Extraits : MAISON ALCÉE

Portrait de dirigeante, Alcée

Plutôt que de fustiger un patrimoine en déperdition, c’est sans cris d’orfraie que la fondatrice de cette Maison suscite l’envie de se frotter au travail d’orfèvre. Chacun dispose du matériel nécessaire à l’expérimentation, à la construction d’une pièce unique qu’il est possible de s’approprier de génération en génération.

 

Plus encore que l’étude des frottements et les calculs savants, plus encore que la gestion, l’optimisation et les premiers pas en management, Alcée garda de son passage Hermès un émerveillement pour la noblesse des matières et une manufacture tout aussi altière. De ces étoffes de soie sublimées par des couleurs qui jamais ne s’évaporent à ce cuir tanné, brossé, et marqué à la feuille d’or, la jeune cheffe de projet ancra là ce besoin d’esthète de pourchasser le beau. Une quête qui l’aiguilla d’abord chez Cartier, Richemont, puis en Suisse, vers le petit monde de l’horlogerie, où la mécanique de l’heure se commande tant par la raison que par le cœur.


Extraits : HUILERIE BEAUJOLAISE

Portrait de dirigeant, Jean-Marc

Il suffit de remonter à l’enfance de Jean-Marc Montegottero pour comprendre que mécanique et débrouille en ont fait le terreau. Le gamin, qui se figurait en agriculteur à la tête de son exploitation, a compté sur la ruralité et l’espièglerie pour lui fournir la meilleure des préparations. Jean-Marc n’avait pas idée de se faire huilier qu’il bidouillait déjà les roulements à bille de ses karts, construisait des cabanes dans la forêt, et rassasiait les réservoirs des voitures aux abois. C’est pourtant sans grande pompe que ce pompiste adolescent fut présenté à ce qui deviendra sa vocation toute sa vie durant : un moulin en ruines découvert dans l’arrière-boutique de la quincaillerie tout juste rachetée par ses parents. S’ils ne lui ont pas légué l’affaire, le futur dirigeant de l’Huilerie Beaujolaise hérita de ses ascendants une indéfectible volonté de faire.

 

En cultivant sa forme d’excellence, l’artisan d’aujourd’hui veille à ce que qualité et quantité soient les deux versants de chaque goutte versée. Aussi, lorsque la saveur dévie du résultat attendu, c’est une cuve jetée, plutôt qu’une excuse chuchotée, pour celui qui ne sait pas se contenter – et met un point d’honneur à manger ce qu’il a semé.

 

Écrits couture

Sans me dérober, j’avoue avoir été délabré. J’étais l’un de ces trente moulins de la région, dont on remarque à peine la disparition. Je n’avais donc d’autre choix que d’être détruit ou réveillé. Et une fois que je le fus, pas question de rouler des mécaniques, de concevoir un bolide ou de s’improviser gros calibre ; tout au plus Jean-Marc a-t-il fait de moi un instrument pour s’émanciper, pour être libre. Je me rappelle les pelletées de fruits jaugées sans autre balance qu’une estimation faite à la main, les ajustements plus ou moins savants pour améliorer les protocoles en vigueur depuis deux-cents ans, les astuces bricolées pour éviter que mes fournées connaissent un sort infortuné. En plus des cagettes, j’ai engrangé mon quota d’anecdotes – de ces tranches de vie qui ravigotent, et sont contre l’abattement le meilleur antidote. 

 

L’extraction d’huile vierge de cacahuète, j’en ai fait ma gourmandise. Un nez affûté captera toujours les notes grillées des arachides, ainsi que les effluves puissants qui se dégagent des poêles à vide, et font aussitôt penser au pain fraîchement toasté, ou à la douceur pralinée. Je ne me sens pas usé par les années, mais désormais de taille à assumer cette vocation de musée qui se devinait peut-être à mon penchant conservateur. J’ai fait ma part, et vu s’élargir la famille Huilerie Beaujolaise : il est temps que le petit nouveau reprenne les noix et travaille pour moi. Au fond, je lui cède ma place sans me voiler la face ; je le sais étudié sur la forme, et impeccable sur les normes.


Extraits : ATELIER DE SOULTRAIT

Portrait de dirigeante, Véronique

C’est depuis son atelier lyonnais qu’elle désamorce le déjà-vu par des reliefs et des rendus aussi bien inspirés par le magnétisme de la spirale que par la rectitude de Mondrian. Des décorations murales, des parois, des portes et des claustras qui ont su taper dans l’œil des architectes d’intérieur et des designers, et que l’instinctive exporte à présent là où le luxe se ravitaille : des rives de Paris aux grands restaurants du littoral, de Shangaï à Dubaï. Et si, à chaque commande, la crainte des attentes ne manque jamais d’imprimer son empreinte, Véronique sait pouvoir compter sur son sens de la composition, elle qui a toujours trouvé son équilibre entre l’héritage d’un nom à particule et ce désir de s’en soustraire sans scrupule. 

 

Le besoin de retrouver une liberté créative s’imposa toutefois comme un motif décisif pour que Véronique revienne au support mural et au tableau décoratif. Voilà qu’elle enrichit le travail traditionnel de la maille en l’appliquant à la corde, réinventant à l’envi les approches et les méthodes, au service d’une esthétique sans excès ni ostentation : rythmes inspirés de l’abstraction géométrique, monochromes qui apaisent et soulagent, pièces uniques issues d’un savant métissage.


Extraits : MURGIER

Portrait iconique de marque

Il n’est de lieu de restauration pour lequel le groupe Murgier ne saurait honorer sa mission de distributeur de boissons ; des établissements où les soifs sont étanchées aux terrasses où l’on aime s’épancher, des petites cantines aux belles tables où l’on dîne. Les cafés, les bars et les caves ne pourraient s’éclairer d’autant de références si une armada de camions ne se chargeait de les acheminer. Un remue-ménage que les équipes Murgier ordonnent, structurent et aménagent en apôtres du dépôt et du stockage. Mais par-delà les quais de chargement qui s’étirent du siège rhodanien jusqu’aux quatre coins de la région Rhône-Alpes, par-delà les rachats effectués par quatre générations d’entrepreneurs entêtés qui ont fait de la PME familiale une entreprise de dix entités, c’est bien l’amour du produit qui permet à la société de remplir sans modération la satisfaction de ses clients.

 

Avant que le distributeur par héritage et par passion ne tisse un maillage intelligent des quais du Rhône aux stations des Alpes, avant qu’il ne s’entoure de plus de deux-cents collaborateurs, c’est dans la seule rue des écoles de Miribel que Marius Murgier s’attelait au labeur. Depuis la reprise d’un premier fonds de commerce dans le vin en gros, la diversification s’est toujours faite au fil des successions : les époux Marcel et Marceline inscrivirent les softs et la bière à la carte Murgier, tandis qu’Annie et Alain y ajoutèrent le café. Ce dernier se dépensait sans compter pour l’enseigne familiale et tenait l’entreprise par sa façon de tisser des relations, en faisant valoir ses talents de commerçant directement au comptoir. Il dépannait ici au pied levé un client devenu copain, soutenait là un chauffeur pressé le temps d’une tournée à quatre mains. Et si le président disparu est ancré dans la mémoire des plus anciens, elle sut aussi guider le fils, lorsqu’il dut prendre les rênes du jour au lendemain.


Extraits : LOKKI

Manifeste

C’est vrai qu’à notre époque, le temps manque à tout le monde,

Défile sur nos écrans, cogne à nos poignets, et fait sa ronde.

Mais quand il se sait choisi, choyé, et non plus ou compté

Comme dans nos boissons vivantes, il devient nourricier :

Chez nous, chaque bouteille peaufine le déroulé de son histoire,

Développant des saveurs qui pétillent de surprises à boire.

 

Revenir aux bienfaits de l’alimentation, voilà une belle entreprise,

Pour favoriser les plats sains et complets, l’alternative est comprise.

Mais si l’on soigne les bouteilles, elles sauront toutes vous le rendre :

Précurseurs d’une transition, nous avons des convictions à revendre.

Soyons raccords entre le rêve, le verre, l’éthique, et l’étiquette,

Pour qu’à l’heure du changement, la boisson ne reste plus muette !


Extraits : ATELIER LISON DE CAUNES

Portrait de dirigeante, Lison

À l’heure où beaucoup se proclament descendants de la discipline, l’histoire de Lison est encore celle d’une femme de panache au flegme romantique, d’une pionnière discrète qui a ouvert le chemin il y a plus de trente ans, lorsque la paille n’arrachait qu’un haussement d’épaules, mais méritait de s’élever au-delà des portes closes. Un à un fauchés dehors, sur les champs où ils se dressent dans leurs sobres habits d’or ; un à un séchés, fendus tout le long de leur fût ; un à un sélectionnés, positionnés, additionnés, pressés, lissés, collés : même quand l’odyssée de ses brins de paille verse dans le surréaliste, la petite-fille d’André Groult ne cesse de choyer ses protagonistes.

 

C’est un fait bien établi, Lison de Caunes s’éloigne rarement du sien. Là où certaines expertises nécessitent une batterie d’outils dernier cri, machines vrombissantes et algorithmes quasi-mystiques, la sienne se fie à des capteurs plus sensibles encore. Son scalpel coupant à gestes nets et imperturbables afin que le résultat ne soit jamais rien de moins qu’impeccable, la créatrice est de ces infatigables qui s’en sont toujours sues capables.

 

C’est là que les tiges s’ajoutent et se jouxtent, qu’elles s’enlacent dans l’écrin d’une cour arborée et ensauvagée d’une vigne. Là où brille cette bonne étoile qui prémunit les désastres et envoie ses signes. Sitôt franchies ces portes vertes au charme confidentiel, mais ouvertes pour quiconque veut tester son adresse, ce sont encore les paravents, les pétulants parterres de fleurs, les bottes en îlots chamarrés et la fragrance de la cire qui se chargent de recevoir les visiteurs. Ils auront déjà attiré aux Ateliers talents et profils originaux, prêts à patienter pour être au plus près de l’expertise originale.

 

Que sa recherche se trame dans le silence à peine froissé par le murmure de ses doigts qui plaquent, répliquent, repiquent, et traquent la moindre imperfection, qu’elle persiste dans les complexités, l’intrication des idées apparemment tordues, leurs implications une fois l’énigme résolue, l’artisane se réjouit que les projets les plus alambiqués viennent taquiner ses qualités d’alchimiste, que la matière demeure cette amie farouche qui résiste. Les sommets de sa pratique ont bien pu, un temps, se coiffer de dépit, après avoir ébouriffé les jours et les soirées sans répit, Lison de Caunes réservera toujours une place de choix à ses favoris en épis.


Extraits : LA FRENCH BOUTIQUE

Portrait iconique de marque

Il est un mérite à oser l’insolite, à quitter ce territoire que l’attendu délimite. Pour apporter du sens à l’exception française, nous tournons un œil exercé partout où l’extraordinaire se plaît à percer : qu’il s’agisse d’un assortiment de parfums que nul autre n’a pressenti, ou d’un fuseau de lavande entrelacé d’un galon suscitant la surprise, La French Boutique valorise des aventures écrites jusqu’ici à la marge. 

 

Si une griffe est pensée pour laisser sa marque dans la mémoire, de nombreux symboles façonnent notre Histoire. Au pays du Roi Soleil, c’est à une constellation de Maisons que l’on doit la force de ce rayonnement. Croyez bien que La French Boutique a confectionné son florilège comme on préparerait un bouquet : des fines fleurs de l’artisanat aux collections exclusives que nous prenons soin de sélectionner pour leurs qualités d’ambassades, du sérieux à cette certitude gardée en tête que l’exemplarité se retrouve au-delà d’une étiquette. 

 

Puisque la réussite se passe d’implicite, et que l’art s’accompagne autant que la manière, La French Boutique s’applique à éclairer par le biais d’un site marchand, parsemé de précieux enseignements : méthodes pour que la garde-robe ne se dérobe pas devant les oscillations de la mode, conseils pour forger les alliances entre les fragrances, reportages sur les arcanes des plus belles caves. Toute culture doit être nourrie pour s’enraciner, puis porter ses fruits : c’est aussi pour cette raison que la France savoure tant de raisins. Force est d’admettre que les nuances des vins seraient trop à l’étroit entre les pages d’un banal manuel d’emploi, que les plus brillantes parures seraient privées d’éclat si personne n’en connaissait les vraies facettes. Le bien servir est une philosophie épicurienne que notre pays a fait sienne. Une philosophie grâce à laquelle on apprend moins à boire qu’à déguster, où l’on apprend moins à déchirer rubans et papiers qu’à laisser son cœur s’emballer. 

 

Portrait de dirigeant, Gilles

À quoi bon débarquer en conquérant, les valises pleines à craquer de certitudes, quand il est savoureux d’endosser le rôle de l’apprenant, et d’adopter l’humilité de recevoir comme une attitude ? Guidé par cette soif de culture qu’il soigne et rassasie, Gilles Rogers-Boutbien s’est depuis longtemps épanché en Asie : un terreau de civilisations devant lequel l’assurance occidentale fait figure de jeune pousse. Et avant de porter La French Boutique au pays de la Grande Muraille, il avait déjà parcouru en guise d’entrée dans les patrimoines asiatiques la patrie des samurai, contemplé les œuvres gigantesques et pointillées au pinceau miniature, jusqu’à emprunter d’autres traits de peinture, vers les origines du sens et de l’écriture. Son propre récit était pourtant loin d’être tracé ; plutôt que de s’accommoder d’un parcours sans anicroche, plutôt que de piocher dans la carrière la plus proche, Gilles a bâti des édifices, en posant délicatement chaque pierre convenant à chaque exercice.

 

S’il aime tant s’asseoir à la table des discussions pour briser la glace, c’est que Gilles s’est très tôt habitué aux banquets où l’on rompait le pain, les bannières ou les dogmes – ces petites chicanes qui divisent les nations et les Hommes. Ce rituel de la porte ouverte lui solidifia la conviction qu’à défaut de parfaitement se comprendre, des mondes parallèles pouvaient partager les bienfaits et se les rendre.


Extraits : FABIELLAB

Portrait de dirigeante, Fabienne

Parce qu’une empreinte olfactive peut prendre une teinte autrement plus affective, la fondatrice de Renais-Sens pourrait elle-même replonger avec aisance dans les ressacs de souvenirs enracinés à Messac par l’émanation du café au lait, du miel ou de la poire ; revenir à la douceur des vergers et des ruches qui parsemaient la terre de ses grands-parents. Fabienne pourrait aussi bien s’étendre sur cette légèreté qui la traverse sitôt son odorat sollicité, que sur ce plaisir d’ouvrir les portes des laboratoires Gattefossé où sa première expérience inaugura deux décennies de carrière dans la cosmétologie.

 

Au sein de son espace où s’amoncellent les souvenirs de voyage et tant d’autres inscrits à même la pierre, où son émerveillement pour le Cirque du Soleil rejoint les inspirations chamarrées à l’indienne, une seule pièce détonne avec l’atmosphère. Dans un atelier aux murs immaculés trône un bureau rangé de façon méthodique, surplombé d’un orgue à parfums exposant des centaines de bouteilles alignées par ordre alphabétique. Car si l’intuition se charge d’associer les extraits et les concentrés, l’accoutumée des spiritualités et des introspections garde en tête cette exigence affûtée par les responsabilités, la droiture scientifique de la pharmacienne, l’attention au détail de l’ancienne cadre dirigeante.

 

Aux rendez-vous pédagogiques, aux fabrications pour les entreprises, s’ajoutent progressivement la conception d’une collection d’eaux de saison et de papier, des envies d’intervenir auprès des patients médicalisés ou d’apposer un sceau olfactif sur les liens qui unissent les jeunes mariés. Galvanisée par l’exploration de combinaisons déclinées à l’infini, enivrée par la liberté de transformer une formule en alchimie, Fabienne a renoué à sa manière avec un sens créatif qui l’étreint, et n’a aujourd’hui de cesse de parfaire la finesse de ses parfums.


Extraits : ELI GRITA

Portrait de dirigeante, Julia

Il aurait été trop évident pour l’assertive de s’autoriser à monter son entreprise ; elle savait pourtant justifier un départ éclair pour les Amériques, ou provoquer la suerte pour accoster le monde de la musique. Il aurait été trop simple, pour l’intuitive, de tracer une ligne droite entre les défilés pailletés, improvisés plus jeune sous l’œil d’une aïeule maternelle, et ceux que la dirigeante organise désormais dans la confidentialité des grands hôtels.

 

Outre le succès de sa Power Jacket que de nombreux convaincus endossent sur les papiers glacés et les plateaux télé, sa signature agence et fédère tout ce que l’artiste parisienne et sa mine lumineuse ont semé de prestations scéniques, de sculptures géométriques, de pas de danse et de tours de chant, de spiritualité et d’expériences initiatiques. À la manière des vingt-trois empiècements épars, puis assemblés en une veste iconique, ce sont les fragments les plus intimes de Julia qui cohabitent sous le pseudonyme chamanique d’Eli Grita.

 

Julia s’affaire avec légèreté, cumule les anecdotes abracadabrantesques, partage ses looks et ses fous rires telle qu’elle est, et jamais comme le protocole le voudrait. Elle échange avec ses partenaires en pleine séance de yoga ou leur répond sur un paddle en pleine mer, parce qu’elle ne saurait donner autant de souffle aux vêtements sans respirer, sans prendre le temps. Elle qui a toujours eu la capacité de « se brancher à l’autre », travaille moins pour vêtir que pour faire étinceler ses hôtes. La trentenaire qui se repère sans peine dans le dédale du Tarot de Dodal, et connaît par cœur le langage des couleurs, sait charger ses réalisations d’un symbolisme signifiant. Un sur-mesure qu’il faut définitivement être prêt à porter.


Extraits : CLIMB UP

Portrait de dirigeant, François 

De son curriculum, où se côtoient médailles et podiums, à son parcours qui se partage l’art de la varappe et la création en cascade de salles d’escalade, le spécialiste des voies longues a pavé la sienne à vue, se plaisant à enchaîner les hauts faits sans en présager les effets. Et si de prise en prise, François Petit créa sa propre entreprise, c’est qu’il sut très tôt aligner ses objectifs sur son positivisme de sportif, superposer la gestion des affaires à ce sens de l’aventure qu’il tient de son père.