtois.

Portrait de collaborateur, Thibault

Avec son humour, cette aisance à se joindre aux intérêts des jeunes pousses et sa chevalière stormtrooper au doigt, le Conseiller de vente est à sa place parmi ces monts de jouets colorés, en plastique, en mousse ou en bois. Si Thibault assure ses responsabilités avec un sérieux retranscrit dans les rayons, les stocks et une manutention des plus carrés, l’affable vendeur n’hésite pas à donner de sa personne pour concevoir des univers immersifs dont la mise en scène laisse béat, à se montrer à la hauteur des minots trépignant devant ces trésors qui leur tendent les bras.


Extraits : GRAND LARGE YACHTING

Portrait de collaborateur, François 

Alors que l’autodidacte réparait et bidouillait ses bateaux sans jamais aller au bout, il peaufina ses connaissances apprises sur le tas par une formation en automatisme. Depuis, François confirme que le travail manuel n’a rien de la bricole, et qu’il peut être bon de passer un peu de temps sur les bancs d’école. Entre les journées à carréner et les mois à œuvrer dans l’estrudage plastique, son entrée sur le marché du travail vit sa ferveur se réfréner. Le coup de fil d’un camarade de promo crut raviver les espoirs de François, qui finit par se retrouver au bon poste, au mauvais endroit. Plutôt que les paysages de granit et les brises de Breizh, François se contenta du ciel lourd du Cotentin, de cette Normandie au caractère renfermé qu’il ne quittera pourtant plus jamais.